Menu
Search
Mardi 19 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Nation

La politique de co-développement et de co-émergence du Maroc avec l’Afrique mise en avant à Paris

No Image

La politique de co-développement et de co-émergence du Maroc avec l’Afrique a été mise en avant lors d’une rencontre de haut niveau mardi à Paris. Organisée à l’Hôtel de l’Industrie, siège de la prestigieuse Société d’encouragement pour l’industrie, la conférence a rassemblé autour de la thématique «Le Maroc, une ambition d’émergence avec l’Afrique» un panel de personnalités du monde de l’économie et de la politique du Maroc, de la France et de plusieurs pays africains. La conférence a été l’occasion d’évoquer les améliorations macro-économiques engendrées au Maroc par les réformes et initiatives de ces dernières années, et comment elles placent le Royaume sur la voie de l’émergence, voire de la co-émergence avec ses pays partenaires d’Afrique, de plus en plus nombreux.

Intervenant à cette occasion, le ministre délégué chargé de la Coopération africaine, Mohcine Jazouli, a exposé la vision panafricaine du Maroc portée par S.M. le Roi Mohammed VI, une vision qui tire son essence des liens naturels, géographiques et géostratégiques du Royaume avec l’Afrique. «La relation du Royaume avec le continent est ancrée, solide. Elle a été redynamisée depuis près de 20 ans grâce à la vision claire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Une vision bâtie sur la notion de co-développement qui part du principe que l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique», a expliqué le ministre devant une salle comble. Revenant sur les Tournées Royales en Afrique qui ont donné lieu à la signature de pas moins de 1.000 accords avec nombre de pays africains, M. Jazouli a indiqué que le Maroc est devenu le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le second investisseur africain sur l’ensemble du continent.
Parallèlement à cette coopération bilatérale, le Maroc, qui se positionne comme un hub de l’investissement en Afrique, développe actuellement un partenariat de développement tripartite en Afrique, notamment avec la Chine, les États-Unis ou encore l’Europe, a ajouté M. Jazouli. «Nous œuvrons actuellement au renforcement de la relation Maroc-France-Afrique, en vue de travailler ensemble pour le développement du continent», a dit le ministre.
Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin, et président-cofondateur de la Banque d’affaires Southbridge, dédiée à l’Afrique, s’est félicité, pour sa part, de la tenue de cette rencontre qui lance une réflexion sur l’émergence du Maroc et sa contribution au développement du continent. Rendant hommage à la vision «extraordinaire de S.M. le Roi qui a permis de positionner le leadership africain du Maroc», l’ancien Premier ministre du Bénin a souligné que «l’ambition du Maroc pour l’émergence du continent africain est une ambition de tous les pays africains, qu’il s’agisse de son aspect matériel ou immatériel». «Le Royaume du Maroc, qui figure en tête des pays émergents, exprime et illustre très bien cette volonté d’émergence qui est aussi une volonté de changement qualitatif profond pour répondre aux attentes des sociétés», a-t-il dit.

Selon M. Zinsou, le Maroc, par la qualité de ses infrastructures (autoroutes, ports, aéroports, réseau ferroviaire, énergie renouvelable), illustre très bien cette émergence africaine, car les infrastructures sont la base du développement. Et d’affirmer que le Maroc, qui s’est donné comme priorité «d’être en Afrique, d’être un leader en Afrique», dispose d’une vision cohérente et constante sur ce que doit être le développement. De même, le Royaume, qui est aussi un «investisseur très important vers l’Afrique avec trois banques marocaines très engagées en Afrique», dispose d’une «vision cohérente et des plus claires en termes d’exécution des projets structurants en Afrique», a-t-il dit. Le Maroc dispose également d’une vision homogène pour tirer l’Afrique vers le développement. Car «plus l’Afrique sera intégrée, plus forte sera sa croissance. Et le Maroc joue un rôle clé dans l’intégration économique du continent». «La Cédéao est, dans ce cadre-là, un enjeu fondamental pour le Maroc, mais aussi pour tous les pays de l’Ouest africain», a dit l’ancien Premier ministre du Bénin. Pour Étienne Giros, président délégué du CIAN, le Conseil français des investisseurs en Afrique, et président de l’European Business Council for Africa, la politique africaine du Maroc en faveur du développement du continent est «un exemple pour nous autres européens». Cette politique a été rendue possible grâce à «une gouvernance de qualité portée par S.M. le Roi, ainsi que par le gouvernement», a-t-il affirmé. Selon lui, la stratégie marocaine pour l’émergence du continent est regardée «avec admiration, mais aussi avec une certaine envie». D’autant plus que le Maroc s’oriente «très intelligemment sur son continent». Conscient de l’énorme potentiel de l’Afrique, «le Maroc a adopté une stratégie d’investissement très claire en Afrique et nous devrions nous inspirer de cette stratégie», a-t-il dit.

Rima Le Coguic, directrice Afrique de l’Agence française de développement (AFD), a affirmé pour sa part que la création par l’AFD d’un département Afrique, «en plus d’illustrer l’intérêt porté à ce continent, rejoint la politique marocaine envers l’Afrique», soulignant que l’AFD accompagne les grands pays africains comme le Maroc dans leur ambition de se développer dans le continent.
Après avoir relevé que la moitié des financements de l’AFD sont destinés au continent africain, la responsable de l’AFD a souligné la volonté de l’Agence «d’embarquer» le Maroc, premier partenaire de l’AFD, dans un partenariat tripartite «Afrique-France-Maroc». «Le Maroc, qui peut se targuer d’une croissance économique très forte adossée à une politique économique très cohérente, a compris le potentiel économique de l’Afrique. Il a fait le pari de l’Afrique. Et il a tout à fait raison», a affirmé Mme Le Coguic, soulignant que l’AFD œuvre à construire un partenariat durable entre la France et le Maroc et réfléchit à la manière dont la France et le Maroc peuvent créer des entreprises conjointes pour accompagner l’émergence de l’Afrique.
Cette rencontre de haut niveau a également été marquée par les témoignages de responsables de trois entreprises marocaines présentes sur le continent africain. Il s’agit notamment du témoignage de Youssef Rouissi, directeur adjoint Financement et Investissement, Groupe Attijariwafa bank (AWB), qui a présenté la vision panafricaine de ce groupe bancaire, une vision qui tire son essence de la stabilité macro-économique et politique du Royaume.
Après avoir affirmé la forte implication du groupe Attijariwafa bank en Afrique et sa stratégie de développement en tant que Hub en Afrique à partir du Maroc, M. Rouissi a souligné la forte contribution du secteur bancaire marocain à la trajectoire de développement du continent africain (bancarisation, financement et accompagnement de grands projets). Séduit dès l’an 2000 par le «très fort potentiel africain, le groupe Attijariwafa bank a d’abord ciblé, dans sa stratégie de croissance, les pays francophones d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest, avant d’amorcer dès 2017 le développement du marché anglophone africain avec l’Égypte. À travers toutes ces stratégies, la finalité du groupe est d’être un véritable opérateur bancaire du développement» économique de l’Afrique et de servir de pont et de facilitateur des flux d’investissement envers le continent, a-t-il dit.

Khalid Igué, président du Club 2030 Afrique et ancien directeur des Partenariats publics Afrique de l’OCP, a souligné, de son côté, que le Maroc, qui a bâti un écosystème économique capable de rivaliser avec les autres écosystèmes économiques internationaux, est le premier partenaire financier des pays africains. L’OCP représente à elle seule 17% des investissements marocains en Afrique, a-t-il dit. Selon lui, l’OCP développe, dans ses relations avec les pays africains, une logique de partenariat gagnant-gagnant fondée sur une approche de co-développement et de «socio-business», un modèle économique propre à l’OCP. Karim Bernoussi, PDG d’Intelcia, entreprise marocaine implantée en Afrique et en Afrique subsaharienne, a livré un bref exposé sur les clés de réussite de son entreprise au Maroc, en France, mais également en Afrique subsaharienne. Parmi ces clés, il a cité le fait d’investir dans le développement local en favorisant le management local et in fine développer le sentiment d’appartenance à l’entreprise qui est le moteur de la réussite.
Dans une allocution de courtoisie, l’ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, a affirmé que l’Afrique se transforme et se développe et sa confiance en elle-même grandit de jour en jour, soulignant la nécessité que le développement se fasse pour et avec l’Afrique. «Avec le continent africain, le Maroc développe une coopération Sud-Sud basée sur une approche globale, cohérente de développement gagnant-gagnant», a dit M. Benmoussa.
Au vu des défis qui se posent à l’Afrique, le diplomate marocain a souligné la nécessité de penser un nouveau développement de l’Afrique en mobilisant l’ensemble des acteurs publics et privés. Objectif : créer un climat favorable à l’émergence de projets pour le développement et l’émergence du continent. Il a indiqué dans ce contexte que la coopération tripartite peut être un véritable levier pour répondre aux défis socio-économiques du continent.

Les débats ont ensuite porté sur les défis qui se posent pour l’émergence de l’Afrique, notamment celui de la bancarisation, de l’emploi, surtout des jeunes, de la lutte contre les inégalités.
Les participants ont également souligné l’importance du partenariat public-privé dans l’émergence économique du continent, aux côtés de la nécessité de définir un cadre clair de financement des projets avec un appel lancé aux investisseurs, notamment européens, de se départir de leur frilosité et de venir investir en Afrique, «le continent de l’avenir». Ils ont plaidé, dans ce contexte, pour une nouvelle relation pays africains et bailleurs de fonds.
L’autre défi de taille qui se pose à l’Afrique est celui de l’intégration régionale. En effet, ont souligné les participants, la taille modeste du marché est l’un des freins à l’investissement en Afrique, affirmant que l’intégration régionale, avec la nouvelle Zone de libre échange continentale, peut être une réponse à cette problématique. Cette rencontre de haut niveau a été organisée par le Club 2030 Afrique, le Club Afrique de la presse parisienne (CAPP), en coopération avec www.AfricaPresse. 

Lisez nos e-Papers