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«Nous devons toutes et tous vivre avec le SARS-Cov-2 et intégrer les moyens de prévention dans notre quotidien»

Le Maroc vient de franchir une nouvelle étape dans sa stratégie de déconfinement. Bien que nous soyons tous impatients de revenir à notre vie d’avant la crise sanitaire, beaucoup d’entre nous craignent une deuxième vague de contamination. Dr Saïd El Kettani, médecin interniste libéral, nous fait une analyse de la situation au Maroc.

«Nous devons toutes et tous vivre avec le SARS-Cov-2 et intégrer  les moyens de prévention dans notre quotidien»

Le Matin : Quelle analyse faites-vous de l’évolution des cas de contamination au coronavirus au Maroc depuis le début du déconfinement progressif le 11 juin dernier ?
Saïd El Kettani :
Il est difficile de répondre spécifiquement à cette question. Du 2 mars au 18 juin l’évolution des cas journaliers se caractérisait par une variabilité entre les jours et une ascension régulière jusqu’au 22 avril. Par la suite, les chiffres ont évolué en vaques successives dont les sommets étaient de plus en plus bas. Les chiffres enregistrés le 19 et le 20 juin, respectivement 539 et 226 cas, sont exceptionnels. Les données concernant les foyers épidémiques (motif de découverte, signes cliniques des porteurs du virus, conditions de travail, conditions de contamination, respect des consignes de sécurité et des gestes barrières) et leur dynamique ne sont pas disponibles pour que nous puissions en faire une lecture scientifique et en tirer les conclusions adéquates. Il semble que la majorité de ces cas soient découverts à la suite d’un dépistage systématique ou lors du contrôle des contacts.  Par ailleurs, l’effet réel du déconfinement devrait être jugé à partir de 9 à 14 jours de son début (période d’apparition de la maladie...).

Si on devait comparer le taux de contamination et de décès au niveau national avec des pays comme la France et l’Italie qui nous ont précédé de plusieurs semaines, que peut-on dire ?
L’incidence cumulée des cas pour 100.000 habitants au Maroc est 24,67. Elle est respectivement en France et en Italie de 392,67 et 622,85. Donc 16 et 25 fois plus. Les courbes de l’évolution journalières des cas confirmés se ressemblent globalement. Elles différaient par un début et un pic décalés dans le temps respectivement en Italie, en France et au Maroc : 6.557 cas le 21 mars 2020, 7.578 cas le 31 mars 2020 et 281 cas le 17 avril 2020. Par ailleurs la variabilité était plus importante en France (dents de scie plus grandes).  La recrudescence actuelle observée au Maroc a déjà été observée en France au moins 2 fois, mais avec des amplitudes plus faibles (4.183 cas le 6 mai 2020 et 3.325 cas le 28 mai 2020). Le taux de létalité au Maroc est 2,37%. Il est respectivement en France et en Italie de 14,25% et 9,68%. Donc 6 et 4 fois plus. Au Maroc, la moitié des décès ont eu lieu entre la 4e et la 6e semaine. Ainsi le taux a constamment diminué il est passé de 5,8% en mars à 1% en mai. Alors que dans les 2 autres pays l’évolution des taux de létalité est presque stable.

On remarque que depuis le début du déconfinement progressif, les citoyens au niveau de la zone 1 comme au niveau de la zone 2, retrouvent petit à petit leur cours de vie normal. Beaucoup d’entre eux ne respectent pas forcément les consignes de sécurité et les gestes barrières. Est-ce que ce genre de comportement peut nous mener vers une nouvelle vague de contamination ?
Le virus est présent avec nous, il le restera pendant une période indéterminée. Vous avez constaté que pendant le déconfinement beaucoup de citoyens ne respectent pas les consignes de sécurité. On peut nous poser la question première : est-ce que pendant le confinement tous les citoyens avaient appliqué les consignes de manière efficace ? Une deuxième vague serait une nouvelle épidémie après une accalmie longue. Or ce qu’on constate, même dans d’autres pays, c’est la présence de vagues successives dont les amplitudes sont plus ou moins hautes. Les cas récemment découverts ne sont pas des malades à proprement parler. Nous ne les aurions pas découverts si les analyses n’étaient pas réalisées.

Enfin, quels conseils pouvez-vous nous donner pour éviter une nouvelle hausse des cas de contamination durant cette phase de déconfinement ?
Nous devons toutes et tous vivre avec le SARS-Cov-2 et intégrer les moyens de prévention dans notre vie quotidienne partout, mais surtout dans les espaces fermés ou contigus. Il s’agit de l’hygiène constante des mains et le risque de transmission par les gouttelettes de salive lors de la parole, l’éternuement ou la toux ! Eau et savon le plus souvent possible et chaque fois qu’on a touché un objet potentiellement contaminant. Tousser ou éternuer dans un mouchoir jetable ou au niveau du coude. Il va falloir continuer à saluer avec respect, tout en considérant que la main est un objet souillé jusqu’à preuve du contraire. Donc ne pas toucher le visage avant de la laver. Ne pas trop se rapprocher des gens, laisser une zone d’intimité et de courtoisie sociale (gestes barrières). Pendant l’hiver, utiliser de manière adéquate des masques faciaux efficaces lorsqu’on est à proximité d’une autre personne. Nous devons également installer et activer en continu l’application «Wiqaytna» et consulter le médecin traitant au moindre signe. 

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