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Pari difficile pour l'ONU au Yémen

Un mois après les pourparlers inter-yéménites en Suède, les premiers depuis 2016, le chemin s'avère semé d'embûches pour l'ONU qui peine à faire appliquer une série d'accords sur le terrain, ce qui fragilise le processus de paix.

Pari difficile pour l'ONU au Yémen
Sur le fond, les rebelles Houthis et les forces progouvernementales ont des interprétations diamétralement opposées des accords annoncés en Suède, selon des sources politiques yéménites.

L'émissaire des Nations unies, le Britannique Martin Griffiths, est retourné samedi au Yémen avec l'intention d'accélérer l'application des accords, notamment un retrait – l'ONU parle de «redéploiement» – des forces en présence à Hodeïda, port de l'ouest essentiel à l'aide humanitaire et aux importations alimentaires. Car si la ville connaît un calme relatif depuis l'entrée en vigueur le 18 décembre d'un cessez-le-feu entre les rebelles Houthis et les forces progouvernementales, aucun redéploiement significatif des insurgés, qui contrôlent la grande majorité de Hodeïda, n'a eu lieu comme le prévoit un accord conclu en Suède. «L'arrêt des hostilités à Hodeïda continue de tenir», a ainsi assuré jeudi le porte-parole de l'ONU Farhan Haq, en dépit des accusations échangées par les belligérants sur des violations répétées de la trêve.
L'ONU a obtenu une percée en Suède le 13 décembre, après huit jours de pourparlers entre le gouvernement du Président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et les Houthis, appuyés par l'Iran. Le principal accord porte sur Hodeïda, front actif du conflit sur lequel s'est focalisée l'attention internationale en raison de la crise humanitaire considérée par l'ONU comme la pire au monde. La famine menace toujours le Yémen. Les belligérants se sont aussi accordés sur un échange de prisonniers, qui se comptent par milliers, et sur des arrangements de sécurité à Taëz, grande ville du Sud-Ouest encerclée en partie par les rebelles. Le texte de l'accord, tel que publié par l'ONU, ne comporte pas de calendrier précis pour le retrait des rebelles des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, pour celui des forces des deux camps de la ville même et la facilitation de la circulation de l'aide humanitaire. Les rebelles ont annoncé un début de retrait le 29 décembre du port, aussitôt mis en doute par le gouvernement. Des responsables gouvernementaux ont affirmé que des combattants Houthis restaient toujours positionnés en portant des uniformes de gardes-côtes et de douaniers. L'accord en Suède prévoit de remettre le port de Hodeïda et ceux de Salif et de Ras Issa aux administrations qui étaient sur place avant l'arrivée des rebelles fin 2014, en donnant un rôle à l'ONU dans la gestion de ces ports. L'ouverture de la route entre Hodeïda et la capitale Sanaa comme corridor humanitaire, n'a pas eu lieu à la date prévue du 29 décembre, selon un communiqué de l'ONU.

Le chef des observateurs civils de l'ONU à Hodeïda, le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, a exprimé sa frustration à ce propos, selon le communiqué, regrettant une «occasion manquée» pour renforcer la confiance entre les belligérants. De même, il a estimé que, pour «être crédible», tout retrait doit être vérifié par l'ONU et toutes les parties concernées, ce qui n'a pas été le cas pour celui annoncé par les rebelles.
La deuxième phase du redéploiement à Hodeïda porte sur un retrait des forces des deux parties de la ville. Mais des habitants, contactés par l'AFP, ont affirmé que les Houthis n'ont jamais été aussi présents dans la ville, beaucoup ayant revêtu les uniformes de différentes unités régulières des forces de l'ordre. Outre un échange de listes des prisonniers, aucun progrès n'a été annoncé sur la question de l'échange de ces détenus et des arrangements de sécurité à Taëz. Sur le fond, les deux parties ont des interprétations diamétralement opposées des accords annoncés en Suède, selon des sources politiques yéménites. Les rebelles pensent que la gestion des ports et de la ville de Hodeïda doit être confiée aux autorités en place, c'est-à-dire à eux-mêmes, alors que le gouvernement comprend que cette responsabilité revient à l'administration présente dans la cité avant «son occupation» par les Houthis, ont expliqué ces sources.
Les Houthis continuent de faire pression en vue d'obtenir la réouverture au trafic aérien civil de l'aéroport international de Sanaa, ville qu'ils contrôlent aussi depuis plus de quatre ans. Ils ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux et accueilli M. Griffiths samedi avec des enfants malades, empêchés d'être évacués vers l'étranger. Le gouvernement et ses alliés arabes ne cachent pas leur exaspération, accusant dans une lettre de l'ONU les rebelles de multiples violations de la trêve à Hodeïda. Ces derniers viennent d'être épinglés par l'ONU sur un détournement massif de l'aide humanitaire. 

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