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Le mariage des mineures, ce fléau qui inquiète !

Le mariage des mineures demeure une réalité sociale «qui interpelle tout le monde». Nombreux sont les acteurs (gouvernement et associations) qui se sont engagés à construire une réflexion et un dialogue communs sur des approches efficaces afin d’éradiquer ce phénomène. C’est dans ce contexte que l’Association Droit et Justice travaille depuis plusieurs années sur cette question. Elle vient de rendre publics les résultats de son étude nationale tant attendue sur le mariage des mineures au Maroc dont voici les principaux résultats visant à approfondir et de préciser les connaissances sur ce sujet. Cette étude réalisée au niveau national fournit des statistiques sur le phénomène : tendances d’évolution ; âge des mariées mineures, nature des mariages… L’enquête nationale relative au mariage des mineures a porté sur 627 enquêtées où le rural représente le double de l’urbain avec 408 enquêtées contre 207 enquêtées pour l’urbain. Voici les principaux résultats :

Le mariage des mineures, ce fléau qui inquiète !

Les mineures mariées sont-elles satisfaites de leur nouvelle vie ?

La majorité des mineures mariées, soit 73,04%, affirme qu’elles ne sont pas satisfaites de leur vie quotidienne contre 26,96% qui affirment qu’elles le sont. Nous constatons qu’en milieu rural, les épouses mineures se plaignent moins.

Nature du mariage

Les résultats de l’enquête ont permis de relever que les mariages authentifiés sont majoritaires dans les 12 régions avec 72,76%, suivis du mariage coutumier avec la Fatiha avec 10,79% des mariages, concentrés dans les régions de Drâa-Tafilalet et Béni Mellal-Khénifra.
Malgré les efforts déployés par le gouvernement, le mariage à la Fatiha persiste avec un pourcentage non négligeable de 13,00% en milieu rural contre 6,56% en milieu urbain. Dans certaines régions, ce type de mariage représente un taux très important, égal parfois à celui du mariage authentifié, comme c’est le cas de la région de Drâa-Tafilalet ou encore celle de Dakhla-Oued Eddahab.
En milieu rural, la structure familiale reste traditionnelle et l’autorité est exercée par les hommes : pères, frères… Dans les villes, l’esprit et le mode d’organisation rural restent vivaces dans les bidonvilles, même après relogement. Cette prééminence de l’autorité masculine risque de favoriser les mariages coutumiers.
Sur le terrain, on a constaté en milieu rural, l’existence de quelques mariages par «contrats» entre des pères et des maris vivant le plus souvent à l’étranger, dans lesquels le mariage est promis contre d’importantes sommes d’argent. Mais il a été très difficile d’avoir des informations sur ce phénomène, chacun sachant que ce genre de pratique risque de tomber sous le coup de la loi et d’engager la responsabilité des partenaires.


Tendance d’évolution du mariage des mineures

Parmi les 55.379 mineurs mariés recensés en 2014, on compte 94,8% de filles. Le nombre de mineures mariées de moins de 18 a connu une courbe descendante de 12,8% durant la dernière décennie, passant de 55.379 en 2004 à 48.291 en 2014. 

Scolarisation et mariage des mineures 

Globalement, l’enquête montre qu’un peu moins de la moitié des femmes enquêtées, soit 44,37%, n’ont pas dépassé le niveau d’études primaires, plus des trois quarts, soit 75,88%, le niveau d’études du collège, alors que 24,12% ont atteint le niveau secondaire. Dans le rural, la majorité, soit 54,98%, n’a pas dépassé le niveau primaire et 79,1% celui du collège. On peut en déduire que le niveau de scolarisation est globalement très bas et que le niveau de scolarisation de celles qui ont poursuivi leurs études reste également bas.

Usage des moyens contraceptifs au niveau global

Globalement, 62,04% affirment que leurs maris les autorisent à utiliser des moyens contraceptifs et un peu plus du tiers soit 37,96% affirment le contraire. En ce qui concerne l’urbain, 67,16% affirment que leurs maris les autorisent et 32,84% qui affirment le contraire. Au niveau du rural, 59,24% affirment que leurs maris les autorisent à utiliser les moyens contraceptifs contre le tiers, soit 40,76%, qui affirment le contraire. L’examen des cas de refus des moyens contraceptifs par le mari montre qu’ils correspondent aux cas où la prise de décision en matière de choix d’avoir ou non des enfants échappe totalement à la femme.

Grossesses, accouchement, allaitement

Pour 66,16%, la décision concernant les grossesses et le nombre d’enfants est le fait du couple alors qu’elle émane de l’épouse seule pour 11,28%. Ce total de 77,44% représente le pourcentage de prise en compte de la décision de l’épouse. On peut toutefois se demander comment le consensus a pu être obtenu dans le cas majoritaire de la prise de décision par les deux conjoints.
Chez les 22,56% des enquêtées restantes, la décision en matière de grossesse et de nombre d’enfants leur échappe totalement ; elle est le fait du mari seul avec une part de 12,24% et de la famille dans la proportion de 10,32%.

Progression du niveau d’apprentissage après le mariage

En ce qui concerne l’acquisition de nouvelles connaissances, on relève qu’après le mariage, la majorité, un peu moins des deux tiers des enquêtées, n’a fait aucun progrès, ni sur le plan de l’apprentissage, ni sur le plan de l’ouverture sur le monde extérieur. Ce niveau reste lamentablement très bas et très limité, avec quelques rares exceptions au niveau des régions de Fès-Meknès et Casablanca-Settat.

L’étude rappelle quelques recommandations du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies dont principalement :

 Le développement et la mise en œuvre de politiques et stratégies nationales, en faveur de l’amélioration de la situation des jeunes filles.
 L’établissement des mesures d’orientation générale et de protection de l’enfant, toujours dans le cadre de son intérêt supérieur.
La promotion de l’accès des filles à un enseignement de qualité élevée.
La promotion de l’autonomisation économique des femmes et l’accès aux ressources productives, en vue de mieux s’attaquer aux pratiques discriminatoires à son égard.

 

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