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Quand la fatuité et la fausse solidarité motivent les dons des responsables sportifs

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En plus de coûter la vie à plusieurs milliers de victimes et d’imprimer une marque indélébile sur l’humanité entière, la pandémie du coronavirus a gelé la plus grande attraction du monde moderne : le sport. Presque plus rien dans le monde du sport ne bouge et en total respect des principes de solidarité et de pragmatisme qui marquent la pratique saine, les sportifs, les clubs et les fédérations se sont inscrits dans une vague de soutien mondiale, chaque jour un peu plus grande. Au Maroc, le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus a, tout de suite après sa création, suscité un élan de solidarité sans précédent. Les institutions et les sociétés, tous secteurs confondus, se sont empressées de mettre la main à la poche, pour soutenir l’État dans cette crise, qui nécessite des sommes colossales pour être résorbée, ou du moins limitée. La FRMF a par exemple posé un chèque de 10 millions de DH. D’autres fédérations ont suivi l’exemple et annoncé leurs contributions. Si la Fédération de football peut se permettre de verser ce montant, ses recettes provenant de sponsors publics et privés, d’autres fédérations n’ont d’autres ressources que les subventions versées par le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports, conduisant des fois à des situations aussi absurdes qu’évitables. L’exemple le plus criant est celui de la Fédération Royale marocaine de karaté, qui a annoncé jeudi 19 mars avoir contribué au Fonds à hauteur d’un million de DH. Une semaine plus tard, la même entité publie un courrier qu’elle a adressé au ministère de tutelle intitulé «demande d’inclusion des cadres et entraineurs des associations sportives parmi la liste des bénéficiaires du Fonds de gestion de la pandémie du coronavirus». Avec toute la bonne foi du monde, il est difficile de ne pas faire le lien entre les deux publications. On peut certes concéder à la FRMK la difficulté de couvrir les besoins essentiels de 900 associations sportives dont l’activité s’est brusquement arrêtée. Toutefois, la Fédération de karaté aurait pu suivre un exemple plus concret, qui est celui de la Fédération Royale marocaine de golf, qui a créé un fonds interne pour aider les personnes qui sont dans le besoin le plus pressant.
L’autre exemple criant de ce paradoxe du dirigeant du sport au Maroc nous vient de Meknès, où le comité directeur du Club Omnisports de la capitale ismaïlienne a fait appel à ses 15 sections pour des dons collectifs et/ou individuels. Il est vrai qu’en période de crise, les différends sont relégués au second plan et l’appel de la Nation prime sur toute autre considération. Or le CODM s’est vu récemment retirer l’agrément du ministère de tutelle et, pire encore, sa section football, censée drainer le plus de fonds a menacé à plusieurs reprises de renoncer à la compétition en raison de la crise financière. À quoi bon exhorter les adhérents, membres et sportifs du club historique à participer à la campagne de dons, quand la crise financière touche toutes les sections ? Il est facile aujourd’hui de crier sur les toits que c’est la faute au confinement, avec l’ambition secrète de se racheter une conduite. Sauf qu’on oublie ainsi que «charité bien ordonnée commence par soi-même». 

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