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«Il est important de chercher l’origine du mode de pensée pour montrer que l’homme n’a pas changé dans ses comportements»

«Il est important de chercher l’origine du mode de pensée pour montrer que l’homme n’a pas changé dans ses comportements»
Mohamed Abdeljalil El Hajraoui.

Après son ouvrage «Le futur de notre passé», le professeur universitaire, chercheur, écrivain, muséologue et poète Mohamed Abdeljalil El Hajraoui publie un autre travail de recherche sous l’intitulé «Les premiers habitants de Rabat et sa région. Aux origines du comportement humain actuel» où il essaye de retracer l’Histoire des civilisations préhistoriques marocaines, en se focalisant sur la ville de Rabat et sa région. Son analyse met l'accent sur la fréquence des différentes variantes des comportements des ancêtres, afin de les comprendre et les comparer. Il s’est avéré, après une recherche approfondie, que les hommes dans le passé étaient capables de fabriquer des objets en faisant travailler leur imagination. Puis, il y a 100.000 ans, d’autres objets sont produits porteurs de symboles et de messages codés. 
Ainsi, à travers ce livre l’auteur a pu mettre en exergue cette évolution humaine tout au long de l’Histoire, preuves à l’appui, dont les multiples témoignages et traces laissés par les cultures qui se sont succédé. Selon El Hajraoui, les idées qu’il avance dans cette recherche ne seront peut-être pas approuvées par la majorité. Mais elles constitueront une raison valable pour poursuivre les investigations. Signalons que cet ouvrage est préfacé par le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laaraj, le professeur Jean-Jacques Hublin, de Institut Max-Plank d’anthropologie évolutionnaire, Chaire internationale de paléoanthropologie du Collège de France, et Roland Nespoulet, Maître de conférence au Muséum national d’Histoire naturelle, Musée de l’Homme, Paris. «Les premiers habitants de Rabat et sa région» 
sera, ainsi, présenté, le 16 février à 15 h, dans le cadre du Salon international de l'édition et du livre, en présence du professeur Jean-Jacques Hublin. 


Le Matin : Que voulez-vous dire par ce titre, «Aux origines du comportement humain actuel» ?
Mohamed Abdeljalil El Hajraou
i : À propos du titre «Aux origines du comportement humain actuel», j’ai voulu montrer que ce comportement est une problématique internationale. Car plusieurs chercheurs travaillent là-dessus. On a toujours évoqué l’homme primaire qui a commencé à fabriquer ses outils à base de pierre. Mais quand est-ce que ce comportement a pris naissance ? C’est là la question. Par exemple, dans la région de Rabat, nous avons trouvé dans des grottes des traces de feu qui remontent à plus de 100.000 ans. Tout le monde dit que le feu a été utilisé pour la cuisson, pour se chauffer… Ce comportement existe toujours de nos jours. Puis, avec le feu, l’homme s’est rendu compte qu’il était capable de maîtriser des phénomènes naturels. C’est-à-dire qu’il peut vaincre le froid et l’obscurité. Donc, l’idée de la possibilité de se réchauffer n’a pas changé. Ce sont les moyens qui ont évolué avec le temps. Toujours est-il que l’homme sait qu’il peut faire cela. La conclusion est que ce mode de pensée est apparu il y a plus de 100.000 et
 persiste encore.

Est-ce que cela est valable pour toute autre chose ?
Non. Par exemple, la pesanteur a existé depuis que l’homme est sur terre. Mais personne n’y a pensé. Il a fallu attendre le 17-18e siècle et Newton pour se demander pourquoi cette pomme tombe et ne remonte pas. Donc, nous avons perdu beaucoup de temps. La même chose pour l’écriture. L’homme préhistorique était capable d’écriture, mais il ne l’a pas fait. Il a, de ce fait, retardé l’histoire. Donc, ce n’est pas la question du besoin qui se pose ici.

Mais pourquoi cet homme ancien a-t-il pensé à certaines choses et pas à d’autres ?
Parfois, c’est uniquement une question de hasard, ou bien il faut qu’il y ait quelqu’un qui pense à la chose. Parfois, c’est dû à l’imitation des animaux. Même actuellement, il y a certaines choses auxquelles nous ne pensons pas. Par exemple, on peut remarquer chez certaines civilisations, comme à l’époque d’Alexandre le Grand, que les hommes ont réalisé de grandes avancées, mais ils n’ont pas pu créer l’étrier du cheval, alors qu’ils en avaient besoin. Donc, pour inventer un objet ou un mode de pensée, il faut qu’il y ait quelque chose qui le déclenche.

Quel est l’intérêt de la recherche que vous avez effectuée ?
Je voulais montrer que l’homme a toujours été habile, un artiste aguerri et intelligent. Il a pu fabriquer, il y a plus d’un million d’années, des objets symétriques, assez fins, suite à des recherches, avec une succession de gestes ordonnés et maîtrisés. On ne peut donc pas dire que l’homme préhistorique était archaïque. Il a pu transmettre des messages codés à travers les objets qu’il a laissés. Cela montre une première évolution intellectuelle chez l’homme, car il a découvert l’amour, les couleurs, les signes, les symboles, il avait de l’imagination. Et moi, je peux lire sa pensée à travers les objets, qui sont porteurs de messages et n'ont pas uniquement une utilité fonctionnelle.

Donc, on peut dire que la pensée élaborée a toujours existé chez l’homme ?
C’est le besoin et les techniques qui ont évolué grâce au cumul des connaissances. Ce cumul se transmet de génération en génération et fait évoluer les choses. Chercher le moment clé de l’origine de notre pensée est quelque chose de très important. Par exemple, avant, l’homme utilisait la pierre pour fabriquer ses outils ; à côté de cela, il chassait des animaux pour manger. À ce moment-là, il a commencé à réutiliser les os, ce qui représente une opération recyclage. Un autre exemple : la conquête de la lune a toujours existé, c’est une spécificité humaine depuis longtemps, car le besoin de conquérir a de tout temps existé. Il est important de chercher l’origine de ce mode de pensée pour montrer que l’homme n’a pas changé dans ses comportements. Le besoin de découverte chez l’homme est inné. Notre recherche est de connaître l’origine, avant c’était l’Afrique du Sud, les traces de foyers remontaient à 90.000 ans, mais aujourd’hui on a trouvé qu’au Maroc, le foyer remonte à 100 ou 110.000 ans. Est-ce qu’il y avait plusieurs foyers est-ce les déplacements d’un seul ? La question reste toujours posée. 

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