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L'Allemagne voit son économie ralentir mais échappe à la récession

Moins étincelante que d'habitude à l'export, l'Allemagne a néanmoins aligné l'an dernier une neuvième année consécutive de croissance et un nouvel excédent budgétaire record, aidée par sa robuste demande intérieure.

L'Allemagne voit son économie ralentir mais échappe à la récession
«Tous les risques internationaux majeurs, du chaos du Brexit à la guerre commerciale, continuent de planer sur l'économie comme une épée de Damoclès», résume Jörg Zeuner de la banque KfW. Ph. Reuters.

Si l'économie allemande a ralenti comme attendu l'an dernier, avec une hausse de 1,5% sur un an du produit intérieur brut contre 2,2% en 2017, l'Office fédéral des statistiques a déjoué mardi les prédictions les plus sombres. D'une part, le pays a échappé à une «récession technique» en fin d'année, c'est-à-dire à deux trimestres consécutifs de recul du PIB, en enregistrant un «léger rebond» non chiffré de sa production après le repli de 0,2% au trimestre précédent, selon Destatis. Berlin, champion de la rigueur budgétaire auprès de ses partenaires européens, a par ailleurs vu ses comptes publics (État, collectivités locales et sécurité sociale) gonfler d'encore 59,2 milliards d'euros, soit 1,7% du PIB, nouveau record depuis la Réunification du pays en 1990. Au total, l'Allemagne réalise certes sa «plus mauvaise performance depuis cinq ans», mais «se tire avec un simple œil au beurre noir» des multiples incertitudes du moment, estime Carsten Brzeski, économiste de la banque ING. Dans le détail, le ralentissement allemand est dû à «un mélange de facteurs temporaires», donc appelés à disparaître, et «structurels», poursuit M. Brzeski, rendant la dynamique économique des prochains mois difficile à prédire. La péripétie la plus marquante de 2018 est venue du secteur automobile, déjà bousculé par la désaffection pour le diesel, et qui a eu les pires difficultés à adapter sa production aux nouvelles normes européennes anti-pollution WLTP entrées en vigueur en septembre. L'Allemagne peut en revanche s'appuyer sur sa demande intérieure soutenue par un taux de chômage historiquement bas (4,9%) et la nette hausse récente des salaires. «Avec un excédent de 59 milliards d'euros, la politique économique a suffisamment de munitions pour les utiliser intelligemment et dans une perspective de long terme», veut croire Jörg Zeuner, à l'unisson de la plupart des commentateurs. La coalition gouvernementale semble pour l'heure divisée sur le sujet, le ministre social-démocrate des Finances Olaf Scholz ayant récemment estimé que «les années fastes» étaient «finies» pour les recettes publiques, réduisant les marges de manœuvre. À l'inverse, le ministre conservateur de l'Économie, Peter Altmaier, appelle à une véritable «politique industrielle» et des baisses d'impôts, d'autant que l'Allemagne voit son attractivité menacée par la politique fiscale très favorable aux entreprises de Washington.

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