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Le «califat» chancèle, mais ses partisans rêvent d’un retour sanglant

«On se vengera, il y aura du sang», le groupe terroriste autoproclamé État islamique «va rester et s’étendre». En fuyant son ultime réduit dans l’Est syrien, des jihadistes promettent un retour en force de l’organisation ultraradicale en passe d’être vaincue.

Le «califat» chancèle, mais ses partisans  rêvent d’un retour sanglant

Des milliers de personnes, dont de plus en plus d’éclopés et de blessés continuent d’abandonner la petite poche de l’État islamique (EI) dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie. Parmi eux, de nombreux hommes et femmes refusent de reconnaître la défaite inéluctable des derniers jihadistes acculés. Faisant mine de jeter leurs chaussures, près d’une dizaine de femmes prennent à parti les journalistes, lançant des pierres sur les caméras. «Nous sommes sortis, mais il y aura de nouvelles conquêtes», «l’État islamique va rester et s’étendre», «on se vengera et il y aura du sang jusqu’aux genoux», hurlent-elles. Après avoir passé la nuit à l’extérieur près de Baghouz, sur une position des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui mènent l’offensive contre les jihadistes, ces femmes seront transférées vers les camps de déplacés du Nord-Est syrien. «Les vauriens et les peureux sont sortis, et nous (les femmes) sommes parties parce que nous étions un fardeau pour les hommes», explique-t-elle. Interrogée sur le sort de son mari, membre de l’EI, Oum Mohamed marque une hésitation, puis dit : «Qu’il soit vivant ou mort, je remercie Dieu». Après une montée en puissance fulgurante en 2014, les jihadistes avaient proclamé un «califat» à cheval sur de vastes régions conquises en Syrie et en Irak, attirant des milliers d’étrangers.

L’EI avait imposé son règne de la terreur à des millions de personnes, établissant sa propre administration : monnaie frappée, collecte des impôts, police des mœurs, programmes pédagogiques dans les écoles, rien ne manquait à ce proto-État. Mais au terme de multiples offensives, les jihadistes ont tout perdu. Sauf, visiblement, la fidélité de leurs disciples. «La population de l’EI qui est évacuée des derniers vestiges du califat reste largement impénitente, résolue et radicalisée», confirmait jeudi le chef des forces américaines au Moyen-Orient, le général Joseph Votel. Un civil ne cache pas sa déception vis-à-vis du «calife» Abou Bakr Al-Baghdadi, dont le sort demeure inconnu. «Il nous a confiés à des gens qui nous ont laissé tomber. C’est lui qui est responsable, à nos yeux il est notre modèle», dit-il. S’il a mis autant de temps à sortir, c’est parce que ses cousins étaient des combattants de l’EI et qu’il craignait être arrêté par les FDS. Âgé de 30 ans, il parait bien plus âgé avec sa barbe et ses cheveux grisonnants. Malgré les déconvenues, il continue de souhaiter de nouvelles «conquêtes» pour le «califat islamique» et son chef Baghdadi. 

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