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Nasser Bourita rappelle les fondamentaux de la diplomatie marocaine

Dans un entretien accordé à la chaîne satellitaire qatarie «Al Jazeera», diffusé mercredi dernier dans le cadre de l’émission «Sans frontières», le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, est revenu sur nombre de questions qui intéressent les relations extérieures du Royaume. Sahara marocain, relations avec l’Algérie, rupture des relations avec l’Iran, crise du golfe… M. Bourita a exposé la vision de la diplomatie marocaine ainsi que les fondamentaux qui la sous-tendent.

Nasser Bourita rappelle les fondamentaux de la diplomatie marocaine

Question du Sahara

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, a affirmé que la dernière rencontre de Genève sur la question du Sahara marocain a consacré le référentiel du Maroc et des Nations unies dans le processus du règlement de ce dossier. Dans l’entretien accordé à «Al Jazeera», M. Bourita a précisé que le round de Genève intervient dans un contexte décliné en trois critères, dont le premier est représenté par les référentiels immuables formulés, en 2015, par S.M. le Roi 
Mohammed VI, et qui stipulent clairement qu’aucun règlement de cette question ne peut avoir lieu en dehors de l’initiative d’autonomie, et qu'il n'y aura aucun processus sans l'association des véritables parties concernées, en plus du refus catégorique de toute autre houlette, outre celle de l'ONU, et du rejet de tout débat autour de problèmes marginaux tendant à créer une crise plutôt qu'à trouver une solution.
Le deuxième critère, a-t-il poursuivi, se réfère aux deux dernières résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier la résolution 2440 du Conseil de sécurité qui appelle, notamment, à une solution réaliste, pragmatique et durable fondée sur le consensus, et enjoint l’ensemble des parties prenantes, nommément citées, à participer à ce processus de règlement, alors que la deuxième résolution interpelle les autres parties à ne pas semer la zizanie et à créer des tensions à l’est ou au sud du mur de sécurité marocain.
Quant au dernier critère, le ministre a relevé que les référentiels aussi bien du Maroc que de l’ONU ont permis, au moins, au Royaume d’éclaircir ses positions, lors de la réunion de Genève, et révélé les intentions des autres parties de contribuer à la recherche d’une solution ou plutôt de persévérer dans la voie des manœuvres. La rencontre de Genève, qui intervient après six ans de suspension de contacts, a estimé M. Bourita, a rassemblé toutes les parties concernées par ce différend et qui peuvent participer à y trouver une solution partant de leurs responsabilités et de leur rôle dans cette question.

Initiative d’autonomie

À propos de l’initiative d’autonomie, le ministre a rappelé qu’elle s’est inspirée d’autres expériences antérieures des Nations unies, précisant qu’elle est intervenue sur la demande de l’Organisation onusienne et du souhait de puissances agissantes, d’autant que le Conseil de sécurité l’a qualifiée d'initiative «sérieuse» et de «crédible». Lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU affirme que le contenu de cette initiative est «sérieux», c’est qu’elle est bel et bien sérieuse, a relevé M. Bourita, alors que sa qualification de «crédible» entend qu’elle est susceptible de parvenir à un règlement définitif à cette question, a-t-il dit.
Au sujet du contenu de cette initiative qui s'inscrit, a précisé le ministre, dans le cadre de la souveraineté marocaine et de l'intégrité territoriale du Royaume, «il offre un espace d'exercice des attributions pour le développement de la région et la préservation du patrimoine sahraoui marocain, et permet aux populations de la région de s'investir dans le processus de développement dans le cadre d'institutions locales représentatives et répondant aux besoins et aspirations des habitants».
La richesse du contenu de cette initiative, sur le plan des attributions et des structures ainsi que du mode de gestion des ressources financières et naturelles au service du développement de la région, lui a fait gagner le soutien du Conseil de sécurité des Nations unies et de Washington qui l'a qualifiée de «pragmatique», ainsi que celui de la France et de la Grande-Bretagne qui ont jugé «crédibles» les efforts du Maroc, a affirmé M. Bourita, invitant les autres parties à s’y impliquer en raison du «large appui» dont elle bénéficie au niveau international.

Les relations avec l’Algérie et l’UMA

Les problèmes que connait l'Union du Maghreb arabe (UMA) sont tributaires de la tension qui marque les relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc, a indiqué M. Bourita, notant qu’il n’y aura pas d’intégration régionale sans relations bilatérales et avec des frontières fermées. Le Chef de la diplomatie marocaine a souligné que S.M. le Roi Mohammed VI avait appelé, dans Son discours du 6 novembre dernier, l’Algérie à un dialogue direct, notant que cette politique de la main tendue «trouve son fondement dans la conviction personnelle de 
S.M. le Roi» quant à la volonté sincère des peuples marocain et algérien d'ouvrir une nouvelle page dans les relations bilatérales. Et d’ajouter, en ce sens, que S.M. le Roi a proposé à cet effet la mise en place d'un mécanisme souple dont le niveau, l'objet et la nature sont à convenir d’un commun accord avec l'Algérie, et qui sera «un espace de dialogue bilatéral» ou seront examinés touts les problèmes sans intermédiaire. Les pays de l’UMA ont raté plusieurs opportunités, a déploré le ministre, relevant qu’après 35 réunions des ministres des Affaires étrangères et 100 réunions des comités techniques, rien n’a été réalisé et le Maghreb arabe demeure, aujourd'hui, la zone la plus faible sur le plan de l’intégration économique, une situation qui fait perdre annuellement à chacun de ses pays 2% du taux de croissance et affecte de 34% le PNB.

Rupture des relations avec l’Iran

S'agissant des relations entre le Maroc et l'Iran, M. Bourita a affirmé que ces relations ont été, de longue date, marquées par «l'instabilité», soulignant que chaque fois que les deux parties conviennent de trouver des arrangements quant aux moyens de renforcer les relations bilatérales et de préserver le respect mutuel, un problème surgit «portant atteinte à ces arrangements et aux intérêts du Maroc». Après la crise de 2009 où le Maroc a pris position aux côtés du Royaume de Bahreïn, dans le cadre des fondements de ses relations avec les pays du Golfe, les relations avec Téhéran ont repris leur cours avant qu’apparaissent de nouveau, malheureusement, des agissements nuisibles aux intérêts du Maroc et à ses causes sensibles, a-t-il ajouté. La décision de la rupture des relations avec l'Iran n'était pas prise sous la pression d'une quelconque partie. Il s'agit d'une question bilatérale en rapport avec des agissements qui touchent à la sécurité du Maroc et à sa première cause et s'inscrit dans le cadre de l'indépendance des positions politiques et diplomatiques du Maroc, a relevé M. Bourita. Le ministre a saisi cette occasion pour saluer la position officielle positive du Liban, exprimée par le ministre libanais des Affaires étrangères lors de sa visite à Marrakech où il a réaffirmé que le Liban soutient l'intégrité territoriale du Maroc et sa souveraineté sur son Sahara.

Crises dans le monde arabe

Les positions du Maroc vis-à-vis des crises qui secouent le monde arabe sont dictées par des principes d'indépendance, de conviction et de souci de resserrer les rangs loin de tout parti pris, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. M. Bourita a indiqué que l'attitude impartiale du Royaume concernant la crise du Golfe «ne signifie nullement une apathie» vis-à-vis de ce qui passe dans la région, de même que le Maroc ne saurait prendre un parti pris, mais œuvre plutôt à aider à résoudre cette crise, conscient en cela de sa responsabilité de réconciliation et de rapprochement des différents points de vue, tout en restant à l'écoute de toutes les parties afin de surmonter les différentes dissensions.
La position du Royaume vis-à-vis de cette crise s'appuie sur des bases claires, à savoir «la forte relation personnelle liant S.M. le Roi Mohammed VI et les différents dirigeants des pays du Golfe», et la relation stratégique forte du Royaume du Maroc avec les pays de la région, en plus de la conviction du Souverain que le monde arabe a besoin d'un golfe arabe intégré, vu que cette région constituait la seule lueur d'espoir dans le monde arabe, a-t-il dit. Les relations du Maroc avec les pays de la région ne sont pas seulement d'ordre diplomatique ou liées à des conjonctures particulières, mais il s’agit de relations stratégiques basées sur des mécanismes et des moyens d'action, ce qui permet au Royaume du Maroc de jouer un rôle clé, positif et constructif dans le rapprochement des différents points de vue, a poursuivi le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.

Participation du Maroc à la coalition arabe au Yémen

S'agissant de l'attitude du Maroc concernant la crise au Yémen et sa participation à la coalition arabe, M. Bourita a rappelé que le Royaume a pris part à cette coalition, avant que les développements survenus et les aspects humanitaires et politiques ne lui imposent d'évaluer la situation et de «développer et changer, en conséquence, la forme et le contenu de cette participation». Parmi les constantes de la position marocaine, a-t-il enchaîné, l'appui à la légalité au Yémen et le soutien du plan du Golfe à ce propos, notant que le Maroc se tient aux côtés des pays du Golfe dans la défense de leur sécurité et souveraineté. Il a relevé dans ce sens que «les aspects humanitaires suscitent une grande inquiétude et il est affligeant de constater que le Yémen vit la crise humanitaire la plus désastreuse dans le monde, selon l'ONU», formulant le vœu de voir le processus de Stockholm couronné de succès, et que le dossier humanitaire puisse susciter davantage d'intérêt et que l'intégrité territoriale du Yémen soit préservée. En ce qui concerne la question palestinienne, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale a indiqué que la position du Maroc vis-à-vis de ce dossier est constante et présente dans l'action diplomatique de 
S.M. le Roi et de la diplomatie marocaine, notant que la défense de la cause palestinienne ne se manifeste pas uniquement à travers les communiqués et les réunions, mais par l'action sur le terrain. Il a rappelé, à ce propos, l'action quotidienne menée par l'Agence Bayt Mal Al-Qods, que ce soit dans le domaine de la construction des écoles au profit des Maqdessis, de l'offre d'une vie décente chaque jour pour 2.500 familles maqdessies, la prise en charge de 150 orphelins maqdessis, l'organisation de colonies de vacances au Maroc pour cinquante enfants maqdessis, ou la réfection de la Maison du Maroc, située à quelques mètres de la mosquée d'Al Aqsa, notant que toutes ces réalisations sont le fruit d'une action quotidienne de l'Agence, avec un financement exclusivement marocain. 

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