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L'opposant Félix Tshisekedi proclamé vainqueur, et aussitôt contesté

La République démocratique du Congo retient son souffle au lendemain de l'annonce historique et inédite de la victoire à la présidentielle d'un opposant, Félix Tshisekedi, aussitôt contestée par une partie de l'opposition.

L'opposant Félix Tshisekedi proclamé vainqueur, et aussitôt contesté
Félix Tshisekedi, après l'annonce de sa victoire, à Kinshasa, le 10 janvier 2019. Ph. Reuters

Joseph Kabila, 47 ans, au pouvoir depuis l'assassinat de son père et prédécesseur le 16 janvier 2001, restera en fonction jusqu'à l'installation effective du président élu. Actant la première transition démocratique depuis l'indépendance de la République démocratique du Congo (RDC) en 1960, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré Felix Tshisekedi, 55 ans, vainqueur de la présidentielle avec 38,57% des voix, devant l'autre tête de l'opposition divisée, Martin Fayulu (34,8%) selon des résultats provisoires. La nouvelle a été accueillie par des foules de jeunes en joie dans les rues de Kinsasha ou Goma : «On remercie le Bon Dieu ! Dans la capitale, des colonnes de taxi-motos ont occupé le boulevard Lumumba, dans un concert de klaxons et des chants à l'honneur». Mais le mécontentement des pro-Fayulu s'est également fait entendre – «On nous a volé la victoire» – notamment à Kisangani (Nord-Est) où la police a usé de gaz lacrymogènes et tirs de sommation. De fait, Martin Fayulu a immédiatement rejeté les résultats et dénoncé un «véritable putsch électoral». «Ces résultats n'ont rien à voir avec la vérité des urnes», a-t-il affirmé à Radio France internationale. La RDC, plus grand pays d'Afrique subsaharienne, vit une double situation historique. C'est la première fois qu'un opposant est proclamé vainqueur d'une élection présidentielle après les deux élections de M. Kabila en 2006 et 2011. C'est aussi la première fois que le président sortant accepte de se retirer sous la pression de la Constitution et non des armes : Joseph Kabila ne pouvait pas briguer un troisième mandat d'affilée. Mais ce scrutin à un tour, reporté trois fois depuis 2016, n'efface pas non plus le souvenir de la réélection de Joseph Kabila en 2011 entachée de violences et de fraudes. Dès jeudi matin, le chef de l'ONU Antonio Guterres a appelé les parties prenantes à «s'abstenir d'actes violents» dans un pays marqué par de nombreux conflits internes et deux guerres régionales. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dit «Fatshi», haute taille et carrure massive, hérite du nom de son père, Étienne, figure historique de l'opposition en RDC décédé le 1er février 2017, et de la machine de guerre laissée en héritage, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), fondée dans les années 1980 contre la dictature du maréchal Mobutu et au sein de laquelle il a gravi tous les échelons. La Cour constitutionnelle doit publier les résultats définitifs, qui peuvent encore faire l'objet de recours, dans les dix jours. Une possibilité évoquée par la coalition au pouvoir même si celle-ci a «pris acte» des résultats provisoires.

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