«Le 23 février, ce sera le jour où l'aide humanitaire entrera au Venezuela», a lancé mardi Juan Guaido, reconnu Président par intérim par une cinquantaine de pays. «L'aide humanitaire va entrer au Venezuela, c'est sûr ! Car l'usurpateur n'aura pas d'autre choix que de quitter le Venezuela», a poursuivi Juan Guaido, président du Parlement contrôlé par l'opposition. Il a demandé aux quelque 250.000 volontaires inscrits pour participer à l'acheminement de l'aide stockée à la frontière de se tenir prêts pour «former des caravanes». Le 23 février, cela fera un mois que Juan Guaido s'est autoproclamé Président par intérim. Dans la soirée, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde son homologue américain, Mike Pompeo, contre tout «recours à la force» au Venezuela, alors que Washington a évoqué l'option d'une intervention militaire. Des manœuvres militaires sont en cours au Venezuela pour faire face à une éventuelle intervention. Au poste frontalier Villa del Rosario, les autorités colombiennes géraient les files d'attente habituelles de Vénézuéliens traversant le vieux pont international Simon Bolivar pour s'approvisionner, amener leurs enfants à l'école ou fuir leur pays. Aux cris de «Liberté !», «Guaido !», des dizaines de milliers de manifestants, brandissant des drapeaux vénézuéliens, se sont rassemblés à la mi-journée dans tout le pays pour accroître la pression sur l'armée, soutien déterminant du gouvernement, afin qu'elle laisse entrer cette assistance. En réponse à cette troisième journée de mobilisation de l'opposition après celles du 23 janvier et du 2 février, des soutiens du gouvernement se sont réunis sur la place Bolivar, dans le centre de Caracas, contre «l'intervention impérialiste» américaine. Le bras de fer politique entre les deux hommes se concentre depuis plusieurs jours sur l'entrée de plusieurs tonnes de nourriture et de médicaments venant des États-Unis, déjà stockés dans des entrepôts en Colombie à la frontière avec le Venezuela. Cette crise intervient en pleine débâcle économique du pays, accablé de pénuries de vivres et de médicaments. Plus de 2,3 millions de Vénézuéliens (7% de la population) ont fui le pays depuis 2015, selon l'ONU. Cherchant à briser l'unité de l'armée, Juan Guaido a offert l'amnistie aux militaires qui désavoueraient le Chef de l'État et les a prévenus que bloquer l'aide constituerait un «crime contre l'humanité». Nicolas Maduro, qui dément l'existence d'une «urgence humanitaire», rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions américaines.