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L’employabilité des étudiants en situation de handicap, une affaire de tous !

L’employabilité des PSH est une question transversale, car elle reflète l’aboutissement des différentes politiques sociales, d’éducation et de santé mises en place pour assurer l’intégration de cette catégorie au sein du tissu socioéconomique. D’où la nécessité d’une politique inclusive regroupant les différents acteurs concernés, qui doivent travailler ensemble pour garantir les droits des personnes en situation de handicap. Le projet PACES, créé dans le cadre du programme européen Erasmus+, s’inscrit dans cette optique en vue de renforcer l’employabilité des étudiants en situation de handicap dans l’enseignement supérieur.

L’employabilité des étudiants en situation de handicap, une affaire de tous !
Ph. Shutterstock

Selon l’Enquête nationale sur le handicap réalisée en 2014 par le ministère de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, le taux de chômage des personnes en situation de handicap, de léger à très sévère, est 4 fois supérieur au taux de chômage national. Au niveau de l’enseignement supérieur, les diplômés en situation de handicap représentent 0,42% de l’effectif global des diplômés (statistiques 2017-2018). Des chiffres qui interpellent quant à la nécessité d’agir en faveur de cette catégorie en proie à des difficultés pour l’insérer dans la vie active. 
«Au Maroc, ce qui est intéressant, c’est qu’il y a beaucoup d’entités qui travaillent sur cette problématique depuis des années. Toutefois, le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas d’harmonie et de liaison. Chaque partie travaille dans son coin, sans pour autant connaitre ce que font les autres parties», a souligné Hafida Mderssi, professeur à l’Université Mohammed V de Rabat, directrice du centre d’accueil, d’orientation et du suivi, à l’occasion de la rencontre internationale sur l’employabilité des étudiants en situation de handicap organisée la semaine dernière à Rabat, dans le cadre du projet PACES - Progression des centres d’accessibilité dans l’enseignement supérieur pour les étudiants en situation de handicap en Afrique du Nord. 
Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du programme Erasmus+, prévoit la mise en place d’un ensemble d’initiatives dans les universités égyptiennes et marocaines pour soutenir la modernisation de l’enseignement supérieur en développant des centres d’accessibilité (statiques, mobiles et virtuels) qui permettront aux étudiants handicapés d’avoir accès à des services de soutien, ainsi qu’à un réseau d’employeurs afin de mieux s’insérer sur le marché du travail.
En collaborant avec les différents acteurs socio-économiques œuvrant dans ce domaine, le projet vise à doter les étudiants en situation de handicap des compétences nécessaires pour améliorer leur employabilité et décrocher un emploi, tout en instaurant une culture d’inclusion au sein des établissements d’enseignement et auprès des employeurs. 
«Nous souhaitons, à travers ce projet, impliquer les employeurs dans le renforcement de l’employabilité des étudiants en situation de handicap en leur apportant du mentorat pour réussir dans leurs carrières. Il faut que tous les acteurs travaillent ensemble pour pouvoir offrir aux étudiants une chance de réussir leur avenir», indique Jacqueline Cawston, co-director of Centre for Postdigital Cultures - Coventry University, coordinator of PACES.
Institutionnels, acteurs de la société civile et entreprises, les intervenants lors de cette conférence ont été unanimes sur la nécessité pour les employeurs de s’inscrire dans le cadre d’une politique d’inclusion de cette catégorie. Un défi qui passe, entre autres, par la mise en place de mesures incitatives à l’insertion des personnes en situation de handicap ou encore de la discrimination positive. 
«La question des quotas a été tranchée pour la fonction publique, pour le secteur privé il y a actuellement un débat entre le ministère de tutelle et la CGEM afin d’arrêter le quota pour le secteur entrepreneurial, de déterminer la taille de l’entreprise éligible et les mesures incitatives et coercitives dans ce sens», note Ahmed Ait Brahim, chef division insertion sociale des personnes en situation de handicap au ministère. 
L’amélioration de l’employabilité des étudiants en situation de handicap nécessite une approche inclusive garantissant l’ensemble des droits de cette catégorie pour une intégration effective dans la société. L’enjeu étant de lancer une vraie dynamique qui cultive l’égalité des chances et le développement humain.

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Ils ont déclaré

Professeur Mohamed El Ghachi, président de l’Université Mohammed V - Rabat 

«Nous vivons aujourd’hui la consécration de plusieurs années de travail. Pour l’Université Mohammed V, les travaux ont commencé depuis les années 90. Cela a commencé concrètement par la mise en œuvre de plusieurs programmes dans le but de permettre de réfléchir, dans un premier temps, à la manière avec laquelle on peut aider réellement les étudiants à besoins spécifiques. Il y a eu comme pionniers pas mal d’établissements et par la suite l’expérience a été généralisée au niveau de l’Université. L’intérêt n’est pas uniquement de former mais également d’aider pour faciliter l’intégration. Aujourd’hui, nous souhaitons apporter un plus concret avec des emplois et des adaptations des postes d’emploi. Les différentes composantes de l’Université, notamment les enseignants, l’administration, les étudiants, mais aussi les partenaires, sont aujourd’hui présentes. Cela nous pousse à être plus optimistes et à voir l’avenir avec plus d’espoir.»

Hafida Mdarssi, professeur à l’Université Mohammed V - Rabat, directrice du centre d’accueil, d’orientation et du suivi

«La rencontre autour du projet PACES a constitué une oppotunité pour débattre avec les parties internationales des pays partenaires autour de l’employabilité des étudiants à besoins spécifiques, qu’on appelle désormais des étudiants en situation de handicap. Avec nos partenaires, entre autres institutionnels et de l’entreprise, l’événement a constitué un grand débat avec deux panels : Le premier panel a permis d’identifier le positionnement du Maroc dans ce paysage international qui est celui de répondre aux besoins des étudiants, surtout ceux qui sont à besoins spécifiques. Le deuxième panel était dédié aux recruteurs et aux employeurs, qui étaient également présents pour nous aider dans ce grand chantier. Ceci dit, l’événement n’a pas été une conférence ordinaire, mais plutôt le lancement d’un chantier qui est d’abord national, certes, et qui va avoir une portée internationale puisqu’il connait la participation de plusieurs pays. À cette occasion, nous avons lancé le projet d’une cellule de coordination entre les différents partenaires, aussi bien institutionnels que ceux de l’entreprise. Le but est de monter des activités communes et d’en faire le suivi. À travers PACES, on dispose d’un espace équipé d’outils informatiques mis à la disposition des étudiants en situation de handicap au sein de la faculté des sciences de l’éducation. À titre d’exemple, les non-voyants peuvent bénéficier des appareils qui vont les aider énormément. On travaille également sur l’e-learning et sur d’autres projets qui vont avoir lieu au sein de l’Université Mohammed V.»

Jacqueline Cawston, co-director of Centre for Postdigital Cultures - Coventry University, coordinator of PACES

«Le projet PACES a pour objectif d’aider les étudiants en situation de handicap à intégrer les établissements d’enseignement supérieur et s’insérer sur le marché du travail. Au-delà de la formation du personnel et la mise en place de centres dédiés à l’accompagnement des étudiants au sein des universités, le projet vise à intégrer les différents acteurs socioéconomiques dans le renforcement de l’employabilité des étudiants en situation de handicap en leur apportant du mentorat pour réussir dans leurs carrières. Il faut que tous les acteurs travaillent ensemble pour pouvoir offrir aux étudiants une chance de réussir leur avenir.»

Ahmed Ait Brahim, chef division insertion sociale des personnes en situation de handicap au ministère de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille

«Aujourd’hui, il existe plusieurs modalités d’emploi en faveur des personnes en situation de handicap : La première modalité et qui a d’ailleurs été bien faite, est celle d’organiser annuellement un concours spécial commun pour les diplômés en situation de handicap. L’idée à travers cette modalité est d’appliquer le fameux quota de 7%. L’année dernière, le concours a porté sur 50 postes. Pour cette année, le concours portera sur 200 postes budgétaires. Il est prévu en novembre prochain. Je souligne que cela ne concerne que l’accès à la fonction publique. La deuxième modalité, également intéressante, concerne ceux qui veulent monter leurs petites entreprises. Dans ce sens, un fonds, baptisé, fonds d’appui à la cohésion sociale a été mis en place. Concrètement, l’idée est qu’on ne donne pas de crédit mais plutôt une subvention de 60.000 DH. En chiffres, nous sommes aujourd’hui à presque 1.200 porteurs de projets. Contrairement à ce qu’on croyait, il y a eu une forte demande de la part des jeunes qui voulaient monter leurs propres entreprises. Ce qui est important à souligner c’est que le projet concerne les personnes de tous types de handicap, y compris le mental. Cette année, on envisage d’augmenter un peu le budget afin de répondre à la demande des jeunes. La troisième modalité est toujours en cours de réflexion. Elle implique d’arrêter le quota dans le secteur entrepreneurial. D’ailleurs, on a fait un éventail d’expériences internationales et on a constaté l’existence de deux types de dispositifs : la première possibilité implique qu’on incite les entreprises et qu’on arrête le quota et parallèlement, on met en place des mesures coercitives pour ceux qui ne respectent pas le quota. Ce modèle est français et existe également en Tunisie et en Turquie. La deuxième possibilité est celle du modèle belge et qui renvoie à faire des mesures incitatives pour les personnes qui embauchent. Au Maroc, on vient d’ouvrir la réflexion avec le patronat sur éventuellement la possibilité d’arrêter le quota, de déterminer la taille de l’entreprise éligible et les mesures incitatives et coercitives dans ce sens.»

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