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Les écarts se réduisent… beaucoup trop lentement

Dans tous les rapports nationaux et internationaux qui analysent les écarts sociaux de manière générale, les inégalités entre hommes et femmes sont inévitablement pointées du doigt comme étant, en grande partie, l'un des facteurs aggravants ayant la peau dure. Tour d'horizon.

Les écarts se réduisent… beaucoup trop lentement

Si les indices mondiaux portant sur l’égalité hommes-femmes s’inscrivent globalement dans une tendance positive, le rythme d’amélioration, lui, est loin d’être satisfaisant puisqu’il va falloir attendre au moins 108 ans pour voir les inégalités entre hommes et femmes complètement éradiquées dans le monde, à en croire le dernier rapport annuel sur la parité élaboré par le Forum économique mondial (WEF) au titre de l’année 2018.
À l’échelle régionale, ce rapport, qui s’intéresse à la question de l’égalité du genre dans les domaines de l’éducation, la santé, la politique et le monde du travail, confirme que les pays de l’Afrique du Nord sont encore plus à la traine et ne devraient atteindre la parité qu’au bout de 153 ans ! Dans cet indice, le Maroc arrive en bas du tableau, occupant le 137e rang parmi les 149 pays concernés par le classement.
Oxfam, la coordination d’ONG internationales qui militent contre la pauvreté et les inégalités dans le monde, a de son côté confirmé, à travers ses dernières publications, que la lutte contre les inégalités économiques est indissociable de la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes. «Les inégalités entre les femmes et les hommes exacerbent l’écart qui se creuse entre les riches et les pauvres, alors qu’à leur tour ces inégalités croissantes entravent le combat pour l’égalité entre les genres dans des pays du monde entier», lit-on dans l’Indice de l’engagement à la réduction des inégalités 2018. Cet indice qui établit un classement mondial des États, dont le Maroc, selon leurs actions concrètes pour s’attaquer à l’écart entre riches et pauvres, constate que «les femmes sont les plus durement touchées par une fiscalité régressive et par des dépenses publiques faibles ou régressives. Elles sont surreprésentées dans les emplois les moins bien payés et les plus précaires, tandis que des lois et des conventions sociales limitent leur capacité à s’organiser pour défendre leurs droits».

En outre, ajoute la même source, ce sont les femmes qui assument la majorité des activités de soins non rémunérées et qui sont les plus affectées par un financement insuffisant des services publics qui renforcent plus encore les inégalités. Dans cet indice qui couvre 157 pays, le Maroc arrive au 98e rang dans le classement général et à la 101e place dans le volet relatif aux efforts menés en matière des droits du travail et des salaires. Dans le classement régional qui comprend 11 pays, il arrive 6e après la Tunisie, la Jordanie, l’Algérie, la Palestine et le Yémen.
Un autre constat alarmant a été fait par le plus récent des rapports en lien avec les inégalités hommes-femmes, celui publié le 27 février 2019 par la Banque mondiale. «À l’échelle mondiale, les femmes ne se voient accorder que les trois quarts des droits reconnus aux hommes», relève cette étude qui analyse les avancées réalisées par 187 économies dans le domaine de l’inclusion économique des femmes, et ce sur une période de dix ans.

Intitulée «Les femmes, l’entreprise et le droit 2019 : une décennie de réformes», l’étude évalue les étapes importantes de la vie professionnelle d’une femme, du premier emploi à la pension de retraite, ainsi que les protections juridiques associées à chacune de ces étapes. Il en ressort que le droit des femmes au travail a bel et bien progressé à l’échelle mondiale, mais que plusieurs obstacles persistent et nombre d’entre elles «continuent de se heurter à des lois et des réglementations discriminantes à toutes les étapes de leur vie professionnelle». Mauvaise élève, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord affiche le score moyen le plus faible en matière d’égalité hommes-femmes avec un indice de 47,37 et seulement 19 réformes introduites en 10 ans, contre une moyenne mondiale de 75. «La région est aussi celle dont la moyenne progresse le moins vite», précise la Banque mondiale.
Fort heureusement, le Maroc n’est pas loin de la moyenne mondiale dans ce domaine puisqu’il a réalisé un score de 73,13 dans l’indice global. Ce résultat découle des performances enregistrées au niveau des huit indicateurs sur lesquels s’appuie l’analyse. Ainsi, le Maroc a atteint un score de 100 en matière d’accès des femmes à l’emploi, de liberté de déplacement et de création d’entreprises, 75 pour l’accès aux pensions, 80 dans les droits liés à la maternité, 50 pour les rémunérations et 40 pour le mariage ainsi que pour la gestion des actifs.

Ce résultat conforte les conclusions du WEF qui avait souligné dans le rapport cité plus haut que le Royaume a enregistré en 2018 une tendance positive en termes de réduction des écarts entre les deux sexes. En effet, des progrès continus ont été enregistrés au niveau de l’indice relatif à la participation et aux opportunités économiques, et ce grâce à une égalité accrue des salaires. 
Il a également réussi à améliorer davantage le sous-indice relatif au niveau de formation, principalement en raison de la parité accrue entre les sexes dans l'enseignement secondaire.
La question des écarts salariaux entre femmes et hommes représente également une source de préoccupation majeure qui creuse davantage les inégalités. 
«Les femmes sont souvent moins payées que les hommes à travail égal, bien qu’elles travaillent de plus longues heures», souligne un rapport OIT-Gallup publié en 2017. En plus, selon la même source, celles-ci représentent la majorité des bas salaires et sont cantonnées de manière disproportionnée aux tâches les plus précaires du secteur informel. 
Même dans les sociétés considérées comme ayant atteint des niveaux avancés d’égalité entre les femmes et les hommes, les femmes se heurtent à d’énormes différences de revenus et d’influence, confirme un rapport sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sorti en 2016. Le Maroc ne déroge pas à la règle. Dans un avis émis en 2016, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) relève que «le principe “à travail égal salaire égal” est consacré par le Code du travail (article 346). 
Mais au Maroc, comme dans de nombreux pays, les femmes subissent des écarts de salaires par rapport aux hommes». 

En effet, poursuit le CESE, les employeurs ne sont pas tenus de fournir des preuves de respect du principe «à travail égal, salaire égal», ni de procéder à des audits ou contrôles des risques de discrimination salariale entre les travailleurs des deux sexes, ce qui est fait uniquement par quelques entreprises qui ont formalisé des engagements de non-discrimination entre les genres dans le cadre de leur stratégie de responsabilité. 
Le plus grand espoir reste les efforts notables consentis par les pays pour réduite ces gaps fort pénalisants pour les économies des pays. 
Sur ce volet lié au coût économique des inégalités, un rapport du Groupe de la Banque mondiale publié en mai dernier indique que les écarts de revenu tout au long de la vie entre les hommes et les femmes amputent la richesse des pays de 160.000 milliards de dollars, soit un niveau de richesse du capital humain inférieur d’environ 20% à ce qu’il pourrait être. Au Moyen-Orient et Afrique du Nord, les chiffres tournent autour de 3.100 milliards, précise le même rapport.
Conclusion : «le monde doit faire progresser l’égalité de sexes et émanciper les femmes au travail. Pas seulement pour le bien de femmes, mais pour le bien de l’humanité tout entière», comme l’a souligné à juste titre Jim Clifton, PDG de Gallup. 

La scolarisation, un autre point d’inégalité

Au Maroc, le nombre d’élèves au cours de l’année scolaire 2017-2018 s’élève à plus de 7 millions (7.031.355), dont 52% de garçons et 48% de filles, soit plus de 15% par rapport à l’année scolaire 2008-2009.
Les taux de scolarisation réalisés dans le primaire ont abouti à 99,7% au niveau national, en 2017-2018, avec 99,3% pour les filles.
Le nombre de filles scolarisées atteint 1.707.164 dont 939.333 en milieu rural. Le réseau des établissements scolaires a atteint, en 2017-2018, 7.721 écoles primaires dont 124 écoles communautaires et 13.104 satellites,
Le taux de scolarisation des filles dans l’enseignement secondaire ne dépassait pas 63% entre 2016 et 2017.
Au niveau de la formation professionnelle, un total de 776.000 bénéficiaires sont enregistrés (686 établissements), dont 326.000 nouveaux inscrits et 38 % de femmes
Le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur a atteint, quant à lui, quelque 937.000, dont 49 % d’étudiantes.

Les chiffres du HCP

Taux d’activité 
-Hommes  71,6 %
-Femmes  22,4%
Taux de chômage
-Hommes  8,8 %  
-Femmes  14,7%
Permis de conduire obtenus 
-Hommes  322 027  
-Femmes  127 477

 

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