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Le Conseil de la concurrence appelle à une réforme structurelle du marché national des médicaments

Le Conseil de la concurrence estime qu’il est temps de mener une réforme globale du marché national des médicaments. Un marché que les experts du Conseil jugent «très administré» et «très réglementé». Selon son avis relatif à la situation de ce marché, le Conseil recommande la mise en place d’un cadre institutionnel qui puisse mobiliser et fédérer les synergies entre tous les intervenants.

Le Conseil de la concurrence appelle  à une réforme structurelle du marché  national des médicaments

Le marché du médicament au Maroc présente de nombreuse lacunes. Selon le diagnostic du Conseil de la concurrence, on est aujourd’hui devant un marché «très administré» et «très règlementé» évoluant dans un cadre légal et juridique «inapproprié» et «dépassé». ce constat a été annoncé jeudi à l’occasion la septième session ordinaire de la formation plénière du Conseil qui a examiné et adopté à l’unanimité le projet d’avis relatif à la situation de ce marché au Maroc.
Dans un communiqué publié  l’issue de cette réunion, le Conseil présidé par Driss Guerraoui a révélé en effet l’existence de «nombreux dysfonctionnements» qui ont trait à toutes les dimensions du marché national du médicament. «C’est, également, un marché dont la concurrence est fortement impactée, par une politique pharmaceutique nationale fragmentée et incohérente, et une gouvernance inefficace largement dominée par une tutelle administrative, réglementaire, technique et médicale qui laisse peu de place au développement des mécanismes de marché et d’une concurrence saine et loyale», souligne le Conseil dans son avis.
Plus en détail, le Conseil estime qu’on est devant un marché dominé par les médicaments princeps avec un très faible taux de pénétration des génériques qui ne dépasse pas les 40%, alors que la moyenne mondiale se situe aux alentours de 60%. «C’est un marché qui demeure étroit avec une faible consommation des médicaments ne dépassant pas en moyenne les 450 dirhams par habitant et par an, alors qu’elle est de 3.000 DH en Europe», fait observer le Conseil.
Toujours dans le volet des constats, le Conseil précise qu’il s’agit d’un marché où 15 laboratoires disposent de plus 70% des parts du marché et qui, pour certaines classes thérapeutiques, est fortement concentré, avec l’existence de duopoles ou d’oligopoles occupant une situation de quasi-domination. «Il s’agit, aussi, d’un marché peu transparent avec l’absence d’une vraie politique publique du médicament générique, couplée à un circuit de distribution obsolète et en crise entrainant l’agonie des chainons fragiles et vulnérables de la filière», lit-on sur l’avis du Conseil.
Pour faire face à cette situation, le Conseil de la concurrence a émis une série de recommandations portant sur la vision stratégique future du marché ainsi que les réformes de structures à apporter à son fonctionnement concurrentiel. C’est ainsi que sur le plan de la vision, le Conseil recommande l’élaboration d’une véritable politique nationale du médicament qui puisse répondre aux impératifs de la sécurisation de l’approvisionnement de notre pays en médicaments et dispositifs médicaux, en conformité avec les nouvelles priorités épidémiologiques de la population marocaine, avec le pouvoir d’achat des citoyens et avec les exigences de la qualité et du respect des normes sanitaires universelles.

Le Conseil insiste dans ce sens sur l’importance de la mise en place d’un cadre institutionnel qui puisse mobiliser et fédérer les synergies entre tous les intervenants du marché, qu’il s’agisse des autorités publiques compétentes, des régulateurs, des organismes gestionnaires, des industriels, des laboratoires, des médecins, des pharmaciens, des distributeurs de gros et de détail, des associations de consommateurs et des chercheurs. Il recommande dans ce sens la création de «l’Agence nationale du médicament, dont il faut repenser le pilotage institutionnel, les missions et le cadre juridique, à la lumière des nouvelles données que connaît la problématique du médicament aujourd’hui».

Au niveau du marché, le Conseil estime que le gouvernement doit adopter une politique publique du médicament, qui nécessite de «mener des réformes de structures portant sur la redéfinition des modalités d’organisation du marché du médicament, la refonte en profondeur du cadre juridique organisant ce marché et le développement de nouveaux leviers pour en améliorer la situation de la concurrence». Pour y parvenir, le gouvernement doit veiller notamment sur l’amélioration de la transparence du système de gestion et de régulation du secteur, notamment au niveau de l’attribution des AMM (Autorisations de mise sur le marché), la gestion transparente des marchés publics, les modalités de fixation des prix, le contrôle de la qualité, la protection des brevets et le contrôle maîtrisé des importations, précise le Conseil. 

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