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La Journée nationale des détenus libère la créativité des incarcérés

La Journée nationale des détenus a été marquée par une grande exposition des détenus sous la thématique «Création d’au-delà des murs ou quand l’art libère». Inauguré le 13 décembre, cet événement a été organisé par le Musée Bank Al-Maghrib en partenariat avec la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) et le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH).

Une première du genre, dont le parcours en deux temps, réalisé par le commissaire Abderrahman Benhamza, dévoile la créativité chez les détenus des divers établissements pénitenciers du Maroc, puis les clichés et film documentaire «De l’autre côté» offerts à voir grâce au travail du photographe, designer et réalisateur Darem Bouchentouf. Le vernissage a réuni de nombreuses personnalités des droits de l’Homme, des arts, de la culture, des médias, et ce, en présence de plusieurs artistes-peintres incarcérés. Ces derniers se sont dits très fiers de cette prestation qui met en valeur leur créativité, malgré les conditions d’incarcération où ils se trouvent. «C’est une fenêtre qui nous ouvre les horizons de la liberté. Car l’art nous permet de nous évader de la situation où on se trouve. Avec cet événement, on se sent comme les autres artistes hors des murs de la prison», témoigne un détenu. C’est, d’ailleurs, l’objectif de cette manifestation, comme l’a souligné Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, dans le mot du catalogue de l’exposition. «L’art constitue sans nul doute une des composantes essentielles contribuant à la préparation du détenu à une réinsertion dans les tissus économique et social, et garantit de façon équitable l’accès à la citoyenneté et la participation à la vie sociale», écrit-il. Un vrai moment de partage très important pour ces détenus afin de se sentir plus proche de la société où ils vont s’intégrer un jour. De son côté, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme, Amina Bouayach, a insisté sur le fait que le détenu demeure un citoyen qui doit accéder à ses droits fondamentaux élémentaires, bien que privé de sa liberté et sous le coup d’une condamnation pénale. Et d’ajouter que «sans prétendre prendre en charge l’ensemble des souffrances et des aspirations des personnes vivant dans l’univers carcéral, la culture et l’art ont pour vocation de participer, en appui à d’autres mesures d’accompagnement, à favoriser la réinsertion des détenus et leur réhabilitation future dans le corps social». Bouayach a fait savoir qu’avec 50 toiles artistiques de 42 détenus, provenant de 24 établissements pénitenciers, il y a lieu de constater qu’un mouvement artistique culturel commence à prendre place dans ces établissements. «Nous espérons que la culture jouera le rôle de réinsertion et donnera une autre chance à ces personnes qui, pour certaines raisons, se sont trouvées derrière les barreaux».

En effet, à travers l’art, le détenu peut exprimer sa souffrance et libérer son esprit de la douleur, tout en se réconciliant avec lui-même. Ce qui lui permettra à l’avenir d’accéder plus facilement à une nouvelle vie sociale. D’où le soutien intense de la création artistique et culturelle des détenus par la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la Réinsertion. Car, cette dernière, comme le précise Mohamed Saleh Tamek, délégué général de la DGAPR, est consciente que «l’art joue un rôle considérable dans la réinsertion des détenus dans la mesure où il leur permet de reprendre confiance en eux, de maintenir l’espoir et de tisser de nouvelles relations sociales à même de faciliter leur réinsertion après la remise en liberté». Ainsi, la DGAPR ne ménage aucun effort pour permettre aux détenus de s’exprimer et faire valoir leur art en leur organisant des compétitions dans les arts plastiques, le théâtre, la poésie, la calligraphie entre autres mesures instaurées pour la promotion de la création artistique et culturelle des détenus. Abderrahim Chaaban, directeur du Musée Bank Al-Maghrib, établissement qui accueille cette grande exposition jusqu’au 1er mars 2020, a, lui aussi, loué cet événement et les points positifs qu’il peut drainer. «C’est la deuxième fois que nous travaillons avec le CNDH. La première fois, c’était avec les enfants handicapés, dont nous avons exposé leurs travaux artistiques. Une expérience qui a remporté énormément de succès. Celle d’aujourd’hui est aussi importante, vu l’impact qu’elle pourra avoir sur ces détenus artistes». Une belle initiative pour montrer un côté humain envers le monde carcéral et prouver que l’emprisonnement n’est ni une sanction totale ni une exclusion d’un détenu pour exprimer son talent. 

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