Saïda Chemao, l’amour du Caftan chevillé au corps

Saïda Chemao poursuit doucement, mais sûrement son petit bonhomme de chemin dans le monde de la mode et de la création. Sa passion, c’est le caftan marocain qu’elle s’emploie à faire revivre à sa manière tout en faisant ressortir toute sa splendeur, son éclat et sa somptuosité. À Madrid, où elle vient de présenter sa dernière collection, ses créations ne sont pas passées inaperçues, donnant toute la mesure de son talent. Lors d’un défilé d’une beauté sublime, elle a conquis l’assistance qui n’a pas manqué de manifester son admiration devant ses œuvres qui mariaient intelligemment luxe et sobriété.
«Dans les pièces que j’ai présentées, j’ai essayé de m’inspirer du cadre où a eu lieu cet événement». En effet, au palais «Fernán Nuñez» qui a abrité le défilé, soierie et passementerie en fil d’or font partie du décor. Ce qui n’a pas manqué d’inspirer Saïda Chemao qui, explique-t-elle, a tenu à faire un «travail de maalem, avec zouak en fil d’or et des motifs fleuris à l’image de l’ambiance qui imprègne le palais».
Un travail minutieux et de longue haleine, souligne-t-elle, mais qui a été exécuté avec passion et finesse. Car pour cette créatrice, le caftan ne saurait être confiné au seul aspect vestimentaire. Selon elle, il s’agit d’un vecteur de culture et d’une partie de l’histoire du pays. «Le caftan fait partie de l’identité marocaine et sa confection reflète toute la richesse et la beauté de la culture de notre Royaume séculaire», confie-t-elle, précisant à juste titre que ce qui l’attire dans le costume marocain c’est le fait «qu’il raconte une histoire et compte tenu de sa richesse et ses variétés, on peut créer autant de modèles qu’on veut», affirme Mme Chemao avec conviction.
Pourtant rien ne prédestinait cette mordue du caftan à investir cet univers magique et passionnant. En effet, Saïda Chemao a commencé sa vie professionnelle en tant que déléguée médicale. Mais après la naissance de ses deux enfants, il lui était devenu pénible de concilier travail et devoirs maternels. «J’ai eu ma première fille, Kenza, puis une seconde fille, Nour. À l’évidence, il était de plus en plus difficile pour moi de faire les déplacements que m’imposait mon travail. J’ai dû démissionner pour un poste d’assistante de direction afin d’avoir plus de temps libre».
Mais plus ses enfants grandissaient, plus ils exigeaient une présence permanente. Elle a donc renoncé à son nouveau poste pour rester auprès d’eux. Avec le temps, elle a pensé à monter son projet de magasin de prêt-à-porter qu’elle a baptisé «Be Woman». Étant très attachée aux costumes traditionnels, elle portait en certaines occasions des djellabas qu’elle confectionnait par ses propres soins. Devant la curiosité et l’admiration des clientes qui trouvaient ces habits élégants et le mariage des couleurs merveilleusement agencé, elle a décidé d’aller plus loin en entreprenant des études de stylisme et de haute couture. C’est à partir de là qu’elle s’est découverte un talent caché qui ne demandait qu’à être mis au jour. Ainsi est née une histoire d’amour entre Saïda Chemao et le caftan. Et les premiers fruits de cet amour ont été exposés au Spanish Arab Fashion de Madrid.