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«Il n’y a pas de joueur indispensable, l’équipe nationale prévaut sur tout»

C’est à 10 h 30, mardi 26 novembre, que le sélectionneur national Vahid Halilhodzic nous a donné rendez-vous dans un palace à Rabat. Détendu et parfois enjoué, Vahid s’est longuement confié au «Matin». C’est d’ailleurs la première fois qu’il s’exprimait depuis son arrivée à la tête des Lions de l’Atlas. Le choix du Maroc, les critiques après le match nul face à la Mauritanie, le niveau actuel de l’équipe nationale, la discipline instaurée, le cas Amine Harit, le changement de capitaine à chaque match, les compartiments de jeu où il a besoin de renfort, les joueurs de la Botola, les cas Mohamed Ihataren et Kevin Malcuit et la Coupe du monde 2022 : il nous dit tout.

«Il n’y a pas de joueur indispensable, l’équipe nationale prévaut sur tout»
Ph. KARTOUCH

Le Matin : Vous avez eu un bon poste au FC Nantes. Vous aviez un bon job, bien payé. Pourquoi avez-vous tout laissé tomber pour relever le challenge du Maroc ?
Vahid Halilhodzic :
Tout simplement parce que je n’étais pas d’accord avec la politique sportive du président du club. Je n’étais pas d’accord avec ses recrutements et avec sa vision des choses. J’ai été un petit peu attristé. C’est pour ça que j’ai quitté mon club de cœur où j’ai passé cinq ans inoubliables et où j’ai une très grosse réputation. C’est à ce moment que quelques personnes m’ont contacté pour le Maroc. Quand j’ai quitté Nantes, je n’étais pas sûr de venir au Maroc. J’ai quitté mon club parce que je ne supportais pas la situation. Après, je me suis mis d’accord avec le président de la FRMF qui m’a proposé un challenge intéressant, en plus je connaissais un petit peu le Maroc, parce que j’avais déjà entraîné le Raja, il y a 22 ans. Je suis venu pour donner un petit coup de main à la sélection nationale qui est dans une situation un peu particulière. J’ai connu une situation encore pire avec l’Algérie. Je vais tout faire pour que l’équipe du Maroc retrouve son niveau et que les supporters du Maroc, très passionnés de football, soient fiers de leur sélection. Aujourd’hui, je remarque qu’il y a un petit peu de désamour entre les supporters et leur sélection. L’équipe nationale doit être une fierté de tous les Marocains.

Vous savez que vous arrivez dans une équipe en fin de cycle. Une équipe qu’il faudra reconstruire ?
Je pense que le cycle est déjà terminé après la Coupe du monde 2018. Pourquoi ont-ils raté la Coupe d’Afrique des nations ? Je pense que c’est parce qu’ils étaient en fin de cycle. J’ai compris, tout de suite après avoir pris mes fonctions, qu’il y avait beaucoup de travail à faire pour rendre l’équipe compétitive. J’ai été un petit peu étonné et surpris par les critiques après le match face à la Mauritanie. C’est la première fois que nous jouions ensemble. Il y avait six changements par rapport au match face au Bénin, c’est-à-dire que l’équipe était complètement renouvelée et, forcément, on n’a pas retrouvé les automatismes, la complicité et les complémentarités entre les joueurs. J’ai été un peu étonné et surpris par autant de critiques.

Vous avez disputé six matchs avec la sélection nationale, quel est le bilan que vous tirez avec l’équipe nationale A ?
Non, je n’ai pas disputé six matchs. Les deux premiers matchs étaient avec l’équipe nationale B et C. Il faut que les gens comprennent ça. J’ai beaucoup aimé, parce que les équipes nationales B et C ont gagné, même si à chaque fois on a joué avec une équipe différente et avec des systèmes de jeu différents. Mais j’ai remarqué des progrès à chaque match. Même dans le match qu’on a perdu face au Gabon, on avait bien joué. Il y avait un bon contenu, mais malheureusement on a encaissé trois buts sur des erreurs individuelles, mais j’ai vu une évolution et une progression lors de ce match. Pour ce qui est du premier rendez-vous du mois de novembre avec l’équipe A contre la Mauritanie, j’ai été triste après match nul. Je n’étais pas content sur le plan de l’efficacité. Pourtant, nous avons fait un bon match. On s’est créé 21 occasions et l’adversaire n’est arrivé qu’une seule fois dans nos seize mètres. Tu ne peux pas faire un mauvais match quand tu crées autant d’occasions. Il faut faire une distinction entre un manque d’efficacité et un mauvais match. C’était presque un match parfait, sauf qu’on n’avait pas marqué de but. J’ai été étonné et surpris par autant de critiques de certains journalistes et médias. J’ai quitté le terrain le dernier, j’attendais que le public me siffle. Et quand le public me siffle, je deviens encore plus fort. Il y avait quelques applaudissements, mais il y avait plus de sifflets. Cela m’a un petit peu touché et ça m’a donné encore plus d’énergie. J’ai dit aux joueurs : «Regardez ça». Trois jours après, on a donné une réponse au Burundi.

Quelles sont les plus grosses difficultés que vous avez rencontrées depuis votre arrivée pour rebâtir cette équipe nationale ?
Vous savez, je suis arrivé tout seul, sans mon staff technique avec qui j’ai l’habitude de travailler pendant des années. Ils étaient restés tous là-bas à Nantes. J’ai dû reconstruire le staff technique, le staff médical, le staff administratif et le staff de communication. C’était énormément de travail, à faire en peu de temps, après ma nomination. Bien sûr que ce n’était pas idéal au départ, mais on a progressé à chaque rendez-vous, sur et en dehors du terrain. J’aurais aimé qu’on gagne tous les matchs. Je suis assoiffé de victoires. Quand on perd un match ou on fait mauvais match, je suis malade.

Et sur le plan du jeu, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Comme chaque entraîneur, il faut trouver l’équipe qui joue. Il faut des mois et des mois, parfois deux ans, pour reconstruire une bonne équipe. Ça ne se construit pas comme ça, en claquant les doigts. Aujourd’hui, l’équipe du Maroc n’est pas encore prête pour créer des exploits. Il faut travailler. J’ai fait un grand sacrifice financier pour venir au Maroc. J’avais plusieurs propositions où je pouvais gagner plus. Si je n’avais tenu compte que de l’aspect financier, je ne serais pas venu. Si je voulais gagner plus de l’argent, je serais allé ailleurs.

Quelle est la chose qui pourrait vous faire partir ?
Beaucoup de choses. Comme je l’ai dit, à Nantes, j’avais une bonne situation avec un bon salaire et une proposition de prolongation de contrat pour trois ans, mais sportivement ça ne me convenait pas. Être sélectionneur est un grand honneur, mais aussi une grande responsabilité. Il faut de temps en temps avoir le courage. Quand je vois tout de suite après un match autant de critiques, je me pose des questions en me disant : est-ce qu’on regarde le même match et est-ce qu’on a la même vision du football, d’autant plus que j’étais un attaquant qui marquait beaucoup. Il y a pas mal de choses comme ça qui te font réfléchir. J’aurais pu partir après ce premier match.

À cause des critiques ?
Pas que... j’ai vu des choses qui ne m’ont pas plu. Quand j’ai traversé le couloir, j’ai vu comment les gens me regardaient après un premier match. Ce n’est pas facile tout cela. Est-ce que les gens comprennent ce que veut dire reconstruire une équipe ou pas ? La reconstruction ne se passe pas en une journée. Il faut du temps, beaucoup de temps. Si le président m’avait dit un mot, je serais déjà parti.

L’équipe nationale a connu quelques problèmes de discipline. Établir un cadre disciplinaire est-il important pour vous ?
En arrivant, j’ai donné une feuille de route de comportement pour tout le monde. Quand on vient en équipe nationale, voilà le règlement à respecter. Tout le monde l’avait accepté. Si quelqu’un ne se comporte pas bien, malheureusement il ne sera pas dedans. L’esprit de groupe et de l’équipe nationale prévaut sur tout. Cette équipe nationale n’appartient pas seulement aux joueurs, mais aux 38 millions de Marocains qui regardent cette équipe avec beaucoup d’intérêt. J’aimerais qu’un jour cette équipe devienne la fierté du peuple marocain, comme c’était le cas après la qualification à la Coupe du monde. Je suis très exigeant et je ne supporte pas les comportements irresponsables des joueurs.

Écarter Amine Harit pour les matchs de mois de novembre était votre façon de marquer votre territoire ?
Je ne l’ai pas écarté. J’ai sélectionné à sa place Sofiane Boufal. Amine Harit a eu sa chance, mais il n’a pas bien joué. J’attends plus de lui. J’ai donné sa chance à Boufal. On ne peut pas jouer autant d’années en équipe nationale sans apporter un plus. Amine Harit n’est pas venu hier en sélection. Ses statistiques en équipe nationale ne sont pas satisfaisantes. C’est un attaquant, il faut qu’il marque des buts ou fasse des passes décisives.

Avez-vous eu une discussion avec lui à ce propos ?
Jamais je ne justifie mes choix. C’est lui qui m’a appelé un soir à minuit dix. Je lui ai tout parfaitement bien expliqué. Et après, je ne peux garantir, ni à Amine Harit ni à un autre joueur, que s’il vient en équipe nationale il sera titulaire. Certains exigent d’être titulaires quand ils viennent en sélection. Et s’ils ne jouent pas, ils veulent quitter l’équipe nationale. Eh bien non. Il y a un règlement que j’ai installé. Celui qui ne le respecte pas n’a pas sa place en sélection.

Après la rencontre face au Gabon, vous aviez dit que vous alliez tester d’autres attaquants. Vous avez, en effet rappelé Youssef El Arabi. Est-ce que vous avez en tête d’autres attaquants que vous allez appeler pour résoudre le problème de l’inefficacité offensive ?
À l’époque, j’ai même pensé à rappeler Abderrazak Hamdallah. J’ai déjà utilisé 32 joueurs en peu de temps. J’ai donc pensé à Hamdallah, malheureusement, il refuse de venir. Après, Youssef, malgré son âge avancé, c’est un buteur. Je cherche quelqu’un qui peut marquer des buts. Je l’ai appelé parce qu’il évolue dans une équipe qui joue la Ligue des champions. Son état physique est meilleur. Contre la Mauritanie, il avait une occasion 100% de but, il fallait juste apporter de l’agressivité pour le marquer ce but, et tout aurait été réglé. Son comportement était super. Il a l’esprit d’équipe. Face au Burundi, il n’a pas joué, mais c’est lui qui est sorti sur le terrain et a harangué les joueurs : «On y va les gars, allez le Maroc». C’est une personne qui peut apporter plus, non seulement sur le terrain, mais aussi en dehors. On est en train de construire l’esprit de l’équipe. Et cela ne peut pas se construire en une journée. Il faut du temps.

Avez-vous d’autres attaquants en tête, susceptibles de renforcer les rangs de l’équipe nationale ?
(Un large sourire) Messi et Ronaldo ! On ne trouve pas comme ça des attaquants. Quand un attaquant est bon, on le sait tout de suite, parce que tout le monde en parle et on connait sa nationalité. Je regarde partout, j’ai découvert qu’il y a quelques joueurs intéressants qui jouent à gauche et à droite, mais pas des attaquants de pointe. Quand j’analyse le jeu de l’équipe nationale, je sais exactement ce qu’il me faut dans chaque ligne.

Qu’est-ce qui vous manque aujourd’hui ?
De bons joueurs. 

Dans quel compartiment de jeu ?
Partout, surtout au milieu et devant. J’ai besoin d’un excellent milieu défensif et d’un excellent milieu offensif, avec plus d’explosivité, et d’un attaquant avec plus de vitesse et d’explosivité, capable de jouer dans la surface des seize mètres et qui peut marquer. Je veux créer de la concurrence, de façon à ce que tous les joueurs bossent plus pour pouvoir prétendre à une place en sélection. Il n’y a pas de joueurs indispensables, mais des joueurs importants. C’est pour ça que je veux créer cette concurrence. Nous sommes en train de construire quelque chose qui pourra dans quelques mois ou années nous donner une équipe compétitive, parce que notre objectif est de se qualifier en Coupe du monde.

Lors du match face au Burundi, vous avez repositionné Hakimi en arrière droit et ça a porté ses fruits…
Non, Hakimi n’a pas joué arrière droit. Il joue habituellement soit arrière droit soit arrière gauche, et moi je l’ai fait jouer ailier face au Burundi, et Mazraoui a joué arrière droit. C’est la première fois que Hakimi joue ailier en sélection.

À propos de la condition physique, vous avez critiqué les joueurs de la Botola, en les comparant à Hakimi. Cela a provoqué un tollé. Est-ce que Vahid va toujours garder son franc-parler ?
Pour dire la vérité ? La masse grasse de Hakimi est de 7%, alors que les autres joueurs marocains qui jouent à l’étranger, ils ont une masse grasse qui varie entre 13 et 16%. J’ai effectué des tests et j’ai fait une comparaison. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pourquoi ça ne convient pas à certaines personnes ? Les gens disent que Vahid ne respecte pas les joueurs locaux. C’est du n’importe quoi, alors que moi j’ai convoqué jusqu’à maintenant une dizaine de joueurs locaux. Maintenant, pour jouer et devenir titulaire, il faut améliorer certaines choses. Il y a des joueurs très importants, mais il faut qu’ils s’améliorent au niveau physique et supportent la répétition des efforts. Si certains pensent autrement, ça veut dire qu’on n’a pas le même regard sur le football.


Est-ce qu’il existe dans la Botola des joueurs qui pourraient devenir des titulaires au sein de la sélection nationale ?
Il y a trois ou quatre joueurs.

Qui sont-ils ?
Je ne peux pas le dire. Il y a trois ou quatre joueurs très intéressants.

Est-ce que Badr Banoun en fait partie, puisque ses statistiques sont excellentes ?
Oui, c’est pas mal, mais au niveau de la puissance... Il y a lui, Yahia Jabrane et Walid El Karti. Ce sont des joueurs qui ont des qualités pour évoluer en équipe nationale. Je leur ai expliqué qu’il faut qu’ils bossent encore davantage pour gagner leur place. Ce n’est pas Vahid qui va gagner une place, mais c’est eux. Quand j’ai convoqué Islam Slimani en équipe d’Algérie, ils m’ont dit que j’étais fou. Regardez maintenant où il évolue.

Comment se poursuit votre travail en dehors des compétitions internationales ?
Je regarde plusieurs cassettes de matchs, environ 15 à 20 matchs par semaine. Bientôt, je vais aller voir des joueurs. Je vais entrer en contact avec certains joueurs qui n’ont pas encore été convoqués. Chaque membre du staff technique à son travail bien précis. Pour moi, la première phase de connaissance est terminée. Maintenant, il faut perfectionner le travail de chacun dans le staff technique.

On a vu que vous avez changé de capitaine lors des derniers matchs, est-ce que vous n’avez pas encore trouvé l’homme idéal pour porter le brassard ?
J’ai trouvé plusieurs capitaines. J’ai donné le brassard à plusieurs joueurs. Il n’y a pas un capitaine, mais un groupe de joueurs qui ont un rôle particulier pour créer un esprit d’équipe. À un moment donné, il faut choisir quelqu’un de constant. Pour moi, je n’ai pas encore pris de décision. Tout le monde était ravi et fier de porter le brassard. Ça donne plus de responsabilité et d’envie aux joueurs. Romain a été un bon capitaine face au Burundi. Ziyech l’a été face à la Mauritanie. Je veux avoir quelques leaders qui vont pouvoir porter ce brassard. C’est une méthode intéressante pour impliquer tout le monde. Je ne suis pas trop inquiet pour cela.

Va-t-on encore assister à un changement de capitaine lors des prochains matchs ?
Cette question de capitanat ne me préoccupe pas autant que vous. La dernière fois, Nabil Dirar qui n’a pas beaucoup joué à cause de sa blessure, mais il s’est comporté comme un vrai leader. Avant, quand un joueur ne jouait pas, c’était une tragédie. Certains joueurs supportent difficilement d’être remplaçants. Quand un joueur supporte mal de rester sur le banc, il est inutilisable en cours de match, parce qu’il est démotivé. Il est préférable de ne pas faire appel à lui. J’ai trouvé beaucoup de mentalités différentes, il faut rassembler dans l’esprit de l’équipe. Youssef En-Nseyri était dans une situation un peu compliquée. Il ne parlait avec personne. Il est toujours tout seul. J’ai discuté avec lui et je suis content qu’il recommence à marquer des buts. Il commence à sourire. S’il ne sourit pas à 20 ans, quand est-ce qu’il va le faire ? Je l’ai secoué. Il a fait un bon match au Burundi. Il s’est battu comme un lion, comme tous les autres joueurs. Plus on est costauds entre nous, plus on a de chance de s’en sortir et d’arriver au niveau où tous les Marocains nous attendent. Et ce qu’ils attendent, c’est qu’on se qualifie à la Coupe du monde. Mais pour le moment, on n’est pas encore prêts. Quand je dis qu’on n’est pas prêt, il y a tout de suite des critiques qui pleuvent. Aujourd’hui, c’est la réalité, on n’est pas encore prêts pour se qualifier. Dans le futur, on saura si on est prêts.

Êtes-vous déçu de la décision de Mohamed Ihattaren qui a préféré les Pays-Bas aux Lions de l’Atlas ?
Oui, je le suis. On a essayé. Je suis allé même deux fois aux Pays-Bas pour le voir. On a pris rendez-vous, mais malheureusement, il n’est jamais venu. J’ai été déçu. En plus, j’ai été choqué par les déclarations de certains anciens joueurs des Pays-Bas qui ont répété des choses scandaleuses sur lui, au cas où il opterait pour le Maroc. Le joueur a été mis sous une pression énorme. Je ne veux pas entrer dans les détails. Il a fait son choix, je lui souhaite bonne chance. Il faut faire très attention avec les binationaux. Celui qui veut jouer avec l’équipe du Maroc, il faut qu’il soit sincère en matière du choix. Il ne faut pas attendre de voir s’il a une chance avec le pays d’accueil, pour ensuite se consoler avec le pays d’origine. Tant que je serai à la tête de l’équipe du Maroc, je ferai attention à cela.
Avez-vous senti cette hésitation chez Kevin Malcuit ?
L’entourage de Malcuit m’a téléphoné pour me dire qu’il voulait venir en sélection nationale. Mais avant que son entourage ne me contacte, il avait déclaré qu’il attendait l’équipe de France. Ensuite, il a décidé de venir, mais malheureusement, il a reçu pas mal de critiques et ça l’a dissuadé. Il a dit qu’il avait peur.

Des critiques de qui ?
Sur les réseaux sociaux. Ce que je peux dire, c’est que l’initiative est partie de lui. C’est un bon joueur qui évolue à Naples. Après, des choses se sont passées. Je ne veux pas entrer dans les détails.

Allez-vous le relancer une deuxième fois, quand il sera rétabli ?
Non, c’est fini. Il n’y aura plus de relance. Ce dossier est clos pour moi.

Qu’est-ce que vous pouvez promettre au public marocain qui attend beaucoup de sa sélection ?
Le public marocain attend la qualification à la Coupe du monde. J’ai suivi la qualification du Maroc en Coupe du monde 2018 après 20 ans d’absence, j’ai vu la joie extrême des Marocains. Ils étaient fiers de l’équipe nationale. Il y avait un engouement extraordinaire. C’était impressionnant. Les gens ont fait le déplacement en Russie pour suivre l’équipe. Ils ont fait une bonne Coupe du monde, même s’ils ne se sont pas qualifiés au tour suivant, en raison du manque d’expérience. Ce pays aime beaucoup le football. Les gens sont passionnés. Je ne suis pas surpris par les sifflements, c’est tout à fait normal. Quand on va gagner, ils vont applaudir. Mon objectif est d’emmener le Maroc en Coupe du monde. Ça sera la quatrième Coupe du monde de ma carrière. Je serais fier si je pouvais donner ce plaisir aux Marocains. Ça ne sera pas facile, mais on a toutes les chances de se qualifier. Là, on n’est pas encore prêt, mais on va se préparer.

Vous qualifiez trois nations en Coupe du monde, mais vous n’avez assisté qu’à une seule Coupe du monde, avec l’Algérie. Qu’est-ce que ça vous a fait de qualifier une équipe, pour ensuite vous faire virer ?
C’est terrible, surtout avec le Japon. J’ai même pensé à arrêter le football. J’ai été viré pour des raisons de business. J’ai réalisé le meilleur résultat de l’histoire du Japon. Les grands sponsors de l’équipe du Japon voulaient que certains joueurs avec qui ils avaient des contrats participent à la Coupe du monde, mais moi je n’étais pas d’accord. Ils m’ont payé l’intégralité de mes indemnités et m’ont remercié. Avec la Côte d’Ivoire, on a gagné 24 matchs et on n’en a perdu qu’un seul, mais on m’a pourtant remercié aussi. Cela m’a fait encore plus mal. C’étaient des décisions d’une lâcheté totale. Et c’est de la discrimination totale. Le milieu du football est parfois impitoyable et injuste. 


Entretien réalisé par Abderrahman Ichi

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