Une nouvelle stratégie nationale sera lancée en 2020

Malgré les avancées majeures enregistrées en matière de lutte contre la violence faite aux femmes, les statistiques montrent que ce phénomène persiste et affecte plus de 55% des femmes du Maroc, a souligné mardi Bassima Hakkaoui, ministre de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social. Invitée du Forum de la MAP sur le thème de la «Lutte contre la violence à l’égard des femmes : quelle approche ?» la responsable gouvernementale a reconnu la persistance d’une mentalité machiste qui relègue encore la femme au second plan, malgré son affirmation au sein de la société sur tous les niveaux.
En effet, ajoute la même responsable, malgré l’adoption par le Maroc d’un arsenal juridique très avancé criminalisant toutes les formes de violence faites aux femmes – couronné par l’entrée en vigueur de la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes –, force est de constater que le phénomène de la violence sévit encore dans les rangs de la gent féminine. Ainsi, la deuxième enquête nationale, menée entre le 1er janvier et le 10 mars 2019 et qui a porté sur un échantillon de 13.543 femmes, a dévoilé que 55,8% des femmes en milieu urbain ont souffert d’une forme de violence et 51,6% en milieu rural, contre un taux de 62,8% en 2005.
L’enquête a par ailleurs révélé l’apparition d’une nouvelle forme de violence faite aux femmes, à savoir la violence électronique et qui touche 13,1% des femmes âgées entre 18 et 64 ans. Une autre révélation de taille porte sur la région qui connaît le plus grand taux de violence. En effet, contrairement aux idées reçues, c’est la région de Casablanca-Settat qui vient en tête des régions qui connaissent le plus haut taux de violence faite aux femmes. Selon la ministre ces révélations interpellent toutes les composantes de la société et nécessitent une analyse profonde des comportements sociétaux.
Sur un autre registre, la ministre de la Famille et de la solidarité a indiqué que son département planchait actuellement sur le lancement de concertations autour de la nouvelle stratégie de lutte contre la violence faite aux femmes et qui sera incluse dans le programme gouvernemental «Ikram II». En effet, cette stratégie, dont l’élaboration a nécessité deux années de travail, est désormais fin prête et sera soumise pour concertation avec toutes les composantes de la société dans la perspective de son lancement en 2020. La nouvelle stratégie prévoit la mise en place d’une approche régionale pour lutter contre toutes les formes de violence en procédant à l’implication des Conseils régionaux dans le cadre de la déclinaison de la régionalisation avancée.