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Les migrants subsahariens installés au Maroc commentent la visite du Pape

Les chrétiens subsahariens installés au Maroc ont commenté pour «Le Matin» la signification de la visite du Pape François au Maroc. Ils évoquent les préparatifs en cours en vue d’assister à la grande messe prévue dans le grand stade de Rabat. Ils confient également ce qu’ils voudraient demander au Pape s’ils venaient à le rencontrer. De même, ils soulignent la dimension africaine de cette visite.

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Steeven Kamba, président de l’Aumônerie des étudiants catholiques au Maroc (AECM), installée à Casablanca
La visite du Pape s’inscrit dans le contexte du dialogue interreligieux, c’est une bonne rencontre. C’est déjà un pas pour l’union et la cohésion des religions. Le Pape se déplace pour venir rencontrer S.M. le Roi. C’est un pas pour montrer qu’il n’y a pas une différence de religions, qu’il y a un seul Dieu et que chacun est dans sa liberté de pouvoir partager sa religion.
Notre association s’est bien préparée pour cette visite. Nous avons programmé un déplacement vers Rabat. Nous allons assister avec tous les étudiants chrétiens à la messe de Rabat. Car c’est le Pape François qui est à la tête de notre église. C’est une joie pour nous de pouvoir communier avec lui. Nous nous sommes préparés logistiquement pour nous rendre à la messe de dimanche dans le grand stade. C’est un peu difficile parce que tous les étudiants chrétiens veulent assister à cette cérémonie. Tout le monde est mobilisé pour pouvoir y assister.
Entre nous, la première discussion qui alimente nos conversations en apprenant cette visite est comment partager cette joie. Comment doit-on s’organiser pour accueillir cette bénédiction ? Nos discussions ont également porté sur ce que représentent les églises au Maroc, ce que représente notre foi au Maroc et comment nous allons vivre cette rencontre avec les autres. On se demande aussi si, après cette rencontre, nous serons en mesure d’accueillir et d’accepter tous les musulmans et les gens d’autres confessions et discuter avec eux à cœur ouvert et sans retenue.
Par ailleurs, si j’arrive à rencontrer en tête-à-tête le Pape, je vais lui dire merci. Car après la visite du pape Jean Paul II, le Pape François a essayé de revenir sur les terres musulmanes. C’était déjà difficile pour nous en arrivant, on se demandait : est-ce qu’on va réussir à vivre notre religion. Avec cette visite, c’est un moment où nous redécouvrons notre religion. Nous devons donc lui dire merci.

Jacque Marraine, Ivoirienne installée à Casablanca
Le Pape vient en visite au Maroc tout d’abord pour le peuple marocain. Mais vu que nous sommes des chrétiens catholiques et vu que c’est notre Pape, nous sommes tous mobilisés et attendons son arrivée. Nous savons qu’il sera au Maroc le 30 et le 31 mars. Le samedi 30 mars, ce sera d’abord la visite avec les dirigeants islamiques. Le dimanche 31 mars, le Pape sera accueilli dans le grand stade à Rabat. Ce sera une cérémonie consacrée à nous les chrétiens catholiques et à tout le monde. Nous nous préparons et nous serons présents à Rabat pour assister à cette grande messe. Nous, chrétiens catholiques, nous voulons profiter de cette visite puisque nous sommes installés au Maroc. D’ailleurs, ces derniers temps, des convois partent de partout, d’Abidjan, du Congo… et même des villes marocaines. Les gens se motivent pour cette venue attendue du Pape pour être présents. Ils viennent parce qu’ils souhaitent venir assister à la grande messe du Pape et recevoir des bénédictions, puisque c’est la visite du principal dirigeant de l’Église catholique. Si j’arrive à être en face du Pape, je vais lui demander qu’il prie pour tout le peuple d’abord, parce que nous avons des souffrances dans les différents pays en guerre, surtout africains. Bien sûr, je vais ensuite lui demander de me bénir pour que mes activités et mes projets aboutissent.

Armande Laure Pedtone, chrétienne adventiste de Rabat, fondatrice du Réseau des femmes immigrées et épouses
Je pense que la visite du Pape vise à lui permettre de toucher du doigt les réalités en ce qui concerne la question de la migration et de voir ce qui peut être fait au niveau de Rome pour les migrants. Il veut prendre connaissance des actions qui peuvent être menées directement en faveur des immigrants qui sont installés au Maroc. Le Pape est quelqu’un d’humain qui aime se rapprocher des personnes pour se rendre compte de ce qui se passe et voir les dispositions assez concrètes à mener à leur profit.
Le discours attendu qu’il va tenir au stade devra permettre de consolider les familles chrétiennes catholiques installées au Maroc et faire passer aussi au niveau de la population marocaine qu’être catholique ce n’est pas quelque chose de mal, mais de naturel. C’est un exemple qui est en train d’être montré au peuple, c’est ce qui se passera de manière officielle, lorsque S.M. le Roi va recevoir le Pape. Les musulmans auront l’exemple de recevoir les catholiques à bras ouverts. En tant que chrétienne, je pense que c’est une façon de montrer que les êtres humains ont les mêmes origines, qu’ils soient musulmans, catholiques, protestants ou autres. On vient tous d’une même création. Nous avons tous les mêmes besoins, c’est-à-dire la foi et le besoin de croire au Dieu tout puissant. Donc, on peut vivre ensemble.
Si j’arrive à rencontrer le Pape, je vais soulever la question des migrants. La cause de l’existence des migrants c’est la politique monétaire qui est le produit des pays colonisateurs. Si j’ai quelque chose à demander au Pape, c’est de contribuer à la libération monétaire des pays africains. Les quatorze pays encore régis par le franc CFA. J’aimerais demander si le Pape peut contribuer à cette délivrance. 

Propos recueillis par Brahim Mokhliss

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