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La révolte enfle de nouveau, le pays toujours sans Premier ministre

Manifestations, routes coupées par des pneus en feu et piquets de grève : en Irak, la révolte populaire gronde de nouveau lundi face à un pouvoir en plein marasme.

La révolte enfle de nouveau, le pays toujours  sans Premier ministre
En 16 ans, disent les manifestants, la renaissance économique promise n’est jamais arrivée, alors que plus de la moitié des juteux revenus du pétrole se perdait «dans les poches de politiciens et d’entrepreneurs véreux.» tttttttttPh. AFP

Alors que le pouvoir irakien s’enfonce dans la paralysie entre les pro-Iran qui cherchent à imposer leur candidat et le président de la République qui fait de la résistance, la rue, elle, se réveille après plusieurs semaines d’accalmie. Les villes du Sud sont de nouveau prises dans un épais nuage de fumée noire : des pneus brûlés bloquent la circulation, signe du ras-le-bol des manifestants qui veulent mettre à bas tout le système et ses politiciens avec. Ils sont des milliers en travers des routes et des ponts ou devant des administrations qu’ils ferment une par une «sur ordre du peuple», en dépit d’une large campagne d’intimidation menée selon l’ONU par «des milices», à coups d’assassinats et d’enlèvements de militants. La désobéissance civile a été de nouveau décrétée à Diwaniya, Nassiriya, Al-Hilla, Kout et Amara, toutes des villes du sud du pays, où les portes des écoles et des administrations sont restées fermées lundi, paralysant le Sud comme en octobre et novembre avant un essoufflement du mouvement. «On durcit la mobilisation parce qu’on refuse le candidat de la classe politique qui nous vole depuis 2003», lance à l’AFP Ali Al-Diwani, un jeune manifestant. 
Pour les Irakiens dans la rue depuis le 1er octobre, le système politique instauré par les Américains à la chute de Saddam Hussein en 2003 et désormais noyauté par les Iraniens est à bout de souffle. En 16 ans, disent-ils, la renaissance économique promise n’est jamais arrivée alors que plus de la moitié des juteux revenus du pétrole «se perdait dans les poches de politiciens et d’entrepreneurs véreux». Alors pas question, poursuivent-ils, que le futur Premier ministre soit issu du sérail. Pour obtenir le renouvellement de la classe politique qu’ils réclament, les manifestants exigent une refonte de la loi électorale. Le gouvernement et le Parlement ont laborieusement entamé la réforme du système alambiqué qui mêle proportionnelle et scrutin de listes, favorisant les grands partis et leurs têtes de liste, inchangées depuis 16 ans. Les manifestants, eux, veulent «un scrutin uninominal pour garantir l’entrée en politique d’une nouvelle génération qui pourra assainir tout ce que les partis au pouvoir ont corrompu». Ces arrangements avec la Constitution accentuent la menace d’un retour de la violence qui a déjà fait en près de trois mois près de 460 morts et 25.000 blessés, en grande majorité des manifestants touchés par les tirs des forces de l’ordre et qui pour beaucoup resteront handicapés à vie. 

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