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La présidente de la HACA plaide pour un traitement médiatique responsable de la question de la migration

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La présidente de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach, a plaidé, mardi dernier à Tunis, pour un traitement médiatique expert et responsable de la question de la migration. «Il est impératif de travailler ensemble pour que la représentation médiatique des migrants ne soit pas instrumentalisée, car cela peut représenter un danger pour la cohésion sociale», a souligné la responsable lors d’un atelier international, organisé les 10 et 11 décembre par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur le thème «Une charte éthique pour la couverture médiatique des migrations». Dans ce sens, Mme Akharbach a mis l’accent sur l’influence que les médias peuvent avoir en matière de polarisation des sociétés sur certaines questions clivantes, comme la migration, «car les médias contribuent largement à construire notre imaginaire collectif et notre représentation de l’Autre et du monde». Elle a expliqué qu’un traitement médiatique biaisé et non basé sur des données vérifiées concernant le phénomène migratoire pourrait influer négativement sur la décision politique, surtout en période électorale, citant un grand nombre d’exemples concernant «l’adoption d’une manière démocratique de certaines lois discriminatoires» sous l’influence des médias.
À cet égard, Mme Akharbach a rappelé le rôle des régulateurs qui consiste en la lutte contre les discours de haine et de stigmatisation selon une approche alliant action normative et démarche pédagogique, à travers les sanctions notamment. «La HACA contribue à la promotion d’un traitement médiatique de la migration basé sur des faits probants, sur une contextualisation rigoureuse et sur les droits humains», a déclaré en substance Mme Akharbach. Elle a précisé que l’instance de régulation marocaine s’abstient de toute injonction déontologique à l’intention des journalistes et respecte rigoureusement la liberté éditoriale des opérateurs des médias. Selon elle, l’objectif du régulateur, qui fait des études, établit des normes et peut aller jusqu’à prendre des sanctions, est de renforcer la vigilance des médias vis-à-vis de toute stigmatisation ou représentation susceptible de porter atteinte à la dignité du migrant ou de donner lieu à un discours de haine ou de discrimination à son égard. Or, a fait observer la présidente de la HACA, dans les médias du Nord comme dans ceux du Sud, la migration est traitée, trop souvent encore, de «manière partiale et partielle». «On privilégie l’angle de l’émotion, parfois de la peur, au détriment de l’expertise et de l’investigation. Ce qui favorise l’instrumentalisation de ce type de couverture médiatique par les mouvements xénophobes et extrémistes et met par conséquent en péril la cohésion sociale et le vivre ensemble», a mis en garde Mme Akharbach qui conduit une délégation composée de Mme Lamia Salhi et Mlle Majda Saber, respectivement directrice du centre de documentation et chargée des études médias au sein de la HACA.
La présidente de la HACA a également relevé lors de son intervention dans ce débat qui a réuni des régulateurs et des journalistes ainsi que des membres d’ONG actives dans le domaine de la migration, que la pratique des fake news à propos de la question migratoire s’est beaucoup développée au cours de ces dernières années. Elle a donné à ce propos l’exemple des «infox» qui ont circulé notamment en Europe, à l’approche de la signature du Pacte mondial sur les migrations à la Conférence onusienne de Marrakech en décembre 2018. Cet atelier de deux jours, organisé en collaboration avec l’ambassade d’Allemagne en Tunisie avec la participation de journalistes de différents pays, dont le Maroc, a été marqué par le lancement officiel de la version arabe du manuel de la couverture médiatique de la migration fondée sur le droit international et les données factuelles. 

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