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Le parcours d'un reporter de guerre raconté à Kénitra

L’écrivain, chercheur et rédacteur en chef-éditorialiste à TV5 Monde, Slimane Zeghidour, était récemment l’invité de l’Université Ibn Tofaïl et de l’Institut français de Kénitra.

Le parcours d'un reporter de guerre raconté à Kénitra
Slimane Zeghidour (2e à partir de la droite ) a révélé qu’il a réalisé, pendant 25 ans, des reportages de guerre pour «Le Monde», «Le Nouvel Observateur», «Géo» ou encore «El Pais».

La rencontre-débat, organisée par l’Université Ibn Tofaïl et de l’Institut français de Kénitra avec Slimane Zeghidour a été consacrée à sa grande et riche expérience en tant que grand reporter ayant couvert plusieurs guerres et conflits aux quatre coins du monde, ainsi qu’à la présentation de son dernier ouvrage «Sors, la route t’attends… Mon village en Kabylie 1954-1962», paru aux éditions «Les Arènes».
Ce récit autobiographique raconte l’histoire d’un enfant ayant été obligé, lui et les siens, de quitter de force Eraguene, son village natal, suite à une décision du gouvernement français de l’époque de regrouper les montagnards dans des camps de déplacés. Le livre de Slimane Zeghidour constitue, en effet, un témoignage poignant sur une période où des villageois ont quitté, contre leur gré, leurs lieux de mémoire et d’enracinement. Ce livre, que l’auteur porte en lui depuis plus de vingt ans, ressuscite l’univers de ces Kabyles qui se distinguaient par leur culte des saints, par l'affection qu'ils portent à la nature et dont les femmes se baladaient sans voile. Il porte aussi un regard lucide sur la complexité des relations humaines. Slimane Zeghidour a tenu à souligner, lors de cette rencontre, qu’une expérience, aussi dure soit-elle, peut être porteuse d’espoir. Il rappelle, à cet égard, les soins dont il a bénéficié à l’hôpital du camp, ainsi que sa scolarisation grâce à des instituteurs français qui lui ont assuré une instruction qui a suscité chez lui cet amour pour la lecture, l’apprentissage et le savoir.
Commence par la suite, son départ, en compagnie des membres de sa famille, à la capitale Alger. Ce fut son premier contact avec la ville où les citadins avaient un regard hautain et condescendant à l’égard des ruraux. Une attitude, dit-il, qu’il a intériorisée et qui a déclenché en lui cette volonté d’affirmation de soi. Son arrivée à la capitale algérienne, et compte tenu du contexte historique de l’époque, caractérisé par la Guerre froide, a été l’occasion pour Slimane Zeghidour de rencontrer des intellectuels, des journalistes, des écrivains et des hommes politiques étrangers, notamment Russes, Argentins, Colombiens, Brésiliens et Angolais. Il a d’ailleurs qualifié cette présence de personnalités venues de divers horizons d’ONU miniaturisée. «Ces rencontres, précise-t-il, m’ont permis de regarder le monde autrement et m’ont donné goût au voyage et à la découverte. Ils m’ont éloigné de mes études, mais m’ont rapproché de l’univers du journalisme et du grand reportage.»

Durant cette rencontre, l’assistance a été invitée par le conférencier, durant près de deux heures, à un voyage vers plusieurs régions de conflit. Slimane Zeghidour a révélé qu’il a réalisé, pendant 25 ans, des reportages de guerre pour «Le Monde», «Le Nouvel Observateur», «Géo» ou encore «El Pais». Il a couvert plusieurs conflits en Amérique du Sud, de nombreuses guerres civiles, ainsi que plusieurs différends au Moyen-Orient, en Afrique ou encore en Asie centrale. Ses reportages suscitaient beaucoup d’intérêt chez des chercheurs et des experts, parce qu’ils mettaient plus la lumière sur le vécu quotidien des gens, leurs problèmes, leurs souffrances, leur désespoir ou les exactions dont elles sont victimes, que sur les scènes de guerre.
Slimane Zeghidour mettra fin à sa carrière de grand reporter, déclare-t-il, lorsque les fronts sont devenus de plus en plus urbains et fluctuants. «La production journalistique, indique-t-il en substance, est désormais concurrencée par l’immédiateté d’internet et des réseaux sociaux et l’ère du grand reportage est révolue. Face à la désinformation de plus en plus présente sur la toile, le métier de journaliste restera une nécessité pour filtrer et authentifier les images et les informations recueillies.»
Rappelons que Slimane Zeghidour s'est installé à Paris en 1974 et a entamé sa carrière journalistique comme illustrateur pour «Libération» et «Pilote». Il est actuellement rédacteur en chef à TV5 Monde où il tient une chronique régulière, et chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Il a été chargé de cours à Sciences Po (Menton et Poitiers) où il a assuré un séminaire de «Géopolitique des religions», domaine auquel il consacre son blog. 

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