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Farida Jirari «En plus d’être fédératrice d’idées neuves, la femme a des qualités humaines»

Tout le monde l’admet, la femme marocaine a fait preuve de ses compétences et de sa capacité à réussir dans plusieurs domaines. Toutefois, bien qu’elle soit professionnellement performante, la femme fait toujours face à plusieurs défis et se voit obligée de fournir toujours un effort supplémentaire, surtout si elle veut occuper un poste de management. Le point avec Farida Jirari, directrice générale de l’Association pour le progrès des dirigeants (APD).

Farida Jirari «En plus d’être fédératrice d’idées neuves, la femme a des qualités humaines»

Quelle place occupent désormais les femmes marocaines dans le développement de leur pays ?
À l’heure du progrès et de la modernité, les femmes marocaines vaillantes et déterminées bravent les préjugés et font avancer leurs pays. Aujourd'hui, nombreuses sont les femmes-chefs d'entreprises, dirigeantes, avocates et femmes de pouvoirs à militer pour l’égalité hommes-femmes au sein des entreprises, et cela quel que soit leur domaine d'activité. N’oublions pas que depuis les années 1920, dans les pays arabes, et plus particulièrement dans les pays du Maghreb, les femmes ont toujours lutté pour leur droit et leur émancipation. Aujourd’hui, les femmes marocaines font partie intégrante du paysage économique, politique et social. Chaque femme en elle-même est partie prenante du devenir. En ce sens, toutes sans exception participent à la construction de l’identité de notre pays.

Quel est l'état d’avancement des droits de la femme au Maroc ?
Depuis une dizaine d’années déjà, nous vivons une époque de transmission du savoir et je crois qu’il est primordial de dire que l’évolution des femmes marocaines n’est pas prête de faiblir, et ce quel que soit le domaine. Toutefois, il y a encore beaucoup à faire et à obtenir pour les droits de la femme et il reste encore des points sombres qui tardent à être éclairés… Il faut vraiment croire en la femme marocaine et au rôle qu’elle peut jouer dans les différentes sphères de la société, sans oublier les conditions de vies et de travail des femmes dans le monde rural. Aujourd’hui, toute femme qui arrive à un haut poste de responsabilité le fait seulement grâce à ses compétences, non seulement techniques, mais aussi humaines. En ce sens, la femme marocaine est ce savant élixir de rigueur, de professionnalisme et de bienveillance qui fait d’elle une future dirigeante du monde libre. J’ai toujours pensé que la femme marocaine était un alliage subtil de la méritocratie et de l’éducation. En plus d’être fédératrice d’idées neuves au sein d’une entreprise, elle a des qualités humaines, à savoir l’empathie et la diplomatie que bien des hommes – n’ayons pas peur des mots – n’ont pas. La femme marocaine dirigeante est à l’écoute des autres, bien qu’elle soit tournée elle aussi vers la performance.

Sur le plan professionnel, existe-t-il un modèle féminin de management des entreprises et quelles en sont les forces et les limites ?
À ce titre, je crois dur comme fer que la femme dirigeante réalise des résultats bien meilleurs que les hommes, car son style de management est différent. C’est un management participatif. Elle est plus conciliante que ces messieurs, plus humaine et plus empathique. De plus, elle va travailler pour la communauté dans son ensemble et non uniquement pour elle-même ou à des fins personnelles. Pour ce qui est de la question du recrutement dans une entreprise, entre une femme et un homme pour un poste qui requiert les mêmes qualifications, je dois avouer malheureusement que le choix est vite fait du côté de l’employeur et qu’il nommera l’homme plutôt que la femme, et ce pour des raisons que l’on sait, mais qui demeurent encore taboues dans une société ou la femme est bien souvent encore cantonnée dans son rôle de mère de famille. Toutefois, en terme de parité, ce qui tarde à venir, c’est la présence de la femme dans les organes de gouvernance, dans les centres de décision, dans les conseils d’administration, dans les comités de direction et toutes les autres institutions. Cela vaut aussi bien pour le secteur public que privé. En effet, très peu de femmes siègent dans ces conseils. Pourquoi ne pas l’imposer ? Il faut plus de parité et aller encore plus loin pour briser les tabous dans les modes de gestion et de gouvernances. Au Maroc, beaucoup d’hommes n’acceptent pas encore d’être dirigés par une femme. Je déplore qu’on puisse penser de cette manière à l’ère de l’intelligence artificielle. Et beaucoup de femmes, pour être acceptées, sont obligées de fournir un effort supplémentaire auprès de leurs collaborateurs. Les hommes demeurent sceptiques quand une femme les dirige et pourtant… 


Propos recueillis par Souad Badri

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