L’essai fait découvrir la profonde réflexion du penseur pour reconstruire la conscience islamique

L’objectif de Chakib Hallak à travers cet ouvrage est de faire connaitre la pensée de M. Shahrour concernant, selon lui, l’interprétation médiévale de l’Islam. Ainsi, comme le souligne l’auteur dans cet écrit, M. Shahrour ne s’arrête pas uniquement à la critique de l’héritage culturel islamique, mais ouvre les portes de la jurisprudence en introduisant des bases nouvelles de réflexion, compatibles avec les besoins de la modernité. L’auteur propose, ainsi, aux lecteurs francophones une introduction à une pensée riche et complexe d’un des penseurs les plus controversés dans la pensée islamique. Comme indiqué dans la note préliminaire, «l’auteur se propose, à travers la déconstruction du patrimoine islamique et la critique du fiqh, de montrer le caractère humain du travail interprétatif et ainsi de le désacraliser. Il s’agit de reconstruire la conscience islamique sur des bases épistémologiques modernes. Abordant l’héritage et les textes fondateurs de l’Islam par une conscience scientifique, il veut renouveler de l’intérieur de la pensée musulmane en réhabilitant sa pensée rationnelle et confirmer la centralité du Coran». Sans oublier que Shahrour est un homme savant et croyant, qui cherche des réponses satisfaisantes, non pas pour le cœur mais pour la raison. Savant non à la manière des clercs conservateurs, de la science obsolète, qui en sont encore à ressasser les avis et les commentaires de leurs ancêtres, mais à la manière des modernes, qui ont assimilé leur culture et celle des autres, et qui adoptent les outils de l’enquête rationnelle rigoureuse. La note indique, également, que ce grand penseur est un croyant, non à la manière de ceux qui confondent foi et superstition, qui sont croyants parce que superstitieux, mais comme ceux qui sont saisis d’une conscience aiguë du sens des devoirs éthiques des hommes. Il faut l’entendre ou plutôt le lire, pour saisir la profondeur de sa foi musulmane, l’intelligence de son approche et la modernité de son regard. En effet, on trouve dans ce livre, certaines des réponses aux questions que tous, musulmans et non-musulmans, se posent aujourd’hui. Des nombreuses lectures sur ce penseur, Chakib Hallak, docteur universitaire en littérature allemande (Paris IV-La Sorbonne), a essayé d’en extraire l’essence de la pensée de cet homme, l’une des plus profondes et qui sera certainement des plus fécondes pour les musulmans du 21e siècle. 
À ce propos, l’auteur fait allusion au travail de Ziad Hafez, à celui de Naïma Dib, de Roxanne Marcotte, de Reda Benkirane, à la traduction de la revue Maghreb-Machrek, ainsi qu’à la thèse de Khaltoum Saâfi Hamda sur la pensée de A. Charfi, M. Arkoun et N.H. Abu Zayd, trois rénovateurs contemporains, avec lesquels M. Shahrour partage beaucoup de points de vue. Tout comme l’éditeur qui qualifie Shahrour d’un des penseurs les plus critiqués de la réflexion musulmane, animé d’humanisme, de spiritualité, d’esprit critique et de tolérance. Sachant que ce natif de Damas en 1938, qui a poursuivi sa carrière d’ingénieur à Moscou puis à Dublin, est rentré chez lui en 1972 pour plonger, d’une manière autodidacte, dans la lecture du patrimoine religieux. Sa pensée se focalise sur le concept de l’évolution humaine dans le Coran, les règles de l’herméneutique, la théorie des limites, l’interchangeabilité entre l’Islam et l’Iman, les rites, le message et la prophétie, la problématique du hadith, l’abrogeant et l’abrogé et les nouvelles bases de jurisprudence pour la femme (la polygamie, le testament, l’héritage, les vêtements de la femme...) que Shahrour a mises en place. Puis, il s’arrête sur l’Islam politique dans sa relation avec le jihad, la gouvernance, la critique de la jurisprudence islamique (le Fiqh), la justice, la liberté, l’Islam et la démocratie. Une étude très constructive et aussi profonde que l’auteur Chakib Hallak a pris la peine de partager et de mettre en relief.