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Un Baccalauréat pas comme les autres !

Un Baccalauréat pas comme les autres !

Les candidats pour le baccalauréat Littérature et enseignement originel commencent aujourd’hui leurs épreuves. Ils ont deux jours pour tenter d’obtenir le fameux sésame pour les études supérieures. Les 6 et 8 juillet, ce sont les candidats pour les sciences-techniques et le Bac professionnel qui tenteront leur chance. Cette année, 441.000 élèves passent les examens du baccalauréat. 122.000 d’entre eux le passeront en candidats libres. Ces épreuves ont une grande importance pour les élèves et leurs familles qui parfois cèdent aux crises de panique. 
Cette année, la pandémie du Covid-19 ne leur a pas facilité la tâche. Un dispositif exceptionnel est mis en place pour passer les épreuves dans le respect total des mesures sanitaires nécessaires. 
Les préparations à l’examen se sont déroulées en plein confinement. Toutes ces conditions ajoutent un stress supplémentaire à la plupart des candidats. «J’ai révisé en ligne avec mes enseignants et amis. Je ne sais plus si cette méthode est semblable aux révisions classiques auxquelles je suis habituées, mais une chose est certaine, j’ai dû gérer, en plus du stress de l’examen, la pression du confinement et des tensions familiales», nous confie Zineb une jeune candidate au baccalauréat. Pour Jamaa, candidat libre, la période du confinement n’était pas propice à la révision : «J’ai focalisé toute la concentration sur le déconfinement et les sorties que je pouvais voler de temps à autre». D’autres candidats n’ont pas bien révisé à cause des problèmes techniques. «Les cours se faisaient sur WhatsApp et je ne peux avoir accès au téléphone de mon père que deux heures par jour, affirme Ghizlane une jeune casablancaise, candidate libre au baccalauréat littéraire. J’avais espéré qu’on ne passe pas l’examen cette année». La crise du Covid-19 a augmenté le stress. Les élèves ont eu une année compliquée, pleine de changements sociaux pour la plupart. Ils se sont posé plusieurs questions et ont vécu une période d’incertitude qui n’est pas sans impact sur leur psychologie et de fait sur leur rendement. 


Entretien avec Dr Imane Oukheir, pédopsychiatre

«Le jour de l’examen, il est préférable d’éviter les personnes négatives»

Les bacheliers passent les épreuves du baccalauréat, considéré comme l’examen le plus redoutable de leur vie et qui constitue la porte de passage vers les études supérieures et l’âge adulte. Selon Dr Imane Oukheir, pédopsychiatre, cela peut être une grande source de stress pour eux ainsi que pour leur entourage. La spécialiste insiste sur le fait que l’examen nécessite une bonne préparation mentale pour assimiler les connaissances et gérer le stress qui pourrait compromettre le travail de tout un parcours scolaire.

Le Matin : Beaucoup d’élèves craignent l’épreuve  du baccalauréat. Comment expliquez-vous ce sentiment ?
Imane Oukheir
: La peur des examens est une émotion normale et adaptative au stress. Elle peut même jouer un rôle bénéfique dans la motivation du bachelier pour mener son travail de façon  efficace et stratégique. Mais si elle survient de façon  intense ou persistante, elle pourrait être un handicap majeur et condamner ses chances de passer son examen dans de bonnes conditions.

Comment se manifeste la peur  des examens ?
La peur des examens sur le plan cognitif  peut se traduire par des difficultés de concentration et de raisonnement logique. Sur le plan affectif, l’étudiant peut être envahi par des émotions négatives, de l’anxiété et de la tristesse. Sur le plan somatique, il peut avoir un état d’asthénie, des palpitations, des maux de tête, des douleurs abdominales, des troubles du sommeil et un manque d’appétit. Sur le plan comportemental, il peut avoir tendance à  s’isoler et passer par des moments d’agitation traduisant son irritabilité.

D’où vient cette peur ?
La peur pourrait survenir suite à une attitude  de l’entourage du bachelier, à  savoir la famille et les parents. La famille peut alimenter les peurs du bachelier en amplifiant le contrôle de son activité, en doutant de ses compétences et de ses capacités, ce qui peut rendre l’ambiance électrique et tendue, au lieu que la famille soit une source de soutien. Les parents ont aussi tendance à partager leurs préoccupations, ce qui peut être un facteur de transmission de la peur et de l’insécurité par contagion. L’étudiant, s’il a déjà vécu  des expériences traumatisantes des examens, celles-ci risquent d’être réactivées lors des épreuves du bac. L’étudiant peut être également stressé par l’incertitude face aux conditions exceptionnelles des examens cette année et par rapport à  une surévaluation de la situation de l’examen  et une sous-estimation de ses compétences.

Comment peut-on dépasser  ce sentiment de peur ?
Pour surmonter cette peur, l’étudiant est invité  à déterminer les pensées négatives  qui passent  par son esprit et les remplacer par d’autres qui sont plus positives, pour ensuite les renforcer. L’étudiant doit se préparer plusieurs jours avant l’épreuve du baccalauréat  en se mettant en situation d’examen. Ceci l’aidera à s’adapter,  à mieux  gérer le temps et à  mieux travailler sous pression. Il doit garder une bonne hygiène de vie, à  savoir des heures suffisantes de sommeil, au minimum 7 heures par jour, et  une alimentation  équilibrée en oméga 3, en vitamines B6, B12, en vitamine C et antioxydants et essayer de limiter au maximum l’exposition aux écrans. Pour que le bachelier reste confiant et positif, il doit se répéter que le bac n’est que l’aboutissement d’un travail qu’il a mené  pendant une année. Il n’y a pas de raison de ne pas réussir, du moment qu’il a pris le temps de préparer et que ce sont des choses qu’il a étudiées auparavant. Pour garder sa détermination, il peut mettre sur une grande feuille l’objectif pour lequel il a travaillé toute l’année et qu’il va atteindre une fois le bac dans la poche. La famille doit aussi éviter la transmission de messages négatifs et décourageants et apporter le soutien et l’assurance nécessaires pour donner confiance aux bacheliers.

Que doivent faire les candidats au baccalauréat en cas  de panique ?
Un élève pris de panique peut faire un exercice de relaxation respiratoire qui consiste à  inspirer par le nez en gonflant l’abdomen puis expirer lentement  par la bouche en gonflant le  ventre. Il pourrait continuer à  utiliser cette méthode pendant quelques minutes, le temps de trouver sa sérénité.

Comment les candidats au bac doivent-ils gérer  le stress  du jour J ?
Le jour de l’examen, il serait préférable d’éviter les personnes négatives. Quelques minutes avant l’épreuve, il faut s’isoler loin de toute distraction afin d’optimiser sa concentration et mettre de l’ordre dans ses idées. Une fois qu’on a l’épreuve, il faut prendre le temps de bien lire les questions et toujours commencer par les questions les plus faciles pour optimiser sa confiance en soi. Le bachelier doit se concentrer sur son épreuve et ne pas prêter attention aux autres, au risque d’être distrait. Une fois une épreuve terminée, il faut se concentrer sur la prochaine matière et oublier les corrections. 

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