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«Un instant dans le monde» célèbre l’art au féminin

Dans le cadre de ses Jeudis de la culture, Le Féminin pluriel a organisé le 12 décembre, en partenariat avec la Fondation CDG, une journée d’étude sous l’intitulé «Un Instant dans le monde». Ont participé à cette rencontre des intellectuels, des critiques et des artistes, chacun abordant la question de l’art au féminin selon sa vision et son vécu.

«Un instant dans le monde» célèbre l’art au féminin

La présidente de l’Association Le Féminin pluriel, Kawtar Dinia, a indiqué que le thème général de cette journée a été inspiré de la Biennale des arts de Rabat «Un instant avant le monde». «Nous avons consacré cette journée à l’art au féminin, car on a constaté, ces derniers temps, un discours patriarcal violent à l’égard des femmes. 
Celles-ci ne peuvent pas parler ou écrire sans être fortement critiquées, voire châtiées. Beaucoup d’entre-elles trouvent leur salut dans l’art pour libérer le refoulé et briser le tabou. Nous aspirons, à travers cette journée, à promouvoir les créations des femmes artistes, mettre en exergue leur courage et leur détermination à s’émanciper contre toutes les formes de servitudes». Plusieurs thématiques étaient au rendez-vous pour débattre et partager les créativités et réflexions des unes et des autres. Elles ont été entamées par une matinée académique sur «Les femmes et les arts : mises au point», puis les interventions de Moulim Laâroussi sur «La femme et l’art, du subir à l’agir» et Saloua Cherkaoui sur «L’architecture est un nom féminin». Elles se sont poursuivies l’après-midi par d’autres exposés sur «Le théâtre au féminin» par Anissa Derrazi et «Artistes femmes : rencontres» par Myriem Chraïbi et Lamia Kadiri. Une deuxième séance a pris le relais autour des «Femmes qui pratiquent les arts, motivations et difficultés» où Kenza Laâroussi a parlé «Du monochrome à l’art contemporain ou du silence à la contestation». 
De son côté, l’artiste Majda Yahyaoui, connue pour sa superbe voix dans le chant du Melhoun et en tant que célèbre animatrice d’émissions sur le patrimoine musical marocain, n’a pas manqué de souligner que «la femme créatrice, en général, est le fruit de l’environnement où elle a évolué et vécu. Sans oublier toutes les personnes qui l’ont influencée durant toute sa vie. Il faut dire aussi que le temps joue un rôle important dans le parcours de chacune. La Majda Yahyaoui d’il y a 20 ans n’est pas celle d’aujourd’hui. J’ai vécu plusieurs expériences, j’ai appris énormément de choses de la vie qui m’ont permis d’évoluer dans le sens positif. Concernant mon choix du Melhoun, celui-ci n’a pas été des plus simples. J’ai rencontré plusieurs obstacles à mes débuts, car ce genre musical était connu pour être chanté par les hommes. C’est là où je me suis dit pourquoi cet art, issu du Tafilalet, sera monopolisé, uniquement, par les hommes. Mais quand j’ai commencé à mener des recherches très approfondies sur cet art, j’ai trouvé plusieurs femmes qui l’avaient chanté, notamment Zahra El Madani qui était très réputée à Tafilalet», précise Majda Yahyaoui qui dit avoir trouvé en Lhoussine Toulali le maître spirituel et celui qui l’a initiée et encouragée dans ce domaine. «D’ailleurs, Si Lhoussine a été un fervent défenseur des voix féminines du Melhoun. Puis, dans les Qsaids de cet art, on ne sent jamais un quelconque rabaissement de la femme. Il y a toujours un message d’amour et de paix. C’est le secret de la continuité du Melhoun et sa résilience dans le temps et l’espace», renchérit Majda qui a débattu de la thématique «La voix féminine dans le dialogue interculturel», en compagnie de Naîma Zitane (dramaturge) et Fatima Zohra Qortobi (chanteuse). Cette dernière n’a pas nié les difficultés que rencontre la femme artiste dans le domaine de l’art. «C’était un défi pour moi. Mais je dois avouer que l’accompagnement des parents est pour quelque chose dans ma réussite. Puis le fait d’avoir un autre diplôme d’ingénieur m’a permis de rester moi-même et de garder ma dignité».
Par ailleurs, la danseuse, chorégraphe et comédienne Salima Moumni, en abordant la thématique «Danser : une manière de vivre», s’est exprimée sur les bienfaits de la danse pour le corps de la femme. «La danse permet de prendre conscience de son corps, de l’apprivoiser et de l’aimer. Il faut chercher à être vous-même. La danse permet aussi cette communion avec l’univers et avec soi. C’est une sorte de transpiration des tabous et des malaises de notre société. C’est également un outil pour se rebeller, pour faire avancer la société et pour briser les stéréotypes, crier à l’injustice et dénoncer l’hypocrisie sociale». Il faut dire que ces diverses interventions ont constitué un grand moment d’écoute et d’échange entre les participants et l’assistance. 

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