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Des concessionnaires automobiles victimes d'une escroquerie d'environ 8 millions de DH

Une nouvelle affaire d’escroquerie a éclaté à Casablanca, mettant en jeu cinq sociétés fictives, des concessionnaires automobiles et des agences bancaires. Si le modus operandi est des plus classiques – grattage de chèques – et les montants plutôt importants, environ 8 millions de DH, cette affaire repose la question des responsabilités et de la sécurité des moyens de paiement.

Des concessionnaires automobiles victimes d'une escroquerie d'environ 8 millions de DH
Les deux escrocs ont modifié les montants des trois chèques, à travers la technique du grattage.

Une nouvelle affaire d'escroquerie appelle banques et entreprises à la vigilance. Deux personnes de sexe masculin, H.H. et F.B., ont subtilisé en janvier dernier 7,98 millions de dirhams à trois concessionnaires automobiles de la place. 
En utilisant cinq sociétés fictives qu'ils ont créées à Mohammedia, Imral, Capital Gold Invest, Bâtiment Hadad Construction SARL, Bâtiment Hadad et DBL Logistics, les deux acolytes ont procédé, auprès des trois concessionnaires, à la réservation d’un lot de voitures moyennant des acomptes de 2.800, 10.000 et 2.000 DH, selon un document de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) dont «Le Matin-Éco» détient copie. Ils ont ensuite annulé leur commande et récupéré, quelques jours plus tard, auprès des services financiers des concessionnaires, des chèques non endossables en remboursement des acomptes versés. Jusque-là, tout est normal. Mais les deux escrocs ont ensuite modifié les montants des trois chèques, à travers la technique du grattage. Les sommes initiales sont ainsi montées à 1,86, 3,65 et 2,47 millions de dirhams. Les chèques ont ensuite été encaissés. Concrètement, comment ce forfait a-t-il été commis ?   «D’abord, l’escroc réussit à ouvrir un compte bancaire au nom d’une société fictive moyennant de faux documents : statuts et identifiants falsifiés entre autres. Ce malfaisant dépose alors en espèces un montant sur le compte de sa société et informe son conseiller qu’il souhaite acquérir des véhicules. Il se rend alors dans une concession et en commande plusieurs. Il dépose ensuite un acompte sous prétexte qu’il va s’occuper du financement avec sa banque. Le chèque est encaissé sans problème par le concessionnaire automobile. Quelques jours plus tard, l’escroc revient et explique que sa société est trop jeune et que sa banque ne le suit pas. Il demande alors la restitution de ses fonds, ce qui est fait quelques jours plus tard par chèque», décrypte, pour «Le Matin-Éco», un ancien banquier de la place.
Bien sûr, l’escroc aura pris le soin d’ouvrir son compte bancaire dans une autre ville que celle où il commet son méfait et de déposer son chèque dans une autre banque que celle où le chèque est tiré. Ce qui lui laissera le temps nécessaire pour récupérer les fonds en limitant le risque de se faire prendre. Deux jours passent donc et le chèque est bien encaissé et le malandrin n’a plus qu’à retirer en espèces le produit de son larcin. Dans cette affaire, trois agences dont deux du même groupe ont fait les frais.
Qui est responsable ? «Évidemment, le tiré», affirme un juriste au «Matin-Eco». Selon l’expert, l’émetteur du chèque fera valoir que les banques auraient dû vérifier l’intégrité des chèques avant encaissement. Les banques pourront à leur tour arguer que la fraude n’était pas décelable au moment de la présentation ou de l’encaissement du chèque. «Au final, ce sera peut-être une compagnie d’assurance, celles des concessionnaires ou des banques, qui règlera les dégâts», poursuit notre expert. La prudence s’impose donc et il convient de tirer des leçons de cette mésaventure : «La première est qu’un chèque est globalement un moyen de paiement peu sécurisé et qu’il vaut mieux l’éviter et lui préférer, dans ce cas d’espèces, le virement. La seconde est que si l’on est réellement obligé de régler par chèque, il vaut mieux le rédiger à la main, c’est beaucoup plus compliqué à falsifier qu’un chèque rempli par voie informatique», recommande notre interlocuteur. 

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