S.M. le Roi et le Pape François œuvrent conjointement pour combler le fossé opposant les deux croyances

La pluie tombait au moment où je quittais la maison. J’ai eu la prévoyance et la présence d’esprit de mettre à la fois une veste imperméable et un parapluie dans la voiture. D’ailleurs, j’étais très content de l’avoir fait. Car, au moment où nous sommes arrivés à la Mosquée Tour Hassan, il commençait à pleuvoir. Des flaques se formaient tout autour sur le sol pendant que les masses affluaient à travers les portes de l’esplanade. Nous étions tirés à quatre épingles, mais nous commencions déjà à être tout trempés. 
Sa Sainteté et Sa Majesté sont descendues de leurs véhicules et ont traversé la route pour se rendre sur le lieu de la cérémonie. Après les poignées de main avec les grandes personnalités, et des cris de joie, les deux hommes entrèrent. La pluie se retint miraculeusement tandis qu’ils se dirigeaient vers l’estrade, gravissaient les marches et prenaient leurs sièges à l’abri. Juste après, elle a repris de plus belle.
Ce jour-là, tout le monde à mon sens a saisi et reconnu que c’était un moment vraiment spécial. Deux chefs religieux, marchant côte à côte, œuvrent conjointement pour combler le fossé qui a si souvent à travers l’histoire opposé les deux croyances.
Sa Majesté le Roi a pris la parole en premier. Son message central mérite en l’occurrence d’être rappelé chaque jour : la haine procède de l’ignorance. La religion est dénaturée par cette ignorance et forgée dans le fléau du terrorisme qui a touché tant de familles, de communautés et de pays : seule l’éducation peut vaincre l’ignorance. Nous devons réapprendre à vivre ensemble. Nous ne devons pas craindre l’inconnu et détester le différent. L’éducation est le début, le milieu et la fin de la compréhension. Seule l’éducation peut dissiper les doutes autour de l’inconnu.
Sa Sainteté a repris le message. Nous devons instaurer des passerelles entre les gens et les communautés. Nous devons développer la compréhension et la tolérance, accepter l’autre, le migrant, l’étranger. Nous devons les accueillir et franchir les frontières. Nous devons accepter la différence, tolérer l’autre. Nous ne devons pas construire de murs ni de barrières – physiques ou autres. Nous devons, en revanche, chercher à comprendre pourquoi les gens quittent leur pays, leur foyer, leur famille et prendre tous les risques afin de se rendre dans des pays étrangers et y chercher une vie meilleure. Je suis ravi d’avoir entendu ces messages de tolérance, de patience, de compréhension et le rôle crucial de l’éducation comme étant le meilleur moyen de lutter contre l’ignorance et les préjugés. Entretemps, la pluie qui me coulait du dos, mes pieds qui plongeaient doucement dans la bruine ininterrompue, mon pantalon abimé et détrempé étaient sans importance devant ce message vital des deux chefs spirituels.
J’ai rejoint la course effrénée pendant que tout le monde se précipitait vers sa voiture, et que la pluie ruisselait de nos cheveux et de nos vêtements. Au milieu de tout cela, me revenaient à l’esprit ces deux messages vitaux des deux leaders : messages que nous devons porter à cœur et incarner dans nos actes quotidiens. Lorsque la religion dépasse les clivages et transmet un tel message résonnant, elle nous rappelle indubitablement notre humanité partagée : ce qui nous réunit a bien plus de poids que ce qui nous sépare.