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«Les études réalisées aux niveaux national et international montrent que le facteur humain intervient dans plus de 90% des accidents»

Sensibiliser, communiquer, vulgariser les messages, mettre en place des mesures, assurer une présence continue et permanente des messages de la sécurité routière via tous les médias… le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) est actif sur tous les fronts dans le but de réduire au maximum le nombre des accidents et des victimes de la circulation. Comment le CNPAC assure-t-il cette lourde tâche notamment en cette période estivale ? Y-a-t-il une réelle amélioration dans la lutte contre ce fléau ? Les explications de Benacer Boulaajoul, Secrétaire permanent du CNPAC.

«Les études réalisées aux niveaux national et international montrent que le facteur humain intervient dans plus de 90%  des accidents»
Le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau, chargé du Transport, Mohamed Najib Boulif, a lancé lundi 22 juillet 2019 à Agadir, une série d’opérations de communication estivale autour de la sécurité routière.tttt Ph. MAP

Le Matin : La période estivale se caractérise par un nombre assez élevé en termes de risques routiers. Comment le Comité s’est-il préparé à cette période ?
Benacer Boulaajoul :
Les actions programmées durant la période estivale en matière de sécurité routière visent à confirmer la politique de proximité adoptée par le CNPAC dans son nouveau plan de communication, à exhorter tous les usagers de la route à respecter les règles de la circulation et à inciter à l’adoption des comportements positifs conformément aux dispositions du Code de la route.
Il est communément admis que la période estivale de chaque année est qualifiée de période de «grands départs» et connaît un trafic intense de la circulation qui n’est pas malheureusement sans risque d’accidents. Elle connaît une forte mobilité de la population sur les axes routiers et autoroutiers avec une forte concentration de la population le long des villes côtières ainsi qu’au niveau des stations balnéaires dans les montagnes. Aussi est-elle caractérisée par le retour des MRE avec plus de 350.000 véhicules qui s’ajoutent au parc automobile national. Cette hausse de mobilité et de trafic est corrélée constamment à l’augmentation du risque routier. L’objectif de l’ensemble des acteurs est d’assurer une certaine maîtrise du risque routier en s’appuyant sur l’ensemble des leviers, notamment la responsabilisation des populations cibles, en les incitant à doubler de vigilance, à respecter les règles de la circulation et à être courtois et indulgents sur la voie publique. À cet effet, le CNPAC a mobilisé plusieurs ressources humaines et financières dans le but de garantir la réussite des actions de communication, de sensibilisation et d’éducation programmées durant cette période de l’année. Ces actions ciblent le plus grand nombre des usagers de la route, notamment les Marocains du monde, les enfants bénéficiaires des colonies de vacances, les conducteurs de véhicules touristiques et les conducteurs 
professionnels.
En outre, nous avons essayé de diversifier notre arsenal d’actions que ce soit à travers une présence médiatique et digitale accrue tout en étant novateurs dans les approches communicationnelles ou via une présence renforcée sur le terrain. Dans ce cadre, nous sommes présents au niveau de 14 gares routières, dans les 3 principaux ports d’entrée des MRE et dans une dizaine de centres commerciaux dans les différentes villes du Royaume. Un «village de sécurité routière» est également mis en place dans 10 plages nationales pour animer des ateliers d’éducation routière au profit des enfants et des ateliers pour les adultes.
Nous sommes présents aussi au niveau de 26 centres de colonies de vacances dans le cadre de partenariats avec le ministère de la Jeunesse et des sports. Par ailleurs, et compte tenu du rôle extrêmement important des composantes de la société civile, une action de communication directe animée par les associations est en cours de mise en œuvre dans 53 villes, et ce, pour sensibiliser les différentes catégories d’usagers de la route, notamment les usagers vulnérables, à savoir les piétons et les utilisateurs des deux roues.

Malgré les grands efforts fournis en matière de prévention et de sensibilisation, le nombre d’accidents reste tout de même élevé. Quelles en sont les causes principales ?
L’analyse des données statistiques relatives aux accidents et victimes de la circulation routière au titre des cinq dernières années montre une amélioration continue des indicateurs de sécurité routière, notamment l’indicateur de gravité (nombre de tués et de blessés graves rapporté à 100 accidents) qui s’est amélioré de 9 points. Cette amélioration constante est le fruit d’un engagement sans relâche de l’ensemble des acteurs institutionnels, professionnels et société civile.
Il convient de rappeler aussi qu’en termes de chiffres absolus, le nombre de tués des accidents de la circulation enregistré en 2018 reste équivalent à celui enregistré en 2002-2003, sachant que durant cette même période le parc automobile a doublé et il en est de même pour le trafic routier.
Par ailleurs, établir un lien unique entre l’amélioration des indicateurs de la sécurité routière et la multiplication des actions de communication et de sensibilisation à elles seules demeure une analyse incomplète, voire incorrecte, puisque la problématique de l’insécurité routière est plus complexe compte tenu de son caractère multisectoriel. Les plans d’action retenus par les pouvoirs publics couvrent plusieurs secteurs, notamment la communication, l’éducation et la formation, la réglementation, le contrôle, l’infrastructure aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, la qualité des véhicules en circulation, la prise en charge des victimes en cas d’accidents, etc.
Concernant la cause des accidents de la circulation, les études réalisées aux niveaux national et international montrent que le facteur humain demeure prépondérant et intervient dans plus de 90% des accidents. En effet, les vitesses excessives et inadaptées aux moments et aux endroits, le non-port du casque, l’usage du téléphone au volant au moment de la conduite, la fatigue et somnolence au volant, le non-port de la ceinture de sécurité, la conduite sous influence de l’alcool… sont des comportements récurrents sur la voie publique.

Quels sont, selon vous, les points sur lesquels il faut travailler pour réduire efficacement le nombre d’accidents ?
Au Maroc comme à travers le monde entier, les accidents de la route ont essentiellement comme cause des comportements à risque dans la voie publique comme précité. Pour y remédier, une démarche stratégique a été établie dans le cadre de la stratégie nationale de la sécurité routière 2017-2026 et qui se base essentiellement sur les mesures suivantes :
• La prévention des risques par l’éducation, la formation, la sensibilisation et la communication ;
• Le respect de la réglementation qui passe par un système efficace du contrôle et des sanctions dissuasives ;
• La conception et l’aménagement des infrastructures incitant au respect des règles de circulation et de sécurité notamment pour les plus vulnérables des usagers de la route. 
Pour atteindre les objectifs de la stratégie en matière de réduction du nombre de tués sur les routes, il est nécessaire de concentrer les interventions de tous les acteurs sur des enjeux stratégiques, c’est-à-dire là où les gains de sécurité routière peuvent être les plus importants.

 Le Maroc a acquis dernièrement 
des radars nouvelle génération. 
Quelles sont les spécificités de ces équipements ?

Dans le jargon de la sécurité routière, la vitesse est qualifiée de facteur de risque et facteur aggravant et elle est responsable de plus de 30% des accidents de la circulation. 
Conscient de cette vérité scientifique, et conformément à ses engagements dans le cadre du plan d’action 2017-2021, le CNPAC a lancé dernièrement une campagne de communication visant à informer les citoyens des dangers liés à la vitesse et que le contrôle du respect de la vitesse réglementaire sera renforcé. L’objectif est de dissuader les contrevenants et imposer le respect de la réglementation liée à la vitesse sur l’ensemble du réseau routier et dans toutes les villes du Royaume.
Dans ce cadre, et parallèlement à l’approche de sensibilisation, le CNPAC a mis à la disposition des services concernés de la Direction générale de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie Royale des équipements radars de dernière génération. Il s’agit de 280 radars de contrôle routier, qui permettent de mesurer la vitesse dans les deux sens de la circulation à une distance de plus de 1.200 mètres. 
Ces nouveaux équipements permettent également le contrôle nocturne et le contrôle routier dans les tunnels ainsi que la mesure de la vitesse réglementaire des deux et trois roues motorisées. Ces équipements sont dotés aussi des dernières technologies en matière d’enregistrement de mouvement et de vitesse. 
Ils combinent entre la vidéo, le laser et le système GPS garantissant ainsi la preuve matérielle légale de l’infraction. Il est à signaler aussi qu’une nouvelle tranche de 288 nouvelles unités de radars mobiles est en cours d’acquisition par le CNPAC pour renforcer le contrôle de la vitesse et doter les corps de contrôle d’équipements supplémentaires. 

Propos recueillis par Hafsa Sakhi

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