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Finance participative : L’indice boursier pour 2020

Agenda 2019 chargé pour les acteurs de la finance participative. Plusieurs chantiers sont en cours de finalisation notamment, l'indice boursier, le Takaful ainsi que l’émission de Sukuks «Corporate». Selon des experts, il faudrait encore 3 à 4 ans pour parachever l'écosystème.

Finance participative : L’indice boursier pour 2020
La Mourabaha a enregistré la plus forte demande en 2018. Les financements y afférents se sont élevés à 3,616 milliards à fin octobre.

Premier bilan encourageant pour la finance participative. L’encours de financement estimé pour fin 2018 atteint 4 milliards de DH et les dépôts 2 milliards. Et selon les derniers chiffres disponibles, le nombre de comptes ouverts s'est élevé à 52.000 à fin octobre 2018. Quant aux dépôts à vue, ils sont passés de 570 millions à fin 2017 à 1,321 milliard à fin octobre. Le produit net bancaire se situait autour de 14 millions de DH en juillet. 
Pour Abderrahmane Lahlou, expert en éducation et finance, ces chiffres sont à relativiser, car les produits participatifs ne sont pas entièrement mis en circulation, particulièrement les dépôts d’investissement à rémunération. Les dépôts n’étant pas encore à la hauteur, les banques ne peuvent s’engager dans des financements à long terme au-delà d’un certain ratio et gèrent avec précaution leur actif-passif.
Les financements relatifs à la Mourabaha sont passés de 159 millions de DH à fin 2017 à 3,616 milliards à fin octobre 2018. Ceux-ci sont répartis entre la Mourabaha Immobilière à hauteur de 3,3 milliards et la Mourabaha Auto pour près de 280 millions. Pour les autres produits participatifs, le marché attend le déblocage des circulaires relatives à «l’Istisnaa» et le «Salam». Le premier ouvrira de larges opportunités pour les promoteurs immobiliers soucieux de conformité avec la Charia. Le second est l’instrument idéal pour le financement des fonds de roulement des entreprises. Pour sa part, le produit «Ijara» viendra compléter les outils de financement, surtout ceux adressés aux entreprises, mais pour ce produit, l’existence de l’assurance Takaful est incontournable. Celle-ci est attendue pour ces mois-ci. Rappelons que la Banque centrale a autorisé cinq produits participatifs: «Mourabaha», «Ijara», «Moucharaka», «Moudaraba» et «Salam».

Pour Taib Aisse, expert, fondateur du cabinet Aisse, «l’absence de l’assurance Takaful représente ipso facto un risque pour les banques, les clients et les notaires. En attendant, les banques participatives ont essayé de trouver des solutions temporaires. Pour la Mourabaha immobilière, elles ont pris le risque de financer des biens sans couverture en attendant l'assurance conforme à la Charia. En revanche, la Mourabaha Auto nécessite la souscription d’une assurance obligatoire pour l’utilisation de tout véhicule. Et donc, les clients désireux de contracter ce financement sont contraints de souscrire à une assurance automobile classique». Malgré cela, notre expert estime que les perspectives de développement de l’écosystème de la banque participative sont prometteuses encore faut-il qu’il soit proactif, innovant et dynamique.
En tout cas, cette année, les parties prenantes doivent retrousser leurs manches pour accélérer le rythme de réalisation de plusieurs chantiers devant parachever cet écosystème. Parmi ces derniers figure «l'indice boursier conforme aux principes de l’Organisation de comptabilité et d'audit pour les institutions financières islamiques (l’AAOIFI)», indique Mohamed Talal Lahlou, consultant-formateur en finance participative. Selon lui, son lancement est prévu pour 2020. «La finance participative étant une nouvelle industrie au Maroc, il nous faut encore quelque 3 ou 4 années» pour un écosystème complet.
Autres projets prévus cette année, l’opérationnalisation fixée pour mi-2019 des décrets d’application et des modalités d’agréments des compagnies d’assurances et la probabilité de procéder à une seconde émission de Sukuk souverains. En outre, les banques et les entreprises prévoient d’émettre des Sukuks «Corporate», pour financer directement leurs activités. 
Aujourd’hui, les autorités marocaines ont fait le choix d’émettre des Sukuk souverains de type Ijara. Pour rappel, la première émission, qui portait sur 1 milliard de DH, a eu lieu en octobre 2018. Elle a été souscrite 3,6 fois.
Ces Sukuk souverains sont adossés à un droit d’usufruit constitué sur des actifs immobiliers appartenant à l’État, au profit du fonds de titrisation créé à cet effet par Maghreb Tirisation. Ce fonds procède à la location de ses actifs sur une période de 5 ans et les loyers annuels générés seront distribués aux porteurs de ces certificats de Sukuk.
Ces certificats de type Ijara, qui offrent un taux de rendement annuel de 2,66%, sont censés participer au développement du marché de la finance participative et permettront d’accroitre les liquidités en provenance d’investisseurs étrangers, de diversifier les sources de financement de l’État et des secteurs public, privé et semi-privé. 


Verbatim

Abderrahmane Lahlou, expert en éducation et finance
«Le seul produit participatif en vigueur aujourd’hui est la Mourabaha pour l’immobilier et le matériel roulant, et depuis le mois de novembre dernier, pour les équipements aux particuliers et à l’entreprise. La Mourabaha occupe aujourd’hui 100% des financements des banques participatives.»

Mohamed Talal Lahlou, consultant formateur en finance participative 
«Les principaux chantiers de 2019 sont d’abord, le lancement effectif de l’assurance solidaire Takaful. Ensuite, la poursuite des travaux pour le lancement d’un indice boursier, vu que les opérateurs ne semblent pas avoir la volonté d’aller plus loin dans ce sens en visant un indice conforme aux principes du conseil international de jurisprudence regroupant les membres de l’OCI, à savoir les 54 pays musulmans.»

Taib Aisse, expert, fondateur du cabinet Aisse
«Je pense que les perspectives de développement de l’écosystème de la banque participative sont prometteuses, encore faut-il que cet écosystème soit proactif, innovant et dynamique. De même, les banques participatives devraient mettre en place des politiques de responsabilité sociale pour jouer pleinement leur rôle de banques citoyennes.»

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