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Jouahri frappera à toutes les portes

Abdellatif Jouahri a saisi l’occasion de la réunion trimestrielle du Conseil de la Banque centrale pour exprimer ses convictions quant aux défis auxquels fait face l’économie nationale en cette période de crise du Covid-19. Il a notamment insisté sur la distinction entre le conjoncturel et le structurel dans la gestion de cette crise et appelé avec force à actionner l’écosystème du mobile banking. Le gouverneur de BAM a aussi tenu à relativiser les problèmes des créances en souffrance et des impayés induits par cette crise.

Jouahri frappera à toutes les portes
Si le patron de BAM ne trouve rien à reprocher à l’Exécutif au sujet de ses décisions pour gérer cette conjoncture inédite, il lui adresse, par contre, des recommandations sur la gestion du structurel.

• Gestion du Covid-19 : Le conjoncturel et le structurel 
La crise liée au Covid-19 est une crise inédite et multiforme et sa gestion n’est pas du tout facile. Elle pose surtout un grand dilemme quant au choix à faire entre le sauvetage des vies et le sauvetage de l’économie et impose un équilibre subtil à trouver entre les deux objectifs. C’est la conviction profonde de Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), qu’il a exprimée avec force, à l’issue de la troisième réunion trimestrielle de l’année 2020 du Conseil de BAM tenue mardi dernier en visioconférence. De ce fait, le gouverneur de la Banque centrale ne cautionne pas les vives critiques adressées au gouvernement quant aux mesures qu’il a prises pour gérer cette crise. «Je me mets à la place du gouvernement, ce n’est pas facile», lance-t-il, résumant le dilemme qui se pose entre «mourir d’anémie ou de Covid-19».  Cela dit, le patron de BAM tient à faire la distinction entre le conjoncturel et le structurel. S’il ne trouve rien à reprocher à l’Exécutif au sujet de ses décisions pour gérer cette conjoncture inédite et imprévisible, il lui adresse, par contre, des recommandations au sujet de la gestion du structurel. Il insiste pour que ce dernier soit «pensé en profondeur» pour apporter des solutions aux problèmes posés sur le long terme et bâtir la reprise et la résilience de l’économie nationale sur des bases plus solides. Et ce pour envisager avec une relative sérénité la bataille au niveau extérieur à la fois de compétitivité, de productivité, de balance des paiements, note-t-il.

• Mobile banking : «Je frapperai à toutes les portes !»
Abdellatif Jouahri se montre de plus en plus impatient pour le démarrage de l’écosystème de mobile banking. Il a exprimé cette impatience lors d’une réunion, tenue il y a un peu plus d’une semaine, du comité stratégique de l’inclusion financière qu’il préside. Et pour cause. Toutes les conditions sont désormais réunies pour passer à l’action, selon Abdellatif Jouahri. «Nous sommes à un million et demi de wallets. Sur le plan technique, tous les essais switch ont été effectués. Sur le plan institutionnel, le GIE (groupement d’intérêt économique) a été mis en place avec ses structures. Sur le plan de la mise en œuvre de l’inclusion financière, les 7 comités de travail sont mis en place», détaille-t-il et montre toute sa détermination à faire bouger ce chantier.
«Je serai là pour veiller à ce que le mobile banking soit mis en place. Je frapperai à toutes les portes pour qu’il soit opérationnel dans les meilleurs délais», lance-t-il, déplorant l’énorme perte de temps, estimée à 12 ans, dans la mise sur pied de ce mode de paiement. «J’ai une réunion avec le parlement. J’insisterai pour qu’il soit une partie prenante», ajoute-t-il, indiquant qu’il va demander aux députés des incitations fiscales «très fortes» pour encourager ce mode de paiement, au profit notamment des commerçants notamment de proximité.
Pour entamer la mise en œuvre du mobile banking, le patron de la Banque centrale propose au gouvernement de procéder à une opération pilote dans une région pilote. En clair, il suggère de tester ce nouveau mode de paiement dans la région de Casablanca et de l’appliquer au programme «Tayssir» qui porte sur les transferts monétaires conditionnels aux familles pour lutter contre la déperdition scolaire. Par ailleurs, en rappelant que l’un des objectifs du mobile banking est de limiter le cash qui présente un cout énorme à l’économie nationale, le gouverneur de BAM relève une nette montée de la circulation fiduciaire. «Sous l’effet essentiellement des transferts monétaires dans le cadre de l’opération Tadamoun et des effets saisonniers du Ramadan, des fêtes religieuses et de la période estivale, la circulation fiduciaire a connu une hausse exceptionnelle de 65,5 milliards de dirhams au cours des sept premiers mois de l’année, soit plus de trois fois et demie la hausse enregistrée pour l’ensemble de l’année 2019», note-t-il. Elle terminerait l’année en hausse de 16%, avant de retrouver un rythme qui se rapproche de son évolution historique en 2021, ajoute-t-il. Tenant compte également de l’évolution prévue des réserves de change, le déficit de liquidité bancaire se creuserait de 62,3 milliards de dirhams à fin 2019 à 82 milliards à fin 2020 et à 109,8 milliards à fin 2021, relève-t-il.

• Impayés et créances en souffrance : Le gouverneur de BAM rassure
Abdellatif Jouahri tient à relativiser les problèmes des créances en souffrance et des impayés causés par la crise du Covid-19. À rappeler que les créances en souffrance ont progressé de 14,2% au cours des sept premiers mois de cette année par rapport à la même période de l’année dernière, s’élevant à 77,15 milliards de DH, selon les statistiques de la Banque centrale. Il relève, d’abord, que ce problème n’est pas spécifique au Maroc et que les mesures de relance n’ont pas encore produit leurs effets, ce qu’il faut attendre d’ici la fin de l’année. De plus, ajoute-t-il, pour les crédits garantis par l’État, le risque pour les banques est limité.  Il a, par ailleurs, rappelé la décision de Bank Al-Maghrib de suspendre la distribution des dividendes pour les résultats de 2019, qui est une action prudentielle proactive pour faire aux situations d’impayés ou de créance en souffrance.
En outre, Abdellatif Jouahri a annoncé une réunion qu’il a va tenir en novembre avec les patrons des banques pour évoquer ces problèmes liés au paiement. Par contre, le patron de BAM relève que les impayés au niveau des crédits à la consommation chez les sociétés de financement ont connu une augmentation invraisemblable à cause du confinement. 

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