Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

Débat historique à l’ONU sur les pratiques raciales de la police

Débat historique à l’ONU sur les pratiques raciales de la police
Le frère de George Floyd s’est adressé aux Nations unies : «Vous avez le pouvoir de nous aider à obtenir justice», avait lancé Philonise Floyd dans un message vidéo.

Les négociations se sont prolongées jeudi à l’ONU sur un projet de résolution historique visant les pratiques raciales de la police aux États-Unis et dans le reste du monde, après le vibrant appel à l’aide lancé par le frère de George Floyd. Le débat au sein du Conseil des droits de l’Homme, instance onusienne basée à Genève et dont Washington s’est retiré en 2018, intervient au lendemain de l’inculpation pour «meurtre» d’un policier blanc ayant abattu un jeune Afro-Américain à Atlanta. Ce nouveau drame a ravivé les appels à réformer les forces de l’ordre aux États-Unis, extrêmement pressants depuis le calvaire de Floyd, un quadragénaire noir, mort asphyxié lors de son interpellation le 25 mai à Minneapolis. Au siège européen de l’ONU, à Genève, où les débats ont pris fin en milieu de journée, les pays membres devaient se prononcer sur un projet de résolution du groupe africain. Mais les négociations sur le texte final étant toujours en cours, le vote devrait avoir finalement lieu ce vendredi ou lundi, selon l’ONU. Dans sa version initiale, le texte réclamait l’établissement d’une commission d’enquête internationale indépendante, une structure de haut niveau généralement réservée aux grandes crises comme le conflit syrien. Une nouvelle mouture du texte, qui pourrait encore évoluer, se contente de demander à la haut-commissaire aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, «d’établir les faits et les circonstances relatives au racisme systémique, aux violations présumées du droit international en matière de droits de l’Homme et les mauvais traitements contre les Africains et les personnes d’origine africaine». Elle condamne également «les pratiques raciales discriminatoires et violentes des forces de l’ordre contre les Africains et les personnes d’origine africaine et le racisme endémique structurel du système pénal, aux États-Unis et dans d’autres parties du monde». Alors que la plupart des États avaient pris la parole la veille devant le Conseil, les ONG ont pu s’exprimer jeudi, réclamant pour beaucoup une commission d’enquête internationale sur les pratiques raciales de la police américaine. Une idée soutenue, dans une déclaration écrite, par Martin Luther King III, le fils de l’icône de la lutte pour les droits civiques de la minorité noire aux États-Unis. «Tout en reconnaissant le caractère mondial du racisme et de la violence policière (...), ce Conseil doit veiller à ce que le résultat de ce débat d’urgence soit axé sur les efforts visant à demander des comptes aux États-Unis», a souligné une représentante de la puissante organisation américaine de défense des droits civiques ACLU.

À Washington, les initiatives se multiplient au niveau local pour s’attaquer aux violences policières qui visent de manière disproportionnée la population afro-américaine. Après un timide décret du Président Donald Trump, les sénateurs républicains ont présenté mercredi un projet de loi qui s’attaque aux «clés d’étranglement» et à la formation des agents de police, sans toucher à la large immunité dont ils bénéficient depuis des années. Or l’absence de poursuites contre les policiers en cas d’abus est l’un des principaux griefs mis en avant par ceux qui manifestent depuis la mort de George Floyd. Donald Trump a estimé pour sa part mercredi que la police était «traitée injustement», lors d’une interview télévisée où il a semblé prendre la défense du policier d’Atlanta, Garrett Rolfe, inculpé de meurtre. «C’est une situation terrible, mais on ne peut pas résister à un policier», a déclaré le Président américain à Fox News. Pour obtenir des réformes, le frère de Floyd s’est adressé à l’ONU. «Vous avez le pouvoir de nous aider à obtenir justice», a lancé Philonise Floyd dans un message vidéo diffusé mercredi au Conseil des droits de l’Homme. Il faut mettre en place une «commission d’enquête indépendante sur les personnes noires tuées par la police aux États-Unis et sur la violence déployée contre des manifestants pacifiques», a-t-il souhaité. Sans mentionner les États-Unis, Michelle Bachelet avait dénoncé mercredi devant le Conseil «le racisme systémique» et appelé à «faire amende honorable» pour des siècles d’oppression des populations noires, avec «des excuses officielles» et des «réparations». Après une minute de silence observée pour toutes les victimes du racisme, la secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina Mohammed, avait elle relevé dans un message vidéo qu’il était de la «responsabilité» des Nations unies de répondre aux victimes de racisme. Avant l’ouverture de la réunion mercredi, une vingtaine de hauts fonctionnaires de l’ONU d’origine ou d’ascendance africaine, parmi lesquels le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avaient signé à titre personnel une déclaration estimant que «la simple condamnation des expressions et des actes de racisme ne suffit pas». 

Lisez nos e-Papers