Le «Journal de Montréal» souligne «l’exception marocaine» dans un monde de conflits

L’exception marocaine ne peut qu’être rassurante pour faire avancer le dialogue interreligieux en cette période de profondes turbulences, où les religions sont parfois instrumentalisées à des fins idéologiques et politiques, écrit dimanche le «Journal de Montréal». Dans un article intitulé «Dialogue et rapprochement» de la politologue Fatima Houda-Pepin, la publication revient sur la visite du Pape François fin mars au Maroc qu’elle qualifie d’«événement rarissime qui témoigne de l’ouverture du Royaume où l’Islam est religion d’État et Sa Majesté le Roi est Commandeur des croyants».
Mme Houda-Pépin a dû remonter loin dans l’histoire du Royaume pour expliquer la genèse de cette exception, rappelant que la dynastie des Almohades avait unifié l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie) et l’Andalousie dans un vaste empire où juifs, chrétiens et musulmans avaient donné naissance à une civilisation de l’Islam des Lumières. «C’est aussi là que sont venus se réfugier les Juifs sépharades et les musulmans andalous suite à l’inquisition espagnole. Et lorsque le gouvernement de Vichy, au service de l’Allemagne nazie, avait voulu appliquer aux juifs des colonies un statut discriminatoire, S.M. le Roi Mohammed V les avait protégés», ajoute-t-elle. La politologue relève que c’est au Maroc que les deux survivants de l’attentat de Tibhirine en 1996 avaient été accueillis, dont l’un d’eux a rencontré le Souverain pontife à la cathédrale Saint-Pierre, à Rabat. Ce n’est donc pas fortuit, a-t-elle fait observer, si la visite officielle de Sa Sainteté le Pape en terre d’islam a été effectuée au Maroc. Il y a 34 ans déjà, S.M. le Roi Hassan II y avait convié le Pape Jean-Paul II qui avait fait un discours devant 100.000 jeunes, à Casablanca, a-t-elle noté. «Ce n’est pas étonnant non plus que S.M. le Roi Mohammed VI soit l’un des premiers contributeurs à la reconstruction de la Cathédrale Notre-Dame de Paris», a estimé Mme Houda-Pepin, rappelant que le Souverain avait nommé, en août 2018, une femme, Raja Naji Mekkaoui, en tant qu’ambassadrice du Maroc au Vatican. Rappelant que la signature conjointe de l’Appel sur Al-Qods était l’un des temps forts de la visite papale, la politologue a affirmé qu’il s’agit d’une initiative qui insiste sur la place de la Ville sainte en tant que patrimoine commun de l’humanité qui doit demeurer accessible aux trois religions monothéistes.