L’état d’urgence sanitaire accule les syndicats au militantisme en ligne

Symbole d’engagement et de militantisme, la célébration des festivités du premier mai est un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte. Même en période de confinement. D’autant qu’il s’agit d’une fête qui représente pour les syndicalistes une occasion pour exprimer la solidarité entre les membres de la classe ouvrière et scander des revendications sociales. En effet, les centrales syndicales ont décidé, malgré les circonstances actuelles dominées par les astreintes liées à l’état d’urgence sanitaires, de célébrer la fête des travailleurs. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elles vont faire fi de la réglementation en vigueur en matière d’état d’urgence et des restrictions l’accompagnant, notamment celles interdisant les rassemblements et autres meetings dans l’espace public. Les organisations syndicales entendent se rabattre sur l’espace public virtuel pour faire passer leurs messages, exprimer leurs positions et défendre leurs revendications. De la sorte, les syndicats ont déjà publié le mot d’ordre habituel «Nida fatih may» (appel du premier mai) qui exprime le slogan qui sera au centre des festivités de ce premier mai. Et cela même si ces festivités sont programmées pour se dérouler sur les pages des réseaux sociaux, en particulier Facebook. Chaque centrale syndicale a ainsi annoncé le programme et le déroulé de cette célébration virtuelle. L’Union marocaine du travail (UMT) a choisi, à cette fin, un mot d’ordre en lien avec le contexte actuelle, «Solidaires jusqu’à la sortie de crise». La centrale dirigée par Miloudi Moukharik prévoit de démarrer son meeting-net à partir de 13 heures avec un menu riche, qui démarre avec la lecture de la Fatiha à la mémoire des personnes décédées, avant de permettre aux membres d’écouter l’incontournable discours du 1er mai prononcé par le secrétaire général. Ce discours sera suivi par ceux d’autres membres dirigeants ainsi qu’une diffusion de «mots de solidarité» de syndicalistes installés dans d’autres pays (Bruxelles, Londres). Au menu également figure un débat mettant en avant la vision de l’UMT par rapport à l’après-crise du Covid-19 et un autre débat en lien avec la médecine du travail et l’hygiène sur les lieux du travail en relation avec le coronavirus.
De son côté, la Confédération démocratique du travail (CDT), que dirige Abdelkader Zaïr, appelle, à travers son mot d’ordre, à «la poursuite du militantisme pour la reconstruction d’un État social pouvant faire face aux crises et aux chocs futurs». Elle prévoit à travers un programme qui démarre vers midi, outre la lecture de la Fatiha et la diffusion d’un documentaire qui retrace les moments phare de l’Histoire de la CDT, un discours prononcé par le secrétaire général de la centrale. Le programme se poursuivra, dans la soirée (vers 21 heures), par un séminaire sous le thème de «La nécessité de la reconstruction de l’État social». La centrale entend ainsi défendre des secteurs clés comme la santé et l’éducation. Une autre centrale syndicale, l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), a choisi de célébrer la fête du travail sous le slogan : «Grâce au militantisme et à la solidarité, nous protégeons notre pays et préservons les droits des travailleurs marocains». Comme les autres organisations syndicales, l’UNTM prévoit la diffusion sur sa page Facebook du discours de son secrétaire général, Abdelilah Halouti. Comme il est de coutume lors des meetings annuels du premier mai, une allocution est également prévue du secrétaire général du parti allié de la centrale syndicale, le Parti de la justice et du développement, Saâd Eddine El Othmani. De son côté, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), qui n’a pas encore dévoilé les modalités de célébration du premier mai, a rendu public son appel sous le slogan «Restons solidaires». De la sorte, les centrales syndicales maintiendront la célébration des festivités du premier mai et auront l’occasion d’exprimer leurs revendications et positions par rapport la situation actuelle.