Le diagnostic établi le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) est sans appel. Dans son projet d’avis sur l’éducation des personnes en situation de handicap présenté hier à Rabat, le conseil relève que malgré les efforts déployés, les personnes en situation de handicap bénéficient moins des services d’éducation et de formation, et sont ainsi doublement discriminées puisqu’outre les obstacles généraux liés à la scolarisation (tels que les problèmes rencontrés par les enfants en milieu rural, les problèmes de scolarisation des filles, etc.), elles souffrent des difficultés particulières liées au handicap (perceptions sociales, accessibilité et faible niveau de formation des ressources humaines...).
Il a été constaté également que des disparités existent au sein du groupe de personnes en situation de handicap en fonction du type et du statut du handicap (les enfants ayant une déficience motrice ont plus de chances de fréquenter l’école/les enfants atteints d’autisme ou de déficiences mentales sont inscrits dans des centres spécialisés), une offre éducative limitée et la privation de la grande majorité de l’accès à l’éducation, tous niveaux confondus (préscolaire, scolaire, supérieur, formation professionnelle, etc.).
Il en ressort également un bilan insuffisant des classes d’intégration scolaire, une faible qualité de l’enseignement destiné aux apprenants en raison notamment de l’inertie et la fermeture des structures d’apprentissage (manque de mobilité entre les centres spécialisés et les classes ordinaires ou intégrées), de la faible adéquation des espaces et des structures d’apprentissage, des curricula et des programmes et insuffisance de l’adaptation pédagogique et de la formation des acteurs éducatifs.
Le projet d’avis pointe du doigt, par ailleurs, des difficultés en matière d’institutionnalisation des parcours d’études, l’absence de soutien individuel et éducatif pour les personnes en situation de handicap, et absence de structures de soutien à l’apprentissage (internats) et le manque de coordination entre les personnes intervenant dans l’éducation et la formation des personnes en situation de handicap, et au sein même des mécanismes chargés de leur scolarisation, ainsi qu’une absence d’une approche institutionnelle et socio-éducative nationale dans le domaine de l’éducation des personnes en situation de handicap, outre une absence d’homogénéité des curricula d’enseignement en place.
S’agissant de l’accessibilité à la scolarisation et à la formation des personnes en situation de handicap en 2014, il en ressort que 66,1% des personnes en situation de handicap sont non scolarisées, 66,6% de cette catégorie sont des filles, 50,6% se situent dans le milieu urbain et 49,4% dans le milieu rural.
Élaboré par la Commission permanente des curricula, programmes, formations et outils didactiques avec la participation et l’appui scientifique du Pôle études, recherches et appui aux instances du Conseil, l’avis s’inscrit dans le cadre du plan d’action 2018-2019 du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique.
Les personnes en situation de handicap sont doublement discriminées, selon le Conseil supérieur de l’éducation
Dans son projet d’avis sur l’éducation des personnes en situation de handicap présenté hier à Rabat, le Conseil supérieur de l’éducation déplore l’insuffisance des classes d’intégration scolaire, une faible qualité de l’enseignement destiné aux apprenants ainsi qu’une insuffisance de l’adaptation pédagogique et de la formation des acteurs éducatifs.
Abdelwahed Rmiche
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23 Mai 2019
À 21:51