Le candidat à la présidentielle tunisienne Nabil Karoui a été accueilli en héros à sa sortie de la prison de la Mornaguia, à 20 km de Tunis. Homme d’affaires et des médias, M. Karoui était détenu depuis le 23 août, dix jours avant le début de la campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle, une arrestation qu’il a qualifiée de politique. La Cour de cassation a décidé de libérer M. Karoui, qui reste inculpé de fraude fiscale et blanchiment d’argent. «Le mandat de dépôt contre Nabil Karoui est annulé, l’enquête se poursuit, mais il est libre», a indiqué un de ses avocats, Me Nazih Souei. Il lui reste deux jours pour faire campagne, durant lesquelles il est invité à participer à un débat télévisé inédit avec son adversaire vendredi soir.
Cette libération a éclipsé la confirmation officielle que le parti d’inspiration islamiste Ennahdha était arrivé en tête aux législatives de dimanche avec 52 sièges sur 217, devant son principal rival, le parti de Nabil Karoui, Qalb Tounes, 38 sièges. Le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui se présentait pour la première fois à une élection, a été élu député. Tout comme le frère de Nabil Karoui, Ghazi, qui n’a pourtant plus été vu en public depuis qu’un mandat de dépôt a été émis contre lui en août.
Ennahdha sera donc chargé de former le gouvernement, une tâche compliquée étant donné le morcellement du Parlement. Ennahdha reste le principal parti du Parlement, mais il est loin des 89 sièges obtenus en 2011, et des 68 dans l’Assemblée sortante. En outre, contrairement à 2014, vu la fragmentation des forces, il lui sera difficile de trouver un partenaire de poids pour former une coalition gouvernementale, nécessitant 109 voix.
Qalb Tounes, fondé en juin autour de la personne de M. Karoui, qui a rassemblé des personnalités hétéroclites et fait campagne contre la pauvreté, effectue une entrée remarquée au Parlement. Mais «va-t-il survivre longtemps ou sera-t-il victime de ses contradictions», s’interroge l’ex-député Sélim Ben Abdesselem. Le parti social-démocrate Attayar («Courant démocrate») du militant des droits de l’homme Mohammed Abbou a obtenu 22 sièges, marquant une nette progression de cette formation. Le parti vainqueur en 2014, Nidaa Tounes, a été balayé, passant de 86 à... 3 sièges. La solution d’un gouvernement de technocrates est également évoquée par nombre de commentateurs politiques, d’autant qu’Ennahdha a gardé un souvenir cuisant de l’échec de sa première expérience à la tête d’un gouvernement en 2011-13.
Le candidat à la présidentielle libéré, victoire d’Ennahda aux législatives
Le candidat à la présidentielle tunisienne, Nabil Karoui, a été libéré à quatre jours du second tour de la présidentielle. Un coup de théâtre au moment où les résultats officiels confirment une victoire en demi-teinte d’Ennahda aux législatives.
LE MATIN
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10 Octobre 2019
À 17:47