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En temps normal le 27 mars est ponctué par plusieurs événements célébrant la journée mondiale du théâtre. Cette année, les restrictions liées à la pandémie Covid-19 ont décidé autrement. On ne peut que ressentir la crise qui a frappé de plein fouet le secteur de la culture. Néanmoins, l’Institut international du théâtre (IIT) ne laisse pas passer cette date sous silence. Il a lancé un appel à tous ses membres pour la célébrer en ligne en envoyant des vidéos sur la journée mondiale du théâtre. Les messages peuvent être sur «l’enthousiasme des professionnels du théâtre et leur souhait pour le futur de ce secteur». L’objectif est d’apporter de la joie et de la lumière en ces temps difficiles.
L’IIT a aussi conservé la tradition du «message international» de la Journée mondiale du théâtre, traduit en plus de 50 langues et diffusé dans le monde entier. Cette année, son choix s’est porté sur Shahid Nadeem pour écrire le message de 2020. L’auteur dramatique pakistanais a rédigé un texte plein de symboliques sur le thème «Le théâtre comme sanctuaire» tout en rappelant le parcours de sa troupe : «L’équipe de l’Ajoka a parcouru un long et difficile chemin, littéralement de la rue au théâtre. Mais c’est aussi l’histoire de nombreuses troupes de théâtre, j’en suis sûr. Ce n’est jamais facile ni sans heurts. C’est toujours une lutte.»
Shahid Nadeem a tenu à encourager les professionnels du théâtre à créer dans toutes les circonstances. «Les défis à relever ne manquent pas, ni les contradictions à exposer et les statu quo à renverser. Ma troupe de théâtre, Ajoka, et moi-même marchons sur la corde raide depuis plus de 36 ans maintenant. C’est en effet une corde raide : maintenir l’équilibre entre le divertissement et l’éducation, entre la recherche, l’apprentissage du passé et la préparation de l’avenir, entre la libre expression créative et les confrontations aventureuses avec l’autorité, entre le théâtre socialement critique et le théâtre financièrement viable, entre le fait d’atteindre les masses et d’être à l’avant-garde. Nous pouvons dire qu’un créateur de théâtre doit être un prestidigitateur, un magicien», a-t-il écrit. Il a appelé à une reconstitution de force spirituelle pour combattre l’apathie, la léthargie, le pessimisme, la cupidité et le mépris du monde. «Le théâtre a un rôle, un rôle noble, dans la dynamisation et la mobilisation de l’humanité pour se relever de sa descente dans l’abîme. Il peut élever la scène, l’espace de représentation, en quelque chose de sacré», a-t-il souligné.
Shahid Nadeem est connu pour ses pièces audacieuses sur des sujets socialement pertinents et parfois tabous comme l’extrémisme religieux, la violence faite aux femmes, la discrimination contre les minorités, la liberté d’expression, le climat, la paix et le soufisme.
Shahid Nadeem fier par le choix de l’Institut international de théâtre
«C’est un grand honneur pour moi d’écrire le message de la Journée mondiale du théâtre 2020. C’est un sentiment d’une grande humilité, mais c’est aussi passionnant de penser que le théâtre pakistanais et le Pakistan lui-même aient été reconnus par l’ITI, l’organisme mondial de théâtre le plus influent et le plus représentatif de notre époque. Cet honneur est également un hommage à Madeeha Gauhar, icône du théâtre et fondatrice du théâtre Ajoka, également ma compagne de vie, décédée il y a deux ans.»
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Témoignage de Nabil Jebbari, producteur, auteur et metteur en scène
«L’histoire se souviendra de cette Journée mondiale du théâtre»
«Cette Journée mondiale du théâtre restera gravée dans les mémoires pendant longtemps et l’histoire s’en souviendra. Plus de deux milliards de personnes sont confinées chez elles. C’est une première.
Le monde va mal et les gens sont tristes et impactés. Les artistes le sont encore plus. Ils sont toujours les premiers touchés en temps de crise, mais contrairement à beaucoup de gens, ils ne le montrent pas. Ils essaient de rendre le sourire aux gens et d’aider leurs compatriotes. Cela dit, les artistes ne chôment pas. Ce sont les salles de spectacle et les théâtres qui sont fermés, pour le bien et la sécurité de tous. Ils ne gagnent pas d’argent certes, mais ils participent à l’effort de guerre si on peut l’appeler comme ça. Ils prouvent tous les jours leur rôle important dans la société. Dès les premières heures de cette crise, les artistes se sont montrés solidaires avec le concitoyens. Ils sont sur le théâtre des événements importants.»
