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La société marocaine est-elle moins tolérante qu’avant ? C’est la question à laquelle ont essayé de répondre les trois invités de l’Info en Face, l’islamologue Abdellah Cherif Ouazzani et les acteurs associatifs Ahmed Ghayet et Souad Begdoury El Khammal. «Nous assistons à un changement de la société marocaine. Il y a une idéologie qui s’est installée dans notre société», lance d’emblée l’islamologue qui voit dans ce mouvement une action purement politique, plutôt que religieuse.
Même son de cloche chez Ahmed Ghayet, président de l'Association Marocains Pluriels, qui dénonce un manque d’encadrement et d’accompagnement de la jeunesse, un manque qui semble s’accentuer avec les réseaux sociaux. «Nous pensons que les réseaux sociaux ont brisé la solitude de jeunes. Or c’est faux ! Nos jeunes sont de plus en plus seuls, car au lieu d’avoir un dialogue, nous sommes face à des monologues», explique-t-il. Et c’est ce qui fait craindre, selon lui, une radicalisation de la société.
Un avis que partage Mme Begdoury El Khammal, militante associative, qui considère que ce phénomène prend de l’ampleur à cause notamment de «l’endoctrinement» des jeunes. «Il y a deux courants qui s’opposent. Heureusement, ils sont minoritaires, mais ils sont quand même bruyants», affirme M. Cherif Ouazzani. M. Ghayet fait le même constat en observant que la majorité des jeunes sont loin de cette radicalisation et que, contrairement aux idées reçues, ils s’intéressent à la politique. Les jeunes veulent faire de la politique, ils veulent faire évoluer la société, mais dans quel contexte, s’interroge l’islamologue, qui pointe à cet égard la responsabilité des partis politiques.
Ce sont là autant de signaux qui prouvent que la société est en train de changer. Mais selon M. Cherif Ouazzani ce changement, qui est normal et compréhensible, doit être encadré et mieux accompagné. «Dieu nous a créés différents, il faut donc accepter cette différence. Mais il nous demande également d’aller vers l’autre et d’échanger avec lui, le connaître et interagir avec lui», conclut-il. Et c’est justement ce message de tolérance et d’ouverture que les invités de l’Info en Face souhaitent répandre afin que notre société puisse avancer et nos jeunes s’épanouir.
