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L’économie d’eau et son recyclage séduisent de plus en plus les industriels. La gestion durable de cette ressource relève ainsi pour eux d’un triple enjeu. Il s’agit à la fois d’une question de responsabilité, d’image, mais aussi d’une nécessité économique pour garantir la continuité de la production. Selon les chiffres du département de l’Eau, l’industrie au Maroc consomme près de 1,1 milliard de m³ d’eau par an et rejette 964 millions de m³ d’eaux usées. Les branches industrielles les plus polluantes sont la chimie et la parachimie, l’agroalimentaire, le cuir et le textile. Dans ce fait, les industriels, pour qui l’eau occupe une place majeure dans le procédé industriel, sont de plus en plus en quête de solutions durables de traitement de l’eau avec l’objectif à la fois de préserver l’environnement, de limiter la pollution, en traitant l’eau avant de la rejeter dans le milieu naturel, et d’économiser la ressource en réutilisant notamment les eaux usées. La gestion durable de l’eau leur permet ainsi d’assurer la pérennité de leurs activités dans un contexte toujours plus compétitif.
Des économies considérables en eau pour Lesieur Cristal
Le Groupe Lesieur Cristal fait partie de ces grands groupes qui se sont lancés depuis quelques années déjà dans le management environnemental et responsable. L’engagement d’appliquer des critères environnementaux a ainsi été pris à tous les niveaux de responsabilité du groupe. «Lesieur Cristal met la performance écologique au cœur de sa stratégie. La dynamique de maîtrise et de réduction de ses impacts environnementaux est importante. Le groupe, certifié ISO 14001, favorise l’optimisation de ses consommations et le traitement de ses co-produits et déchets», nous ont affirmé les responsables du groupe. Lesieur Cristal est, également, une des toutes premières entreprises industrielles marocaines à s’équiper d’une station de traitement des rejets liquides. Celle-ci a été mise en service en 2003 à la suite d’un partenariat avec le ministère de l’Environnement, le Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE), le Fonds de dépollution industrielle (Fodep) ainsi que la Lydec. Cette station qui intègre un équipement technologique répondant à des standards internationaux, selon les responsables du groupe, a une capacité de traitement de 1.450 m³ par jour. Le groupe Lesieur Cristal assure en continu l’ingénierie de ses process pour l’optimisation de l’utilisation de l’eau. Des investissements importants sont ainsi mis en œuvre pour la réduction de l’utilisation d’eau au niveau des deux activités principales du groupe. L’ensemble des actions menées a permis une réduction drastique de la consommation en eau industrielle d’environ 33% pour l’activité de raffinage des huiles alimentaires et de 40% pour l’activité de fabrication de savon.
L’OCP tend vers l’autosuffisance
De son côté, le Groupe OCP a placé la préservation des ressources naturelles au centre de ses préoccupations. «L’enjeu majeur est d’allier rationalisation de l’utilisation de l’eau et satisfaction des besoins actuels et futurs des installations minières et industrielles, qui atteindraient à terme 160 millions de m³ par an», expliquent, à ce sujet, les responsables du groupe. Ainsi, depuis le démarrage en 2008 de son Programme industriel, le Groupe a développé une «Stratégie Eau» intégrée et durable le long de la chaine de valeur, reposant sur trois axes à savoir l’optimisation de l’utilisation de l’eau sur l’ensemble de la chaine de valeur, l’abandon des ressources en eau souterraine considérées comme étant des réserves stratégiques pour le pays et le recours à des ressources en eaux non conventionnelles comme l’eau de mer dessalée et l’eau usée (d’origine domestique) traitée. Grâce aux efforts du Groupe, 35% de ses besoins actuels en eau sont ainsi satisfaits à partir des eaux non conventionnelles. Il est à noter qu’avec une production de phosphates et d’engrais plus importante, le niveau de prélèvement en 2018 des ressources naturelles en eau est resté le même que celui de 2010 : «tout le besoin d’eau additionnel a été comblé par des eaux non conventionnelles» soulignent les mêmes responsables. Avec le nouveau programme «Économie circulaire», le Groupe ambitionne de recourir d’avantage eaux non conventionnelles pour la satisfaction de ses besoins en eau à usage industriel. Ainsi, en plus de la STEP de Khouribga, le groupe OCP a réalisé également les STEP de Benguérir et Youssoufia, portant ainsi sa réutilisation des eaux épurées à environ 10 millions de m3 d’eaux usées urbaines par an dans ses sites miniers. Une partie des eaux usées épurées de la STEP de Benguérir sert aussi à l’arrosage des espaces verts de la Ville Verte de Benguérir. Ces stations ont été conçues de façon à épurer les eaux usées suivant des techniques de pointe permettant d’obtenir de très bonnes performances. Fait remarquable, la valorisation du biogaz issu du processus de traitement des eaux usées permet une production d’électricité qui couvre les besoins énergétiques des STEP à hauteur de 30%. L’OCP investit également dans le dessalement d’eau de mer pour couvrir la totalité des besoins additionnels requis par son développement industriel, sans aucune demande complémentaire en eaux conventionnelles. Nous pouvons citer, à ce titre, la plateforme industrielle de Jorf Lasfar, désormais alimentée par la plus grande station de dessalement au Maroc avec une capacité annuelle de 25 millions de m³. Un projet d’extension de cette station est mis en place pour atteindre une capacité totale de 40 millions de m³ par an en 2021. Une autre station d’une capacité de 7,5 millions de m³ est prévue à Laâyoune, en complément à la station actuelle de dessalement d’une capacité de 1,2 million de m³, construite en 2006. Pour Safi également, le dessalement est prévu pour satisfaire les besoins futurs du programme de développement industriel du site.
Une rationalisation sur toute la chaine de valeur
Le groupe intègre la rationalisation et la préservation durable de l’eau dans tout son processus de production. À ce titre, plusieurs grandes réalisations majeures peuvent être citées, dont le Pipeline de phosphate, particulièrement écologique, ou les projets de recyclage qui concernent plus de 80% des volumes d’eau utilisés dans les procédés d’enrichissement du phosphate par lavage-flottation. D’autres actions sont en cours de développement ou de généralisation, notamment le traitement des pistes de chantiers miniers, ce qui permettra de réduire de façon significative les volumes d’eau dédiés à leur arrosage, ou encore la filtration des boues de lavages qui haussera le taux de recyclage à plus de 90% dans ses précédés d’enrichissement.
