Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

Les électeurs indécis dans le point de mire des partis

La campagne électorale pour les législatives anticipées en Espagne du 28 avril a démarré vendredi sur fond notamment d’une fragmentation importante du paysage politique, d’une montée en force de l’extrême droite et d’un taux important d’électeurs indécis.

Les électeurs indécis dans le point de mire des partis

La campagne électorale pour les législatives anticipées en Espagne du 28 avril a démarré vendredi. Outre une possible victoire du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui dirige le gouvernement sortant depuis juin dernier après la motion de censure ayant délogé le Parti populaire (PP) du pouvoir, les derniers sondages font aussi état d’un taux élevé d’électeurs toujours indécis, et dont le vote serait décisif et pourrait même faire pencher la balance en faveur d’un parti ou d’un autre.
Selon la dernière enquête d’opinion du Centre de recherches sociologiques (CIS), 41,6% des électeurs n’ont pas encore décidé pour quel parti voter lors du scrutin du 28 avril, le troisième depuis 2015, et qui déterminera les 350 nouveaux députés au Congrès et 266 au Sénat. Le sondage précise que les îles Baléares, Aragon, la Galice, Navarre, les Iles Canaries et à La Rioja concentrent le plus grand nombre d’indécis, tandis que par groupe d’âge, les plus jeunes sont ceux qui ont le plus de doutes avec un taux qui frôle 85% parmi les moins de 34 ans. Ce taux élevé d’indécis est perçu avec enthousiasme par certains partis et avec beaucoup de prudence par d’autres, tous conscients de l’importance d’un travail ciblé pour pouvoir s’attirer le vote si important de cette frange de l’électorat espagnol, dans un paysage politique espagnol plus fragmenté que jamais.

Ainsi, les différents partis politiques ont, dès le début officiel de la campagne, concentré leurs efforts sur ces électeurs, en perspective d’élections législatives ouvertes sur tous les scénarios et où chaque voix va compter énormément. Aussi bien le PSOE, crédité dans les sondages de 30,2% (entre 123 et 138 députés), que son adversaire historique, le PP conservateur, qui obtiendrait selon le sondage du CIS le pire résultat en près de 40 ans de démocratie avec 17,2% des voix et 66 à 76 sièges, sont conscients de l’importance de se rapprocher de ces indécis pour gagner leur sympathie.
Dans les différents meetings tenus depuis vendredi, les dirigeants des deux formations politiques ont insisté sur une participation massive des Espagnols à ce scrutin, les socialistes souhaitant se maintenir au pouvoir afin de poursuivre les programmes lancés pendant leur court séjour à la Moncloa, la droite cherchant à reprendre les rênes du pays pour couper la route au PSOE qu’elle accuse d’avoir «trahi le pays» après son alliance avec les indépendantistes catalans et de manque de fermeté dans la gestion de la crise en Catalogne, entre autres.

Chacun des deux camps avance ses arguments et promet des progrès et le bien-être des Espagnols, les uns mettant en garde contre le spectre de l’extrême droite et la montée des populismes en Espagne et en Europe, à travers notamment une éventuelle alliance entre le PP et Vox, les autres craignant une éventuelle alliance entre le PSOE et les indépendantistes catalans.
Toutefois, l’émergence de nouvelles forces sur la scène politique ces dernières années, incarnées par Ciudadanos (centre droit), Podemos (extrême gauche) et Vox, a mis fin à presque 40 ans de bipartisme dans le pays ibérique où le PSOE et le PP étaient les maîtres absolus et alternaient au pouvoir. Conduits par de jeunes figures, leur poids dans l’échiquier politique espagnol ne cesse de croître pour s’ériger désormais en élément clé dans la formation de tout gouvernement à l’avenir.
Cet état de choses explique en partie le pourquoi du taux élevé d’indécis, mais aussi l’impossibilité de prévoir la configuration du prochain exécutif, sauf dans le cas d’une majorité absolue pour l’un des deux camps, qui toutefois paraît impossible au regard des résultats des derniers sondages. En témoigne justement ce scrutin anticipé convoqué après que le Chef du gouvernement, Pedro Sanchez, a échoué à faire passer le projet de la loi de Finances pour 2019 au Parlement, faute d’appui de ceux mêmes qui l’ont aidé à déloger le populaire Mariano Rajoy de La Moncloa après une motion de censure.

Selon les projections du CIS, dont les sondages font historiquement référence dans le pays ibérique, le Parti socialiste aura besoin pour gouverner de s’allier soit avec les centristes de Ciudadanos, une perspective que ceux-ci repoussent catégoriquement à présent, soit avec la gauche radicale et l’appui de petites formations comme la Gauche républicaine (ERC). Dans l’autre scénario, une alliance de la droite et l’extrême droite, à l’instar de celle qui a mis fin à un règne sans partage de plus de 37 ans des socialistes en Andalousie, n’obtiendrait pas, même dans le meilleur des cas, la majorité de 176 députés nécessaire pour gouverner en solitaire.
Dans un cas ou comme dans l’autre, les différentes formations en lice lors de ces législatives se trouvent devant la lourde tâche de convaincre un électorat de plus en plus réticent face aux partis traditionnels et qui aspire à un nouveau discours politique et à de promesses réalisables sur le terrain à même de lui faire oublier les années noires de la crise économique, dont les séquelles sont toujours présentes dans les esprits.
Le 28 avril, quelque 36.893.976 Espagnols seront appelés aux urnes pour renouveler les deux Chambres du Parlement. Après presque deux mois de pré-campagne électorale, les partis se sont lancés dans la course à La Moncloa avec au menu des sujets brûlants comme les réformes économiques et sociales, l’environnement, la santé et la crise en Catalogne. 

Lisez nos e-Papers