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Pour trouver la pluie, des éleveurs se fient plus à leur portable qu’au ciel

Depuis des générations, les membres du clan de Kaltuma Hassan scrutent le ciel de leur région aride du nord du Kenya à la recherche du moindre signe de pluie, ici du vent, là un nuage en formation, afin de guider leurs troupeaux vers les pâturages. Désormais, des prévisions météo les aident aussi, par SMS.

Pour trouver la pluie, des éleveurs se fient plus à leur portable qu’au ciel

«Vous pouvez parcourir une longue distance et les bêtes meurent en chemin... C’est une vie très difficile», explique Kaltuma à l’AFP à Marsabit, une des principales villes de la moitié nord du Kenya où des millions de pastoralistes et leurs proches dépendent entièrement du bétail pour survivre. Cette femme de 42 ans passe désormais un peu moins de temps à fixer le ciel et un peu plus à consulter son portable : des prévisions météorologiques lui parviennent par SMS sur son téléphone, lui indiquant les zones les plus susceptibles de recevoir des précipitations, à une échelle très précise. Et la longue saison des pluies qui vient normalement arroser de mars à juin la grande moitié nord du pays et les voisins comme la Somalie ou encore l’Éthiopie s’annonce cette année très insuffisante. Le service de SMS qu’elle consulte est alimenté par les prévisions d’une société américaine «d’intelligence agricole», aWhere, fondée en 1999. Les destinataires peuvent consulter les informations sur des téléphones portables très basiques et peu coûteux sur le marché kényan, notamment lorsqu’ils sont achetés d’occasion. Ces prévisions météorologiques hebdomadaires ont non seulement permis à Samuel Lkiangis Lekorima de pérenniser son troupeau, mais aussi d’améliorer la sécurité de sa communauté. Car la raréfaction des points d’eau et des pâturages a conduit à une compétition accrue entre communautés de pastoralistes.

Dans certains endroits ont eu lieu des violences entre éleveurs, qui pour beaucoup d’entre eux sillonnent désormais les pistes du Nord kényan avec une kalachnikov en bandoulière. «Quand je reçois un message, je téléphone et je leur dis : Ne partez pas, la pluie arrive ici prochainement», explique-t-il à l’AFP, limitant ainsi les déplacements de ses collègues sur les terres associées à d’autres clans. La société de nouvelles technologies Amfratech, qui a lancé le service en début d’année, a également développé une application plus avancée pour smartphones et ambitionne de convaincre plusieurs dizaines de milliers d’éleveurs, dans le cadre d’un projet financé en grande partie par l’Union européenne. Le pastoralisme représente plus de 12% du Produit intérieur brut kényan. Ainsi, l’Institut international de recherches sur l’élevage (International Livestock Research Institute), installé à Nairobi, utilise des images satellites afin de repérer des niveaux de pâturages et d’eau très bas, synonymes de risque mortel pour les troupeaux. Selon plusieurs intervenants du secteur, des dizaines de milliers d’éleveurs kényans ont déjà souscrit à ce type d’assurances. 

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