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Abouelouakar, le peintre intègre

Dans le cadre des grands événements plastiques organisés par la Fondation ONA, la Villa des arts de Rabat offre à voir, jusqu’au 30 mars, une rétrospective de l’œuvre du célèbre artiste-peintre Mohamed Abouelouakar.

Abouelouakar, le peintre intègre

«Déconstructions» est l’intitulé de cette exposition qui célèbre le travail de recherche du plasticien Mohamed Abouelouakar, dont l’œuvre très profonde reflète aussi bien sa personnalité que son talent indiscutable. Selon l’écrivain Mustapha Ammi Kebir, Abouelouakar fait corps avec sa peinture. «Sa biographie se donne à lire à travers elle, sans hésitation ni repentir. Elle est tout entière contenue dans les interstices, et les tremblements, de son art. Il est de ces artistes dont la peinture jaillit de l’écorce et de la soie de ce qu’ils sont. Ce jaillissement, fait de silence et de cris, est l’expression d’une route, plus que d’un itinéraire, commencée, à Marrakech qui a sûrement son importance. Car elle est le berceau, où la lumière du jour a choisi de se jeter, à travers les yeux du peintre, et le lieu des premières émotions. Ajoutons à cela, si on veut, que ce peintre de l’image a étudié le cinéma, croisé la route de Tarkovski, fréquenté les soufis et n’a jamais cessé, depuis toujours, de se nourrir de cette “intranquillité” qui fait de l’artiste le seul recours qui reste aux hommes pour tenter de donner du sens à ce que nous sommes». C’est comme cela que le voit Ammi Kébir, qui est allé encore plus loin dans la lecture du travail de Abouelouakar en considérant sa peinture comme tendue par ce désir d’interroger le monde, en recourant au besoin à toutes les figures possibles et imaginables. «Il ne s’interdit rien. Il part du principe qu’il est homme, comme aurait dit Térence, et que rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Il se sent partout chez lui, sur cette vaste terre que les hommes s’acharnent à défaire. Frère d’Ibn Arabi, de Chagall et de Tarkovski. Notre destin d’hommes est la seule chose qui lui importe». Sa peinture laisse libre cours à toutes ses idées et pensées sans aucune restriction. On le voit tel qu’il est à travers ses tableaux où il exhibe toutes ses convictions sans détour. Le septième art a sûrement joué un rôle dans son parcours plastique, puisqu’il a eu un diplôme de l’Institut cinématographique de Moscou, suite auquel il a fait carrière dans le cinéma en réalisant le long métrage «Hadda» (1984) qui fut primé au deuxième Festival national du film marocain. Mustapha Ammi Kebir écrit à ce propos que Abouelouakar raconte le monde. «Il n’y a aucune redite, aucun commentaire. Il ne décrit jamais. Son œuvre est une plongée vertigineuse dans les terres brûlantes, les territoires reculés de l’âme. Il dit ce qui se cache et se dérobe. Il court d’une toile à l’autre pour saisir l’insaisissable. Il y a tout à la fois l’instant et le lointain. La mémoire involontaire, pour reprendre le mot proustien, est mise en présence de ce qui, dans le présent, la menace ou l’assiège. Sa traversée des apparences est une traversée du monde. Il réécrit nos peurs, avec des figures autorisées et d’autres, qui le sont moins». 

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