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Mardi 19 Mars 2024
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L’entrepreneuriat féminin pâtit toujours des inégalités

L’Afrique est le continent où les femmes sont les plus nombreuses à opter pour l’entrepreneuriat pour gagner en autonomie. Pourtant, elles sont confrontées à une multitude de contraintes aussi bien d’ordre économique que culturel et social. La conférence organisée le 14 février à Marrakech dans le cadre de la deuxième édition du Séminaire des femmes d’affaires arabes s’est proposée justement de décortiquer les obstacles entravant l’essor de l’entrepreneuriat féminin afin de mieux les surmonter.

L’entrepreneuriat féminin pâtit toujours des inégalités

Bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses à opter pour la création de leurs propres entreprises, le retard à rattraper reste énorme par rapport à la gent masculine. Plusieurs défis restent en effet à relever pour briser le plafond de verre. Cette question a été justement au cœur des débats lors de la deuxième journée de la Conférence des femmes d’affaires arabes et africaines qui s’est tenue à Marrakech du 13 au 14 février dernier.
Des intervenants de différents pays africains ont pointé du doigt des contraintes d’ordre économique, mais aussi social et culturel. «Les femmes sont confrontées à des contraintes socioculturelles qui freinent leur expansion», note Arthur Coulibaly, conseiller en charge de l’industrie et des investissements privés auprès du premier ministre de la Côte d’Ivoire. Selon ce responsable, les femmes s’orientent pour des raisons sociales vers des secteurs traditionnellement féminins et évitent de se lancer dans des domaines qui sont encore l’apanage de la gent masculine.
En outre, les femmes entrepreneurs rencontrent des difficultés énormes à accéder au financement. En effet, des données collectées dans des pays africains indiquent qu’en moyenne, les entreprises appartenant à des hommes bénéficient de six fois plus de capital que celles des femmes. L’accès au crédit tend ainsi à devenir plus complexe lorsqu’il est associé à des facteurs liés au genre. «Les femmes ne disposent pas de la formation nécessaire pour élaborer des business plans viables lors du lancement de leur entreprise et peinent donc à accéder aux crédits à cause de la prudence des banques quant à leur solvabilité», renchérit M. Coulibaly. Autre difficulté et non des moindres, la sous-représentativité des femmes dans les instances professionnelles. «Les femmes disposent de réseaux d’entrepreneurs plus restreints et moins diversifiés que les hommes et disposent de très peu de réseaux et de clubs pour partager leurs expériences et échanger les informations qui pourraient les aider à faire prospérer leurs affaires», fait savoir Carole Kariuki, présidente de l’Alliance kényane du secteur privé (KEPSA).

Les intervenants estiment par ailleurs que les femmes entrepreneurs sont pénalisées par le manque de monitoring et d’accompagnement. Pour Mohammed Ali Mohammed Kamali, de l’Union arabe pour le développement des exportations industrielles, il ne suffit plus de sensibiliser les femmes à la création entrepreneuriale, il faudra aussi et surtout les accompagner dans le développement et la croissance de leurs entreprises, c’est-à-dire dans la durée, pour assurer le succès et la pérennité des entreprises créées. «Si l’accompagnement à la création existe bel et bien, l’accompagnement au développement de l’entreprise après ses premières années est également crucial. Les entreprises des femmes entrepreneurs semblent avoir une moindre croissance, souvent par défaut de moyens financiers ou en raison des caractéristiques des secteurs dans lesquels elles sont surreprésentées. Il y a donc là un véritable potentiel de croissance à exploiter», explique ce responsable. D’autres barrières freineraient également le développement d’entreprises féminines. Il s’agit notamment de facteurs extérieurs, notamment l’absence d’une plateforme de paiement électronique intra-africain, comme le souligne Gwen Mwaba, directrice générale de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank, institution financière panafricaine multilatérale) et l’absence de la culture du paiement électronique (par carte bancaire). Cela dit, Mme Mwaba se félicite du fait que beaucoup de femmes ont pu percer dans le monde des affaires et surmonter tous les obstacles pour développer leurs entreprises en assurant une croissance durable de leurs entités. 

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