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Startups et grandes entreprises : Les bases d’une collaboration réussie

En matière d’innovation, on observe depuis quelques années que plusieurs grandes entreprises se rapprochent de plus en plus des startups. Si les premières y trouvent un moyen d’améliorer leur performance et leur compétitivité, les secondes en profitent pour concrétiser leurs idées, développer leur savoir-faire et surtout accéder à de nouveaux marchés. La démarche est ambitieuse certes, mais pour en tirer profit, il est important que certains ingrédients soient réunis et à leur tête la confiance mutuelle.

Qu’on le veuille ou non, l’innovation constitue désormais un enjeu de performance et de croissance, voire de survie, surtout pour les grandes entreprises. Ces dernières sont appelées à innover de façon continue pour faire face à une concurrence rude et accrue, ceci en proposant des offres qui puissent mieux séduire leurs clients. Pour relever ce grand défi, chaque entreprise dispose de sa stratégie. Si certaines structures préfèrent rester fermées en misant sur leurs propres ressources internes, d’autres pensent qu’il était plutôt temps de s’ouvrir sur des acteurs externes en faisant appel à des universités, des clients ou des fournisseurs afin de mieux réfléchir sur la question. Récemment, un autre acteur a fait son entrée sur scène : les startups. «Depuis quelques années, les grandes entreprises marocaines ont commencé à se rapprocher des startups puisqu’elles sont plus agiles et plus créatives», explique Hanane Ait Aissa, fondatrice et DG de Startup Grind, en marge la 4e édition de la conférence Meet The Lead tenue les 27 et 28 novembre derniers à Casablanca. L’événement a mis à l’honneur la thématique de l’innovation et a constitué un véritable espace de rencontre entre les grandes entreprises et les startups. Prenant part à cet événement, Lotfi Sekkat, DG de la CIH Bank confirme que le fait de se rapprocher des startups est porteur d’une grande valeur ajoutée. «Cela permet d’avoir plus de créativité et de réfléchir librement sans subir de contraintes particulières», a-t-il déclaré au journal Le Matin. Concrètement, explique Hanane Ait Aissa, ce rapprochement peut avoir lieu suivant différents modèles : «L’entreprise peut faire appel à des incubateurs qui accompagnent les startups tout comme elle peut mettre en place son propre programme d’incubateur en sélectionnant des startups à accompagner». L’intervenante a fait savoir qu’il existait une autre façon de faire, à savoir miser sur une collaboration entre une startup et une corporate en tant que deux entités différentes. «Les deux parties étudient ensemble l’intérêt et l’utilité d’une solution ou d’une application déterminée pour aboutir soit à des levées de fonds, des bons de commande ou carrément une association», a-t-elle détaillé.

Tout est question de confiance
Quel que soit le mode de rapprochement adopté, le succès d’une telle démarche repose sur plusieurs facteurs. Outre l’engagement des deux parties, Lotfi Sekkat souligne que la clarté et la transparence restent les ingrédients de la réussite d’une telle démarche. Même son de cloche auprès de Hasnaa Boutzil, DG de SADV-OCP qui ajoute qu’il faut miser sur la confiance mutuelle. En effet, comme dans toute relation de collaboration, la confiance permet de co-créer tout en faisant face aux grands défis. De même, «la confiance permet à la relation de durer dans le temps une fois la solution est prise, sachant que le startupper a besoin de survivre», précise Hasnaa Boutzil. Pour sa part, Hazim Sebbata, DG de Cash Plus, l’aboutissement des résultats escomptés dépend de l’engagement des deux parties. D’une part, les dirigeants doivent avoir du temps à consacrer à la startup pour répondre à toutes ses questions, d’autre part, «la startup doit comprendre que la grande entreprise a ses propre contraintes liées, entre autres, à l’agilité, au temps ou encore à la réglementation», a-t-il ajouté. En d’autres termes, résume Hazim Sebbata, les deux parties doivent se comprendre et avoir la volonté de co-créer. Autre point à souligner : l’importance pour l’entreprise de revoir sa culture et sa stratégie interne. On a beau investir dans des démarches d’innovation, si on n’adopte pas une culture basée sur l’ouverture, nos efforts sont vains. D’ailleurs, l’innovation dans toutes ses formes concerne tous les collaborateurs de l’entreprise. Mais c’est avant tout un état d’esprit qui doit être porté par le top management. 


Déclarations

Lotfi Sekkat, PDG de CIH Bank

«De manière générale, une entreprise bien installée sur le marché adopte parfois un certain nombre de réflexes. Or, pour réfléchir out of the box, il est nécessaire de faire intervenir des personnes qui sont plus agiles et plus disponibles, d’où l’intérêt de se rapprocher des startups. Cette démarche permet à l’entreprise d’avoir plus de créativité et de réfléchir librement sans avoir de contraintes particulières. De même, dans notre cœur de métier, il faut aussi reconnaitre que la technologie 
peut évoluer tellement vite et qu’il faut ainsi faire l’effort pour se rattraper. Sur ce volet, les fintechs sont plutôt à jour et peuvent apporter à la grande entreprise ce volet technique, qui est tellement important aujourd’hui. 
Une autre raison pour se rapprocher des startups est plutôt liée à l’engagement RSE des entreprises qui ne doivent pas hésiter d’investir dans des projets à destination des jeunes. Au sein de la CIH, l’incubation se fait au sein même de l’entreprise. Je donne l’exemple de l’application mobile dédiée à nos clients. Elle a été développé dans les locaux de la CIH avec une startup et elle constitue aujourd’hui une bonne réussite.»

Hanane Ait Aissa, Fondatrice et DG de Startup Grind

«Depuis quelques années, les entreprises marocaines se sont rapprochées des startups partant du principe qu’elles sont plus agiles et plus créatives. En effet, les startups sont de petites structures qui peuvent développer des produits très innovants, ce qui procure une grande agilité à toute entreprise se voulant concurrentielle. Cette relation de rapprochement est aussi bénéfique pour les startups qui, rappelons-le, sont composées de jeunes entrepreneurs souhaitant se réaliser et développer leur expertise. Je pense que la démarche est ambitieuse. D’ailleurs, l’écosystème marocain est encore très jeune et il n’y a pas beaucoup d’entreprises marocaines qui font confiance aux jeunes. Cela explique en effet le départ de certains startuppeurs n’ayant pas trouvé l’appui et l’accompagnement nécessaires. Pour remédier à cette réalité, l’entreprise marocaine est appelée aujourd’hui à repenser son modèle, sa culture et sa stratégie pour libérer les potentiels des jeunes, ce qui permettrait d’avoir plus de créativité.»

Hasnaa Boutzil, DG de SADV-OCP

«Le développement territorial doit accompagner le développement technologique et la transformation digitale que connait le monde entier. Aujourd’hui, sans startups et sans entrepreneurs innovants, on ne peut pas aller plus loin. Je prends l’exemple du développement de la ville verte de Benguerir qui est une ville smart et qui accompagne cette vague de développement technologique. Des startups innovantes ont été associées à ce projet vu leur capacité d’apporter des applications permettant à l’entreprise de répondre au mieux aux exigences de bien-être des habitants. Ces startups ont été accompagnées via la formation et le développement des talents. À mon avis, le rapprochement entre les grandes entreprises et les startups demeure une nécessité vu que chaque entreprise a besoin d’innover pour survivre. Il est important aussi de souligner que la relation de proximité entre les startuppeurs et les grandes entreprises est très requise aujourd’hui. Cela permet au startppeurs d’avoir plus d’informations et plus de proximité lui facilitant le développement des idées et des applications que la grande entreprise utiliserait pour développer son marché, et c’est ce qui se fait aujourd’hui au niveau de l’OCP.»

Hazim Sebbata, DG de Cash Plus

«L’innovation est très importante pour une entreprise qui souhaite aujourd’hui assurer sa survie. Ainsi, l’un des moyens que les grandes entreprises utilisent pour relever ce défi est de se rapprocher des startups. Certes, chaque grande entreprise dispose en interne d’un processus d’innovation, mais cela peut être insuffisant, d’où l’intérêt d’opter pour l’open innovation qui consiste à faire appel à des parties externes, notamment des clients, des fournisseurs ou encore des universités. On peut également faire appel à des jeunes qui ont des idées, mais qui n’arrivent pas à obtenir des marchés pour les concrétiser. Le rapprochement entre l’entreprise et la startup est donc bénéfique pour les deux parties. Or, pour réussir cette démarche, il faut que les dirigeants soient disponibles et qu’ils aient du temps à consacrer aux startups. Ensuite, il faudrait qu’il y ait un processus de l’évaluation et du challenge de l’idée en question. Ce challenge est organisé en fonction des entreprises et permet à l’idée de se concrétiser sur le marché.»

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