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Dénonciation sociale en photos de Tarek Ananou

La Villa des arts de Rabat entame l’année 2019 avec une exposition de photographies de Tarek Ananou, dont le vernissage a lieu ce 4 janvier. Se poursuivant jusqu’au 28 février, cette collection d’images en noir et blanc s'intitule «La Bonne Vie».

Dénonciation sociale en photos de Tarek Ananou
Cette exposition n’est qu’un infime témoignage d’un monde composé de récits visuels.

Des prises vraiment insolites qui donnent à réfléchir sur les sujets photographiés. Car Tarek Ananou ne prend pas des photos pour le plaisir, mais pour pousser à méditer sur des personnes, des lieux et des situations en relation avec tout ce qui est social. Cette fois-ci, c’est la communauté migratoire qui l’a interpellé, à travers des jeunes qui se battent et laissent, parfois, leur vie dans la recherche d'un lendemain meilleur. Tanger, Sebta et Belyounech furent ainsi les théâtres de ses prises concernant la problématique de la migration. Selon le rédacteur Lucas de la Cal, «Tarek Ananou possède un regard différent : posé, propre, large et intelligent. De plus, de la même façon que le rossignol de Harper Lee, il verse son cœur pour ceux que la société cosmopolite considère tout juste comme des chiffres. Les siens ont noms et prénoms. Ils ont des histoires, des drames et des complexes». Et d’ajouter à propos de l’objectif de sa caméra que «celui-ci a capté le drame de l’immigration comme personne ne l’avait fait avant, durant la plus grande crise migratoire dans le nord de l’Afrique et le sud de l’Europe. Le noir et blanc ont donné de la profondeur et de l’âme à ses œuvres. Son don des langues en darija, espagnol et français lui permet de se débrouiller avec aisance dans les profondeurs du monde qui entoure le phénomène migratoire».
Tout un don qu’il a pu exploiter en parcourant les régions du Maroc où la migration est le plus représentée. Ce qui l’a amené à approcher ces êtres faibles, ainsi que les trafiquants qui exploitent ces hommes et ces enfants, et de leurs rêves. Car, comme le souligne Lucas de la Cal, Tarek n’aime pas les injustices. «C’est pour cela que son œuvre est si importante en tant que dénonciation sociale».

Pour expliquer le choix de sa thématique, Tarek précise que «La Bonne Vie» est un état de joie et de chagrin, de santé mentale et de faiblesse physique, de rêves imposés face à la rudesse contextuelle qui s’abat sur toutes communautés migratoires. «C’est le résumé de trois ans de proximité avec les migrants en partance de l’Afrique du Nord. Une réalité perçue de loin, dans des espaces déterminés, une proximité qui veut transmettre le ressenti de ceux qui nous entourent, que nous rejetons ou ignorons, de ceux qui cherchent une meilleure vie et deviennent de fait des citoyens de deuxième catégorie, voire des mineurs à mettre sous tutelle».
Après les quelques exemples que Tarek cite dans son récit, il conclut que «cette exposition n’est qu’un infime témoignage d’un monde composé de récits visuels qui, je l’espère, ne vous laisseront pas indifférents à cette urgence sociale qui nous entoure». En effet, les photographies crachent cette vie d’une manière aussi cruelle qu’elle l’est effectivement. Cette passion pour l’art de la photographie, Tarek l’a développée alors qu’il était encore très jeune, aux côtés de son papa, le photographe Hamadi Ananou. Sa curiosité pour le travail social dans les zones frontalières et les villes, principalement sur la condition des mineurs, l’a souvent motivé pour faire des reportages photographiques sur le tas. C’est ainsi que son parcours fut enrichi par des reportages photographiques pour des journaux, comme «Le Monde», «El Español», la BBC, «Trouw», ou encore des festivals de photographie, de photojournalisme, puis sa collaboration avec l’Université de Grenade et d'autres ONG. 

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