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Le pétrole encore à l’abri de la révolte

Depuis deux mois, manifestations et violences ont fait des centaines de morts en Irak et forcé le gouvernement à la démission. Mais un secteur reste jusqu’ici hors du tumulte : le pétrole et ses précieux revenus.

Le pétrole encore à l’abri de la révolte
L’or noir est l’unique ressource en devises de l’Irak et représente 90% de ses recettes. Un tarissement de son flot serait un coup dur pour le gouvernement surendetté. Ph. AFP

«Toutes nos stations, nos réserves et nos lignes de transport fonctionnent», a assuré, quelques heures avant la démission du gouvernement, le ministre du Pétrole Thamer al-Ghadbane. Depuis le début le 1er octobre de manifestations contre le pouvoir à Bagdad et son parrain iranien, il y a bien eu des sit-in et des blocages de routes dans le sud pétrolier, notamment celles menant aux champs de Nassiriya, Garraf et Soubba. Les manifestants ont également coupé un temps la route aux employés du port de Khor al-Zoubeir.
Seul un champ, Qayyara, dans le nord, où aucune manifestation n’a eu lieu, a été réellement impacté. Durant plusieurs jours, ses camions n’ont pas pu rallier le sud. Mais sa production s’élève seulement à 30.000 barils par jour, une goutte dans les 3,6 millions de barils exportés chaque jour en moyenne par l’Irak. Et ce chiffre n’a quasiment pas varié, avec respectivement 3,4 et 3,5 millions en octobre et novembre. L’industrie pétrolière irakienne repose sur des champs, des raffineries et des plateformes d’exportation en mer qui, tous, «ont un faible degré de vulnérabilité» face à des troubles venus de l’extérieur. Les champs sont des îlots de production qui peuvent survivre en autosuffisance.
De nombreuses raffineries se trouvent dans le nord, qui n’a pas été touché par la révolte. Et les exportations se font majoritairement par oléoducs et non par la route. Les fermetures temporaires du port de Khor al-Zoubeir n’ont pas excédé deux ou trois jours jusqu’ici. Des interruptions plus longues seraient «problématiques», notamment car les capacités de stockage sont limitées. Le vrai danger serait un long blocage devant ou sur le site d’un des grands champs du pays, comme Roumaïla ou Qurna occidental.
L’or noir est l’unique ressource en devises de l’Irak et représente 90% de ses recettes. Un tarissement de son flot serait un coup dur pour le gouvernement surendetté, mais aussi pour l’économie nationale qui n’a jusqu’ici pas été touchée par les manifestations.
Au niveau mondial, «une baisse forte et longue des exportations irakiennes aurait un réel impact sur les prix», ajoute Noam Raydan, experte de ClipperData. Bagdad assure qu’elle réduira sa production, comme l’a décidé l’organisation pour pousser les prix à la hausse après une chute de 40% entre 2014 et 2019. L’objectif initial était de baisser la production de 1,2 million de barils par jour à partir de janvier 2019 et l’OPEP doit discuter de réductions supérieures les 5 et 6 décembre à Vienne, indique M. Ghadbane. 

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