Climat: Les engagements encore loin du compte

Avec ou sans les États-Unis, les engagements pris par les 196 parties ayant ratifié l’Accord de Paris sur le climat sont encore loin du compte. «Les engagements ne sont pas suffisants pour atteindre les objectifs et certains de ces engagements ne seront même pas tenus», résume pour l’AFP Robert Watson, ancien patron du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et premier signataire de l’étude qui conclut que les trois quarts des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015 sont insuffisants ou probablement inatteignables. Les émissions mondiales, exprimées en gigatonnes de carbone, sont passées de 44,7 en 2010 à 53,5 en 2017. «Sans changements radicaux (...), nous pourrions vivre dans un monde à +1,5 degré dans une décennie», alors qu’il faudrait pour rester sous ce seuil une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Conclusion : sur les 184 NDC (engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre), 128 sont insuffisantes, 8 «partiellement insuffisantes», 12 «partiellement suffisantes» et 36 seulement suffisantes. Les quatre plus gros émetteurs, Chine, États-Unis, Union européenne et Inde représentent 56% des émissions mondiales.
La Chine, premier émetteur mondial avec 26,8% de gaz à effet de serre et l’Inde, quatrième avec 7%, ont pris des engagements basés sur une réduction de leur «intensité carbone». Mais les auteurs classent «insuffisante» cette catégorie, qui met en rapport les émissions avec le PIB global d’un pays. Les États-Unis, deuxième émetteur avec 13,1%, s’étaient engagés sur une réduction de 26 à 28% de leurs émissions en 2025 par rapport à 2005. Mais le Président Donald Trump a confirmé mardi son intention de retirer le pays de l’accord de Paris, ce qui pourrait être effectif en 2020. «En conséquence, au moins 130 nations, dont quatre des cinq plus grands émetteurs mondiaux, sont très loin de contribuer à atteindre la réduction de 50% des émissions mondiales d’ici 2030 nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels», soulignent les auteurs, alors même que se multiplient canicules, inondations et autres catastrophes climatiques.