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Le grand vrombissement des grosses cylindrées

Le marché marocain des grosses cylindrées emprunte un nouveau virage. De plus en plus convoité par les cadres et étudiants, il aurait bouclé l’année 2018 avec 1.800 unités importées via des distributeurs exclusifs. Et ce sont les motos de plus de 800 centimètres cubes (cc) qui ont le vent en poupe, contrairement aux petites cylindrées dont le marché a connu un mouvement d’assainissement. C’est ce qui ressort d’une étude interne réalisée par un distributeur américain de véhicules, pièces et accessoires.

Vous l’aurez remarqué. Les routes marocaines sont de plus en plus investies par les grosses motos. Ce marché monte effectivement en puissance. La preuve par les chiffres : si 1.351 unités ont franchi les frontières marocaines en 2017 pour une valeur de 105,474 millions de DH, en 2018 quelque 1.800 auraient débarqué sur le marché. C’est ce qui ressort d’une étude interne réalisée par un distributeur américain de véhicules, pièces et accessoires (celui-ci prépare d’ailleurs son installation au Maroc dès mars prochain). Pour 2019, les professionnels restent optimistes, leurs carnets de commandes commencent déjà à se garnir.
Selon cette étude, c’est le segment des motos dépassant les 800 cc de cylindrée qui a le vent en poupe. «Ce marché qui était principalement boosté par les appels d’offres publics s’est transformé en un marché de particuliers actifs, notamment les amoureux de la BMW 1200 GS», précisent les auteurs de l’étude. Toujours dans les gros cubes, les motos américaines Harley-Davidson se défendent bien même si leurs importations ont décéléré. Cependant, le Made in USA est soutenu grâce à l’introduction des marques Indian et Slingshot, toutes deux propriétés du groupe américain Polaris.
«La structure particulière des parts de marché sur ce segment, avec une prédominance de BMW et Harley-Davidson, est directement liée aux accords de libre-échange signés par le Maroc avec l’Union européenne (UE) et les États-Unis. Les motos de l’UE et des États-Unis ne paient pas de droits de douane, tandis que celles fabriquées au Japon, par exemple, doivent s'acquitter de 17,5%», souligne l’étude. Les marques japonaises ont aussi leurs fans sur ce marché très disputé, où les outsiders sont les italiennes, Ducati en tête, puis la marque autrichienne KTM, en plein essor. Pour le segment de motos entre 500 et 800 cc, le développement est principalement dû à la classe moyenne. La demande émane de jeunes cadres et d’étudiants.  Pour les 250 à 500 cc, c’est également l’embellie. «La croissance de ce segment est imputable au développement des ventes de motos entre 250 et 300cc aux forces de police ainsi qu'au renouvellement de leurs parcs d’engins. Le marché des particuliers est quant à lui assez faible», explique au «Matin-Éco» un distributeur de motos à Casablanca. 


Coup de frein sur les 50 à 250 cc

Sur ces petites cylindrées, la Chine, avec notamment ses marques Docker et Dongfeng, représente 96% du marché avec 30.088 unités en 2017, contre 89.123 en 2015. Même si les motos chinoises sont toujours populaires, ce segment a maigri du fait de l’obligation du permis de conduire et des nombreux contrôles effectués au niveau de la cylindrée réelle. L’obligation d’homologation et d’immatriculation a également assaini le marché.
Les ventes de motos neuves autres que chinoises se tassent également, car, d’après les professionnels, «qui va s'offrir une 125 cc alors que le permis moto étant obligatoire, il peut conduire une 500 cc et plus ? Question d’image, il ira vers le gros cube». À condition bien sûr d'en avoir les moyens. Pour les auteurs de la même étude, le rebond de ce segment ne peut venir que d’une décision étatique d’«offrir» le permis 125 cc aux détenteurs du permis de conduire voiture comme c’est le cas en Europe. 
Autre explication du déclin de ce segment, «pour faire face à la hausse des coûts de la main d’œuvre et de transport, les motos chinoises arrivent en pièces détachées».


Plus de 800 cc : BMW en maître

Ce segment est dominé par SMEIA, l'importateur des BMW Motorrad, avec une part de marché de 37% en 2017 contre 32% en 2015. La «GS 1200» du constructeur allemand a effectué une réelle percée sur ce marché en hausse, mais n’ayant toujours pas franchi la barre des 500 unités importées. En 2017, quelque 430 motos ont été écoulées et 470 devaient l’être en 2018. Les motos américaines occupent le deuxième rang de ce segment (24% en 2017), avec Harley-Davidson en tête et les marques Indian Motorcycle Slingshot, toutes deux distribuées depuis 2016.
Les marques japonaises ferment le trio de tête avec 23% de part de marché en 2017, en position stable. Les marques Honda, Kawasaki, Suzuki et Yamaha sont commercialisées via des distributeurs exclusifs. Kawasaki et Yamaha sont distribuées depuis plus de 20 ans par les sociétés Mondial Motors et MIFA. 

De 500 à 800 cc : merci la classe moyenne

Le segment de ces motos de taille moyenne continuera à évoluer avec le développement de la classe moyenne. 209 unités ont été vendues en 2015 et 422 en 2017. Quelque 450 unités devaient être importées en 2018. Les Japonaises dominent ce marché avec 41% en 2017 et c’est en grande partie grâce au T-Max de Yamaha. Pour ces mêmes cylindrées, BMW est aussi un important acteur avec 23% en 2017 et une croissance supérieure à la moyenne du segment, fait remarquer l’étude. Les italiennes s’adjugent 5% du marché toujours en 2017, mais sont en perte de vitesse au profit des asiatiques. Ainsi, les motos fabriquées à Taïwan, en Thaïlande et en Inde gagnent du terrain chaque année. «Les marques de motos de ces pays ont une grande opportunité de développer leurs ventes, car la différence de prix avec les motos européennes et américaines est très importante, même en tenant compte de la différence de droits de douane acquittés», estiment les auteurs de l’étude. 

De 250 à 500 cc : Le Made in Italy coiffe le podium

Les 250-500 cc restent sur leur lancée : de 210 unités en 2015 et 499 en 2017, les importations seraient montées à 530 l’année suivante. Ici, c’est le Made in Italy (47% de parts de marché en 2017) qui coiffe le podium, notamment avec la Piaggio. Ce marché est principalement constitué de scooters fabriqués en Europe, à l’instar de Honda dont certaines motos proviennent d’Italie, et qui du coup s’avèrent plus compétitifs. Les motos fabriquées en Thaïlande, essentiellement des japonaises comme Yamaha, suivent.  Ce marché s’illustre aussi par le taïwanais Kymco qui détient 7% du marché, l’autrichien KTM ou encore des marques japonaises fabriquées en Indonésie.  La France ferme la marche grâce au Yamaha X-max 250 qui y est produit dans l’usine MB. 

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