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Lancement d’une campagne nationale de collecte de fonds

L’Association nationale Al Hidn vient de lancer une campagne nationale de collecte de fonds pour la création du centre Al Hidn pour le soutien et la protection de la veuve, de l’orphelin et de la famille.

Lancement d’une campagne nationale de collecte de fonds
Ph. Saouri

La situation des femmes veuves au Maroc est difficile. Prendre en charge ses enfants après la disparition soudaine du père de famille est souvent synonyme de chemin parsemé d’embuches. Afin d’alléger leurs souffrances, l’Association nationale Al Hidn œuvre, depuis sa création en 2001, pour le soutien des familles vulnérables, notamment les veuves et leurs enfants. Et afin de consolider son soutien pour cette catégorie de la population, l’association vient de lancer une campagne nationale de collecte de fonds pour la création du centre Al Hidn pour le soutien et la protection de la veuve, de l’orphelin et de la famille. «Le quotidien de la veuve est soumis aux intempéries de la vie : menaces d’expulsion du logement, maladie grave de la veuve, accident de l’orphelin… ces aléas de la vie peuvent briser la famille d’où notre programme de soutien qui inclut le relogement, l’aide médicale, le soutien et l’accompagnement psychologique. L’association n’a pu mettre en place tous ces programmes que grâce aux parrains et aux donateurs qui lui ont fait confiance et ont adhéré à ses ambitions. Aujourd’hui, nous souhaitons lancer un nouveau projet qui prendra en charge encore plus de personnes nécessiteuses, à savoir le centre Al Hidn pour le soutien et la protection de la veuve, de l’orphelin et de la famille», a souligné Mina Oumlil, présidente de l’Association nationale Al Hidn lors d’une conférence de presse organisée hier jeudi à Casablanca. «Le centre Al Hidn, qui sera bâti selon les normes internationales, représente le résultat de plus de 15 années d’expérience, de recherches et de proximité, est basé sur un vrai travail de terrain auprès de familles brisées par la disparition du père. Ce centre, qui nécessite une levée de fonds au niveau national et international pour exister, est un exemple de guichet unique (un one-step shop) et de politique intégrée pour une famille marocaine soudée et bénéficiant de conditions de vie décentes pour un avenir meilleur. Il aura pour objectif de changer le quotidien de familles en particulier défavorisées», poursuit la présidente de l’association. Écoute, conseil, orientation, formation, soutien psychologique et financier, le centre Al Hidn, qui nécessite un budget d’investissement total de 7.800.000 DH, se veut être une infrastructure qui aide les familles, en particulier les plus démunies, à se reconstruire. Il visera principalement à faire bénéficier les veuves d’écoute thérapeutique et de coaching personnel afin de les outiller et de les soutenir face aux difficultés de la vie quotidienne. Il va également accorder des bourses aux étudiants démunis afin qu'ils puissent poursuivre leurs études dans des conditions optimales, prendre en charge des orphelins à travers le soutien scolaire, des formations en développement personnel et des activités parascolaires, et permettre aux veuves d’accéder à des formations professionnelles diplômantes pour garantir au maximum leur indépendance financière. Le centre Al Hidn vise à gérer les conflits intrafamiliaux et à former les jeunes mariés, parents et futurs parents à la parentalité positive.

Questions à Mina Oumlil, présidente de l’Association nationale Al Hidn

«La perte du père a un impact psychologique important sur l’orphelin, surtout sur sa qualité de vie et sur le plan matériel»

Avec votre longue expérience, comment évaluez-vous la situation des femmes veuves au Maroc et leurs enfants ?
Les femmes veuves au Maroc sont divisées en 3 catégories. D’abord, celles qui ont une situation financière confortable : salariée, pension confortable du défunt époux… Puis celles qui sont des femmes au foyer, mais qui vont percevoir une pension retraite du défunt mari et qui ont un logement acquis (avec la belle famille ou seule) ou n’ont pas de logement acquis et sont donc obligées de louer une pièce ou un appartement. Et enfin la troisième catégorie qui est la plus vulnérables puisqu’il s’agit des veuves sans aucune ressource financière fixe (femmes au foyer, sans pension ni héritage). Que propose alors l’État pour cette dernière catégorie ? Il propose une aide directe qui se situe dans une fourchette allant de 350 à 1.050 DH (dans la limite de trois enfants) et sans la possibilité de cumuler ce soutien financier avec toute autre aide quelle qu’en soit la nature (bourses scolaires, aide fournie dans le cadre du programme «Tayssir» ou avec une pension, allocation familiale ou aide directe payée par le Budget de l’État ou par les budgets des collectivités territoriales, des établissements ou toute autre institution publique). Cela dit, les veuves dont les enfants ont plus de 21 ans ne pourront pas y prétendre. Les chiffres publiés le 31 décembre 2017 ont révélé que seulement 83.567 veuves ont bénéficié de cette aide alors que le chiffre estimé est de 300.000. Par ailleurs, la perte du père a un impact psychologique important sur l’orphelin surtout sur sa qualité de vie et sur le plan matériel. Un grand nombre d’entre eux quittent les bancs de l’école pour travailler et aider financièrement la famille, particulièrement dans 
le milieu rural. 

Comment le centre Al Hidn va-t-il améliorer le quotidien de cette catégorie vulnérable de la population ?
De nombreuses associations prennent en charge les orphelins par des aides saisonnières ou régulières, mais en réalité, il y a rarement un plan d’action à court, moyen et long termes permettant à la veuve et aux orphelins d’avoir une qualité de vie meilleure sinon identique à celle qu'ils avaient avant la disparition du père. L’association Al Hidn, à travers ce centre, va développer plusieurs projets. 
Certains sont menés de front comme la prise en charge de la veuve et de l’orphelin en même temps à travers la formation professionnelle, l’encadrement, le soutien scolaire … Et d’autres actions vont suivre comme le développement personnel des jeunes orphelins, incluant leurs parcours scolaire puis par la suite leur parcours universitaire et éventuellement leur carrière professionnelle. 

Quelles sont les autres actions de l’association en faveur des veuves et des orphelins ?
L’association met à la disposition des veuves et des orphelins les services du centre d’écoute et d’orientation familiale. Ce centre est le fruit du programme «Irchad». Ce programme regroupe des écoutantes, des psychologues, des coachs et des spécialistes de l’éducation. Il développe trois activités, à savoir la formation des futurs couples à la vie conjugale (consolider le couple, gestion des conflits...), la formation des couples (comment investir dans la vie du couple, se préparer à avoir des enfants…) et former les futurs parents à la parentalité positive. Ce centre est ouvert à la population en général, mais la veuve et l’orphelin sont les clients «VIP» prioritaires. 
En outre, l’Association nationale Al Hidn à l’aide des partenariats, des ONG et de son tissu relationnel, accompagne l’insertion professionnelle des veuves et des jeunes orphelins à travers ses différents programmes. 

 

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