Menu
Search
Mardi 23 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 23 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

Les théories du complot alimentent la résurgence de la polio

Après des années de déclin, 80 cas en 2011 et 14 en 2017, l’Afghanistan a connu en 2018 une hausse des diagnostics de cette maladie invalidante, avec 21 enfants infectés. Le Pakistan voisin a vu 12 cas confirmés. Ce sont avec le Nigeria les seuls pays où la poliomyélite reste endémique.

Les théories du complot alimentent la résurgence de la polio

Lorsque des médecins ont diagnostiqué la poliomyélite chez son neveu de deux ans, Abdul Wali dit avoir immédiatement «eu des remords» de s’être fié aux théories anti-vaccins, très répandues dans les campagnes afghanes. «J’ai cru les gens qui m’ont dit que le vaccin contre la polio était un complot contre les musulmans», raconte dépité à l’AFP le chef de la famille élargie qui, comme beaucoup de foyers afghans traditionnels, vit dans une même maison. Après des années de déclin, 80 cas en 2011 et 14 en 2017, l’Afghanistan a connu en 2018 une hausse des diagnostics de cette maladie invalidante, avec 21 enfants infectés. Le Pakistan voisin a vu 12 cas confirmés. 

Ce sont avec le Nigeria les seuls pays où la poliomyélite reste endémique. La vaccination contre cette maladie infectieuse très contagieuse qui touche particulièrement les enfants de moins de cinq ans est obligatoire en Afghanistan. Mais la méfiance à l’égard des vaccins est répandue et les programmes sont difficiles à mettre en oeuvre, en particulier dans les régions reculées. 
Et dans les zones contrôlées par les talibans, les insurgés ont instauré une nouvelle interdiction totale des inoculations, après en avoir déjà restreint l’accès pendant des années. Selon Yar Mohammad, qui a amené sa fille Razia, âgée de trois ans, dans une clinique locale de la province de Kandahar (sud), le mollah local a affirmé aux villageois que le vaccin contre la polio affaiblirait la foi de leurs enfants. «Maintenant, elle est paralysée», dit le père en regardant sa fille couchée dans un lit. Selon le sociologue et expert médical afghan Wahid Majroh, «les théories du complot peuvent s’épanouir en particulier là où la vie des gens est strictement contrôlée par des éléments radicaux». La lutte contre ce virus qui envahit le système nerveux a également été freinée par l’interdiction dans les zones du pays sous contrôle des talibans de mener à bien la campagne de vaccination placée sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les talibans la soupçonnent de servir de couverture à des espions occidentaux ou du gouvernement. Dans le passé, la CIA avait eu recours à une fausse campagne de vaccination pour retrouver le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, tué en 2011 alors qu’il se cachait au Pakistan. «C’est évidemment totalement faux», a indiqué à l’AFP le service de communication de l’OMS. Une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible. Parmi les sujets paralysés, 5 à 10% meurent lorsque leurs muscles respiratoires cessent de fonctionner.

Lisez nos e-Papers